Un enfant de deux ans, deux hommes, une femme sont mortes dans la nuit de vendredi à samedi en tentant de gagner l'Angleterre. C'est ce qu'ont annoncé samedi la préfecture du Pas-de-Calais et le parquet de Boulogne-sur-Mer.
Ces nouveaux drames migratoires dans la Manche se sont produits alors que les tentatives de traversées se sont multipliées depuis jeudi soir, en raison d'une fenêtre météorologique jugée favorable. Ils portent à 51 le nombre de personnes décédées depuis le début de l'année dans ces traversées maritimes vers l'Angleterre, selon le bilan établi par le préfet du Pas-de-Calais.
Sur une première embarcation surchargée transportant près de 90 personnes et subissant une panne de moteur, au large de Boulogne-sur-Mer, un enfant de deux ans a été récupéré inanimé et n'a pas pu être sauvé. Selon les premiers éléments, l'enfant a été «écrasé», a indiqué le procureur de la République de Boulogne.
Quatorze autre migrants ont été pris en charge, dont un adolescent de 17 ans qui a dû être hospitalisé pour des brûlures aux jambes, a précisé le préfet. Les autres passagers du canot ont souhaité continuer leur route vers l'Angleterre.
Sur une deuxième embarcation, également surchargée, «plusieurs pannes moteur ont généré des mouvements de panique» au large de Calais et des migrants sont tombés à la mer mais on pu être secourus.
Trois personnes, deux hommes et une femme d'environ 30 ans, ont ensuite été découvertes inanimées au fond de l'embarcation, «vraisemblablement écrasées, étouffées et noyées au moment des bousculades, dans les 40 cm d'eau présents au fond de l'embarcation pneumatique», selon le récit du préfet.
Sur ces trois victimes adultes, l'une est vietnamienne et deux sont d'«origine africaine», tandis que l'enfant décédé dans le premier canot est né en Allemagne d'une mère somalienne, selon le procureur, qui annonce l'ouverture de deux enquêtes distinctes.
Depuis jeudi soir, 31 tentatives de traversées ont été empêchées par les forces de l'ordre et plus de 250 migrants secourus en mer.
Une série de naufrages a fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des traversées à bord de canots pneumatiques de fortune (appelés small boats), en réponse au verrouillage de plus en plus fort des accès au tunnel sous la Manche et au port de Calais.
Elu en juillet, le gouvernement britannique du travailliste Keir Starmer a promis de s'attaquer à l'immigration illégale en augmentant le nombre d'expulsions de migrants et en luttant contre les passeurs.
Selon les autorités britanniques, les embarcations de fortune sont de plus en plus chargées, avec 52 passagers en moyenne contre seulement 13 en 2020.
Entre juin 2023 et juin 2024, 18% des personnes arrivées par ces bateaux étaient originaires d'Afghanistan, un chiffre en forte baisse, suivi de l'Iran (13%) et du Vietnam (10%). (tib/ats)