Plusieurs villes ukrainiennes, dont la capitale Kiev, ont été ciblées jeudi par des frappes russes. Ces bombardements ont coïncidé avec les premières chutes de neige dans un pays miné par les coupures d'électricité où les températures pourraient chuter jusqu'à -10°C.
La répétition des frappes russes depuis octobre sur les infrastructures énergétiques de l'Ukraine prive régulièrement de courant mais aussi d'eau des millions d'Ukrainiens.
Le pays dirigé par Volodomyr Zelensky avait déjà été touchée mardi par des frappes massives, qui interviennent après une nouvelle humiliante retraite des forces russes qui ont abandonné, sous pression d'une contre-offensive ukrainienne le11 novembre, le nord de la région de Kherson (sud) dont elle revendique pourtant l'annexion.
Les nouveaux bombardements de jeudi interviennent au moment où la neige a recouvert les rues de la capitale. Le gouverneur régional, Oleksiï Kouleba, avait averti la veille que la semaine à venir serait «difficile», avec des températures qui pourront descendre «jusqu'à -10°C».
A Dnipro (centre-est), 14 personnes dont une adolescente de 15 ans ont été blessées dans un bombardement, a indiqué le gouverneur régional, Valentin Reznitchenko:
Deux sites d'infrastructure ont été touchés dans cette frappe russe, selon la présidence:
L'opérateur électrique national Ukrenergo a annoncé la prolongation des coupures d'électricité pour la journée en raison de l'«aggravation de la situation»:
«Il s'agit d'une mesure nécessaire pour préserver la stabilité du système énergétique après la sixième attaque de missiles de Russes ciblée contre des installations énergétiques», a souligné le groupe en référence aux frappes russes massives de mardi.
De son côté, l'opérateur ukrainien privé DTEK a évoqué «une destruction sans précédents» subie par le système énergétique, qui «nécessite des arrêts d'urgence» imposés pour «prévenir des accidents complexes et à grande échelle sur les réseaux».
Après le retrait des forces russes de Kherson, de sinistres découvertes montrent une ampleur sans précédent des cas de torture dans la ville pendant l'occupation russe, a dénoncé un haut responsable ukrainien chargé des droits de l'Homme.
Des «dizaines de personnes» étaient «électrocutées, battues avec des tuyaux métalliques. Leurs os étaient brisés» et «les Russes ont filmé tout cela», a-t-il accusé. Dans les rues de Kherson, l'euphorie cédait parfois jeudi la place à de la frustration, avec des cohues autour de la distribution de produits de première nécessité.
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a assuré jeudi que la Russie portait la «responsabilité ultime» pour la chute meurtrière d'un missile en Pologne, qui a tué mardi deux personnes, alors qu'une enquête doit déterminer d'où celui-ci a été tiré.
La chute du missile sur le village polonais de Przewodow a fait craindre que l'Otan ne soit entraînée dans le conflit - provoquant une escalade majeure - en Ukraine, car la Pologne est protégée par un engagement de défense collective de l'Alliance atlantique.
La Russie a nié avoir tiré ce missile, Varsovie elle-même jugeant «hautement probable» qu'il s'agisse d'un projectile anti-aérien ukrainien, évoquant «un accident malheureux».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré jeudi «ne pas savoir ce qu'il s'est passé», après avoir affirmé que le projectile était «russe»:
Des experts ukrainiens sont arrivés jeudi en Pologne pour participer à l'enquête, a indiqué le chef de la diplomatie ukrainienne.
Sur le plan diplomatique et économique, l'accord permettant les exportations de céréales ukrainiennes depuis les ports d'Ukraine a été reconduit pour les quatre mois d'hiver, levant les inquiétudes sur une possible crise alimentaire mondiale. L'Initiative sur les céréales en mer Noire expirait vendredi soir à minuit.
Les quatre parties impliquées dans cet accord, la Turquie, l'Ukraine, la Russie et les Nations unies ont confirmé jeudi la poursuite de cette entente, «sans aucun changement» a précisé la diplomatie russe dans un communiqué.
L'«Initiative sur les céréales» en mer Noire a permis de sortir plus de 11 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens en quatre mois, après un long blocage des ports d'Ukraine par l'armée russe au printemps.
Le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA) a quant à elle adopté jeudi une nouvelle résolution appelant la Russie à se retirer de la centrale ukrainienne de Zaporijjia et à stopper ses actions contre les sites nucléaires, selon des sources diplomatiques. (ats/jch)