Fan de football et ex-joueur semi-professionnel, Viktor Orban ne gagne plus de matchs sur le terrain, mais en coulisses, en décrochant l'organisation de quelques-unes des compétitions les plus prestigieuses de la planète. Les Mondiaux de natation, qui ont débuté samedi dans la capitale Budapest, constituent le dernier évènement reçu en grande pompe par le Premier ministre.
The stage is set - and it’s as beautiful as ever 😍
— British Swimming (@britishswimming) June 16, 2022
The swimming programme at the @fina1908 World Championships 2022 gets underway on Saturday morning here at Budapest’s Duna Arena 🏊♂️ pic.twitter.com/ApMc3Sdwni
En deux ans, la Hongrie aura donc accueilli, outre le gratin des bassins, quatre matchs de l'Euro de football, deux Championnats du monde de judo, les demi-finales et la finale de l'Euro masculin de handball, le Giro, ainsi que les Championnats du monde d'athlétisme (2023).
Une liste impressionnante qui se veut le résultat d'une stratégie pensée dans les bureaux du nationaliste hongrois de 58 ans, récemment conforté par une quatrième victoire aux législatives. «Le sport s'apparente à un outil de soft power aux mains du Premier ministre hongrois», résume France 24.
Le même outil souvent employé par son proche allié Vladimir Poutine, dont le pays a successivement accueilli les Jeux olympiques (2014) et la Coupe du monde de football, soit les deux évènements sportifs les plus importants.
La Hongrie aussi a rêvé des JO, mais la candidature de Budapest pour l'édition 2024 avait été retirée à quelques mois de l'attribution. Une pétition du mouvement d'opposition avait recueilli plus de 266 000 signatures en faveur d'un référendum contre la candidature magyare. Mais ce n'est peut-être que partie remise.
Le pays ne manquerait pas d'infrastructures pour accueillir les épreuves. Il a déjà construit la piscine olympique (Duna Arena), une salle de sport ultramoderne (Budapest Sportarena) et un stade flambant neuf (Puskas Arena).
La Hongrie s'apprête désormais à dévoiler au monde son nouveau stade d'athlétisme (National Athletics Centre), une enceinte majestueuse de 36 000 places posée sur les rives du Danube.
«Aujourd'hui, le sport est une arme politique, résume à l'AFP Lukas Aubin, chercheur associé à l'Iris, spécialisé sur la géopolitique du sport et de la Russie. Même si ça ne marche pas tant que ça pour améliorer son image à l'étranger, c'est un outil pour légitimer son autorité, pour justifier l'importance de son régime. En Russie, l'image du président ne s'est pas consolidée à l'étranger, mais cela a fonctionné à l'intérieur.»
Le Tour d'Italie cycliste, qui avait fait escale en Hongrie durant trois jours au mois de mai dernier, s'était disputé dans un contexte géopolitique pesant, Orban refusant de condamner l'offensive militaire russe et de fournir des armes à Kiev. Une situation qui avait interpelé la communauté internationale, et ce n'était pas la première fois s'agissant du Premier ministre hongrois. L'an passé, Viktor Orban avait adopté une loi jugée «homophobe et transphobe» par Amnesty International.
Autant d'éléments qui firent dire à un journaliste français, envoyé spécial sur «la course rose» (le surnom du Tour d'Italie):
Adaptation d'un article paru sur watson le 8 mai 2022