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Energies fossiles: En 100 jours de guerre, Moscou a gagné 93 milliards

En 100 jours de guerre, Moscou a gagné 96 milliards de francs (c'est beaucoup)

FILE - Steam rises from a chemical plant of the Evonik company in Wesseling, near Cologne, Germany, on April 6, 2022. Despite Germany's transition to renewable energy to fight climate change, the ...
La plupart des combustibles fossiles sont importés de Russie, surtout dans l'Union européenne (UE), comme ici en Allemagne.Image: sda
Malgré les nombreuses sanctions, le pays de Vladimir Poutine a quand même profité de la hausse mondiale des cours de l'énergie.
13.06.2022, 05:2613.06.2022, 09:22

La Russie a engrangé 93 milliards d'euros (96 milliards de francs) de revenus tirés de l'exportation d'énergies fossiles durant les 100 premiers jours de sa guerre contre l'Ukraine, dont une majorité vers l'UE, selon le rapport d'un centre de recherche indépendant publié lundi. Il épingle particulièrement la France.

Cette publication du Centre for research on energy and clean Air (Crea), basé en Finlande, survient alors que l'Ukraine presse les Occidentaux de rompre tout commerce avec la Russie pour cesser d'alimenter le trésor de guerre du Kremlin.

L'Union européenne a récemment décidé d'un embargo progressif - avec des exceptions - sur ses importations de pétrole. Le gaz russe, dont elle est très dépendante, n'est pour l'instant pas concerné:

  • L'UE a représenté 61% des importations fossiles, soit environ 57 milliards d'euros, sur les 100 premiers jours de la guerre (24 février - 3 juin);
  • Les plus gros importateurs ont été la Chine (12,6 milliards d'euros), l'Allemagne (12,1 milliards) et l'Italie (7,8 milliards);
  • Les revenus de la Russie proviennent d'abord de la vente de pétrole brut (46 milliards), suivi par le gaz acheminé par gazoducs (24 milliards), puis les produits pétroliers, le gaz naturel liquéfié (GNL) et enfin le charbon.

Est-ce que le Kremlin se fait de l'argent ou pas?

Les recettes d'exportation de la Russie baissent depuis mars, mais restent à un niveau record:

  • Le volume des importations a légèrement diminué en mai, d'environ 15% par rapport à la période précédant l'invasion, car de nombreux pays et entreprises ont évité les approvisionnements russes. La réduction de la demande et le prix réduit du pétrole russe ont coûté au pays environ 200 millions d'euros par jour en mai.
    Cependant, l'augmentation de la demande fossile a créé une aubaine: les prix moyens à l'exportation de la Russie étaient en moyenne 60% plus élevés que l'an dernier, même s'ils étaient déduits des prix internationaux.
  • La Chine a dépassé l'Allemagne en tant que premier importateur. Les importations de la Chine ont été constantes tandis que l'Allemagne a réussi à réduire légèrement ses importations de pétrole en provenance de Russie.
  • La Pologne et les Etats-Unis ont fait les plus grosses entailles dans les revenus de la Russie. La Lituanie, la Finlande et l'Estonie ont réalisé des réductions importantes en pourcentage de plus de 50%.
  • Les prix record des combustibles fossiles et la volonté de réduire la dépendance à l'égard de la Russie ont suscité une ambition accrue pour l'énergie propre et l'efficacité énergétique dans toute l'Europe, ce qui réduira efficacement l'impact de l'interdiction des importations en provenance de Russie. La diffusion des politiques nationales les plus efficaces à travers le bloc et au-delà pourrait augmenter considérablement l'impact.

Qui achète le pétrole Russe?

La manne ne s'est pas tarie, même si les exportations ont reculé en mai et que la Russie est obligée de vendre à prix bradés sur les marchés internationaux.

Si certains pays ont fait des efforts importants pour réduire leurs importations (Pologne, Finlande, Pays baltes), d'autres ont au contraire augmenté leurs achats : Chine, Inde, Emirats arabes unis ou... la France, selon le Crea.

«Tandis que l'UE envisage des sanctions plus strictes contre la Russie, la France a augmenté ses importations, pour devenir le plus gros acheteur de GNL russe dans le monde»
Lauri Myllyvirta, analyste du Crea

Il s'agit d'ailleurs d'achats au comptant et non dans le cadre de contrats de long terme, ce qui signifie que la France a décidé sciemment de recourir à l'énergie russe malgré l'invasion de l'Ukraine, estime le spécialiste.

«La France doit aligner ses actes sur ses paroles: si elle soutient véritablement l'Ukraine, elle doit mettre en place immédiatement un embargo sur les énergies fossiles russes et rapidement développer les énergies propres et les solutions d'efficacité énergétique», juge-t-il.

A noter que l'Inde est devenue un important importateur de pétrole brut russe, achetant 18% des exportations du pays. Une part importante du brut est réexportée sous forme de produits pétroliers raffinés, y compris vers les États-Unis et l'Europe, une échappatoire importante à combler.

Des Européens qui transportent les énergies?

Alors que le pétrole russe est de plus en plus expédié vers des marchés plus éloignés, une capacité de pétroliers plus importante que jamais est nécessaire. Il s'agit d'une vulnérabilité clé – des sanctions sévères contre les pétroliers transportant du brut russe limiteraient considérablement les possibilités de ce type de réacheminement des exportations russes, estime le Crea.

En avril-mai, 68% des livraisons de pétrole brut russe ont été effectuées par des navires appartenant à des sociétés européennes, britanniques et norvégiennes, les pétroliers grecs en transportant à eux seuls 43%. Pour les livraisons vers l'Inde et le Moyen-Orient, la part était encore plus élevée à 80%. 97% des pétroliers étaient assurés dans seulement trois pays, le Royaume-Uni, la Norvège et la Suède. (jah/jch/ats)

«On se réveille et le bébé n'est plus là»
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