Alors que les pays de l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis font tout pour renforcer l'Ukraine sur le champ de bataille en s'apprêtant même à livrer des avions de combat occidentaux, le premier ministre hongrois Viktor Orban joue une fois de plus les rabat-joie. «L'Ukraine n'a aucune chance de gagner la guerre», a-t-il déclaré mardi lors d'un forum économique dans la capitale qatarie Doha.
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Si l'Occident fournit plus de matériel militaire, cela ne fera qu'augmenter le nombre de morts, selon le politicien hongrois. Il appelle donc à un cessez-le-feu immédiat.
Jusqu'à présent, la Hongrie n'a pas vraiment contribué à ce que l'Ukraine puisse remporter la guerre. Elle est probablement le seul membre de l'Otan à n'avoir apporté aucun soutien militaire. Budapest n'autorise pas non plus les livraisons d'armes par son territoire. Malgré les sanctions contre la Russie, la Hongrie continue à s'approvisionner en gaz et en pétrole auprès de Moscou.
Plus encore, la Hongrie empêche activement l'UE de prendre de nouvelles sanctions. La raison: l'Ukraine a inscrit la banque hongroise OTP sur sa liste des «entreprises soutenant la guerre». Il s'agit d'une sorte de mise au pilori publique du gouvernement ukrainien sans conséquences concrètes en termes de sanctions. Des entreprises de dix autres pays occidentaux figurent également sur cette liste.
Pour la Hongrie, la mention de la banque OTP demeure néanmoins une raison suffisante d'entrer en conflit ouvert avec Kiev. Tant que la banque OTP ne sera pas retirée de la liste, la Hongrie bloquera non seulement les sanctions, mais aussi un paquet d'armes et de munitions de 500 millions d'euros de l'UE. Mardi, Orban a déclaré qu'il s'agissait d'une question de principe:
La politique d'obstruction croissante d'Orban ne provoque pas seulement la colère des alliés de l'UE, qui craignent pour leur propre crédibilité. Les relations entre Budapest et Kiev se sont également détériorées depuis longtemps. Mi-mai, le journal américain Washington Post a rapporté que le président ukrainien Volodymyr Zelensky était tellement irrité par Viktor Orban qu'il avait ouvertement envisagé de faire exploser l'oléoduc Droujba, le plus long dans le monde. Il transporte sur 4000 km du pétrole depuis le Sud-Est de la Russie vers l'Allemagne à travers l'Ukraine, la Hongrie et la Pologne.
La Hongrie serait ainsi coupée des livraisons de pétrole russe. Le ministère hongrois des Affaires étrangères a réagi avec colère en parlant de «projets hostiles» des Ukrainiens contre la souveraineté hongroise. L'explication du comportement d'Orban réside également dans le fait qu'il cherche un levier pour débloquer les milliards d'euros d'aide de l'UE pour la cohésion et la couronne. Ceux-ci sont toujours bloqués par Bruxelles en raison de lacunes dans la lutte contre la corruption et de réformes judiciaires controversées.
Dans l'urgence, la Hongrie a désormais recours à des moyens inhabituels. En début de semaine, il a été annoncé que des centaines de trafiquants emprisonnés seraient libérés à condition de quitter la Hongrie dans les 72 heures. La raison invoquée par le gouvernement est que l'hébergement des délinquants étrangers coûterait cher au contribuable hongrois. En d'autres termes, parce que l'UE ne paie pas.
L'Autriche voisine s'est montrée préoccupée par cette nouvelle et a renforcé les contrôles à la frontière. Le ministre des Affaires étrangères Alexander Schallenberg a déclaré qu'il exigeait des «explications claires» sur cette mesure, qui est diamétralement opposée à la ligne de la Hongrie contre le trafic de migrants, et a convoqué l'ambassadeur hongrois pour en discuter. (aargauerzeitung.ch)
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder