«Tous les décomptes, tous les sondages... ont montré que (le ticket) Prabowo-Gibran avait gagné en un seul tour. Cette victoire devrait être une victoire pour tous les Indonésiens», a déclaré l'ex-général, lors d'un discours prononcé dans une immense salle à Jakarta, au côté de son colistier Gibran Rakabuming Raka, fils aîné du président sortant.
Des projections placent Prabowo Subianto, grand favori avant l'élection, autour de 57% des suffrages, le plaçant ainsi en position d'être élu dès le 1er tour.
Même s'il a revendiqué la victoire pour succéder en octobre prochain à Joko Widodo à la tête de la 3e démocratie au monde, l'ex-général a indiqué qu'il attendrait le «résultat officiel» de la commission électorale, attendu pour mars.
«Nous pensons que la démocratie indonésienne fonctionne bien. Le peuple s'est déterminé, le peuple a décidé», a-t-il déclaré à des journalistes, avant d'appeler à l'unité:
«Je voudrais remercier les jeunes, qui sont des soutiens cruciaux», a-t-il aussi déclaré dans son discours, qu'il a conclu par une danse sur scène, clin d'oeil à la scène diffusée sur TikTok qui avait été virale pendant la campagne.
Bien qu'accusé d'atteintes aux droits humains sous la dictature de Suharto (1967-1998), à la fin des années 1990, cet ancien général de 72 ans devrait donc prendre les commandes de la 1ère économie d'Asie du Sud-Est, après dix ans de pouvoir de Joko Widodo, surnommé Jokowi, qui ne pouvait plus se représenter.
Le ministre de la Défense devance largement, dans l'ordre, Anies Baswedan, ancien gouverneur de Jakarta, et Ganjar Pranowo, ex-gouverneur de Java centre. «Nous attendons que le décompte de la Commission électorale soit terminé. Ne vous précipitez pas, détendez-vous, le chemin est encore long», a réagi Anies Baswedan.
Le camp Ganjar Pranowo a pour sa part dénoncé des fraudes «structurées, systématiques et massives» lors des élections, selon un porte-parole, sans fournir de preuves. Pour l'emporter au premier tour, il faut obtenir plus de 50% du total des voix et au moins un cinquième des suffrages dans plus de la moitié des provinces du pays.
«Cela dépend de quelles zones proviennent les échantillons, mais avec ce genre de chiffres, je suis relativement sûr qu'il (Prabowo Subianto) n'aura pas besoin d'un deuxième tour», a déclaré Justin Hastings, professeur de relations internationales à l'Université de Sydney. «Le soutien à Jokowi était massif. De toute évidence, il était là. L'aide sociale était distribuée par l'appareil d'État... c'est le facteur principal», a estimé Yoes Kenawas, analyste politique à l'Université catholique Atma Jaya de Jakarta.
Si une partie de la population est sensible à son discours nationaliste, la perspective de voir Prabowo Subianto accéder à la présidence a suscité des inquiétudes quant à un éventuel recul des acquis démocratiques. «Je veux avoir un leader qui perpétuera la démocratie», avait indiqué Debbie Sianturi, consultante, avant de voter à Jakarta.
Outre son président, l'Indonésie, vaste archipel de 17 000 îles, devait élire en une seule journée 580 députés et 20 000 représentants régionaux et locaux. (ats)