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Voici pourquoi l'Iran retarde sa riposte contre Israël

L'Iran fait face à une situation qui «pourrait être fatale au régime»

Après la mort d'Ismaël Haniyeh, une grande vague d'arrestations a commencé en Iran. Avant les représailles annoncées contre Israël, celles-ci servent un objectif bien précis.
08.08.2024, 06:03
Annual Army Day - Tehran Major General Mohammad Bagheri, the Chief of Staff of the Armed Forces of the Islamic Republic of Iran L and Iran s President Ebrahim Raisi attends a military parade alongside ...
Mohammad Bagheri, le chef d'Etat-major des Forces Armées de la République Islamique d'Iran (à gauche), et le président iranien Ebrahim Raisi assistent à un défilé militaire, le 17 avril 2024.Image: www.imago-images.de
MIchael Wrase, Limassol/Beyrouth / ch media
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C'était une «annonce de succès» qui, avec du recul, s'avère en fait plutôt gênante: quatre jours avant l'assassinat d'Ismaël Haniyeh, le ministre iranien des Renseignements, Seyed Esmail Khatib, avait invité des représentants des médias locaux. Le sourire aux lèvres, il a annoncé fièrement le démantèlement «d'un réseau d'intrus du Mossad». Ceux-ci auraient «assassiné certains de nos scientifiques et saboté nos principales installations».

Après l'assassinat du chef du Hamas, il faut désormais repartir à zéro. Car l'explosion mortelle de la semaine dernière dans le quartier huppé de Saadabad, au nord de Téhéran, représente une catastrophe imaginable pour les services de sécurité iraniens. Ali Vaez, directeur de l'International Crisis Group en charge de l'Iran, résume:

«L'idée que l'Iran échoue à protéger à la fois sa patrie et ses principaux alliés pourrait être fatale au régime. Car cela indique, en fait, à ses ennemis qu'ils ne peuvent certes pas renverser la République islamique, mais qu'ils peuvent la décapiter.»

Le choc est donc toujours aussi profond dans la capitale du Moyen-Orient. Selon les médias américains et saoudiens, les services secrets iraniens auraient entre-temps arrêté tous les employés de la maison d'hôtes dans laquelle Haniyeh a trouvé la mort et confisqué leurs appareils électroniques pour les analyser. De hauts responsables de l'armée et des services secrets chargés de la sécurité de Téhéran auraient également été placés en détention.

L'enquête se concentre sur les deux aéroports civils de la ville, où les équipes de sécurité passent en revue les caméras de surveillance dans les halls de départ et d'arrivée. Selon le New York Times, les services secrets iraniens partent apparemment du principe que les auteurs de l'attentat se trouvent toujours dans le pays.

Le journal conclut que ces derniers auraient déposé deux mois auparavant l'engin qui a tué Haniyeh dans la maison d'hôtes du gouvernement iranien. Les autorités du pays ont contredit cette version des faits - sans doute pour ne pas passer pour de parfaits incapables.

Téhéran continue de penser à une attaque aérienne

Un porte-parole des Gardiens de la révolution a affirmé que c'est un «projectile à courte portée avec une tête explosive d'environ sept kilogrammes, tiré depuis l'extérieur de la maison d'hôtes» qui a touché la victime.

Le représentant du Hamas en Iran, Khaled Qadoumi, a entre-temps confirmé cette annonce. Dans un entretien avec le portail d'information londonien Amwaj Media, il a déclaré:

«La chambre a été détruite de l'extérieur et non de l'intérieur»

Un drone aurait pu tirer le projectile, qui se serait écrasé exactement là où se trouvait le téléphone portable de Haniyeh, «juste à côté de sa tête». Son smartphone aurait été piégé par un logiciel espion – par le biais d'un faux message WhatsApp – pour le localiser.

Un constat qui pose un problème au régime

Aucune de ces pistes ne se vérifie pour l'heure. Ce que l'on retient, en revanche, constate le New York Times, c'est le «constat bouleversant que personne n'est vraiment en sécurité en Iran, même le jour de la prestation de serment du président, lorsque les mesures sont renforcées». Pas même le guide de la révolution Ali Khamenei, qui était particulièrement proche de Haniyeh.

In this photo released by the official website of the office of the Iranian supreme leader, Supreme Leader Ayatollah Ali Khamenei, center, leads a prayer over the coffin of Hamas leader Ismail Haniyeh ...
Le leader religieux Ali Khamenei à la cérémonie de funèbre d'Ismaël Haniyeh, jeudi dernier.Keystone

Un cercle de gardes du corps encore plus rapproché entourait l'ayatollah lors de la cérémonie funéraire du leader du Hamas vendredi. Le dirigeant a quitté les funérailles peu de temps après, visiblement déstabilisé.

Mercredi matin, immédiatement après l'attentat, Khamenei avait annoncé des représailles directes contre Israël. Les alliés des Iraniens au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen pourraient également y participer. Plus de six jours se sont écoulés depuis.

L'Iran se fait aider par la Russie

Alors qu'Israël et ses alliés se préparent à d'éventuelles frappes de missiles en provenance de la République islamique, celle-ci devrait travailler d'arrache-pied pour combler les nombreuses failles de sécurité mises au jour – et celles qui viendront probablement encore – après l'attaque ciblée contre le chef du groupe terroriste.

«Ces violations de sécurité dévastatrices exigent différentes mesures et stratégies», déclare Sasan Karimi, un analyste vivant à Téhéran, lors d'un entretien téléphonique. Impossible pour lui d'évaluer le temps nécessaire à l'Iran pour se repositionner dans ce domaine. Il reste donc à voir si le pays osera riposter sans avoir pour autant comblé ses failles. Cela pourrait déclencher un nouvel incendie dans la région.

L'Iran reçoit manifestement de l'aide de la Russie pour se redéployer. Le secrétaire du Conseil de sécurité russe chargé des exportations d'armes, Sergueï Choïgou, s'est rendu lundi à Téhéran pour intensifier la coopération stratégique avec l'Iran. Un jour plus tôt, un avion gros porteur russe avait atterri dans la capitale iranienne. Il aurait livré des radars modernes et des «systèmes de défense aérienne avancés».

(Adaptation française: Valentine Zenker)

Voilà à quoi ressemblerait la maison d’un haut dirigeant du Hamas
Video: watson
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