Le face-à-face attendu au Conseil de sécurité de l'ONU n'a pas vraiment eu lieu jeudi entre l'Occident et la Russie:
Présent dans la salle pour prononcer son discours, Sergueï Lavrov, le visage fermé, n'a pas assisté aux discours des autres ministres. Cédant sa place à la table du conseil à son adjoint, il a quitté la salle après son discours, ont confirmé des sources diplomatiques.
«Il ne souhaite pas entendre», a lancé le ministre britannique des affaires étrangères James Cleverly, tandis que son homologue ukrainien Dmytro Kouleba, invité, jugeait qu'«à l'image des soldats russes sur le champ de bataille, les diplomates russes fuient, eux aussi».
Convoquée par la présidence française du Conseil de sécurité, la réunion avait pour thème la situation en Ukraine et l'«impunité» des crimes commis depuis l'invasion du pays par la Russie en février dernier.
Prenant tour à tour la parole, les ministres des affaires étrangères, à commencer par la française Catherine Colonna, ont pris à partie la Russie, dénonçant son agression de l'Ukraine et la récente escalade, dont la prochaine tenue de référendums d'annexion dans les territoires ukrainiens sous contrôle russe. «Il n'y a pas de paix sans justice», a-t-elle assuré, notant que les responsables devraient «répondre» de leurs crimes.
Antony Blinken, qui a refusé toute rencontre avec son homologue russe depuis l'invasion, a jugé essentiel qu'«aucun pays ne puisse redessiner les frontières d'un autre pays par la force».
En réponse, le ministre russe des affaires étrangères a rejeté les accusations occidentales et dénoncé «l'impunité» de Kiev:
Le conseil a pu entendre détailler nombre d'exactions commises en Ukraine. Intervenant le premier, le secrétaire général de l'ONU António Guterres a appelé à enquêter sur le «catalogue de cruautés», qui ont lieu en Ukraine.
Les rapports des services humanitaires de l'ONU mentionnent «d'exécutions sommaires, de violences sexuelles, de tortures et d'autres traitements inhumains et dégradants contre les civils et les prisonniers de guerre», a déclaré António Guterres à l'ouverture de cette réunion:
Egalement présent à cette réunion, le procureur de la Cour pénale internationale, Karim Khan, qui a ouvert une enquête en Ukraine sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité quelques jours seulement après l'invasion russe du 24 février.
«De mon point de vue, les échos de Nuremberg devraient être entendus aujourd'hui», a-t-il dit, en référence à la ville allemande où s'étaient tenus les procès contre les nazis pour crimes contre l'humanité. (ats/jch)