L'Iran a exécuté samedi en public deux hommes impliqués dans l'attaque contre un sanctuaire chiite à Chiraz, dans le sud du pays. L'attaque avait fait 13 morts en octobre dernier, selon Mizan Online, le site du pouvoir judiciaire.
Les deux hommes, dont la nationalité n'a été précisée, ont été pendus à l'aube dans une rue de Chiraz, selon cette source.
Perpétrée le 26 octobre, l'attaque, qui avait fait également 30 blessés, était parmi les plus meurtrières de ces dernières années en Iran. Elle avait été revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique (EI).
«La condamnation à mort des auteurs de l'attaque terroriste de Chah-Cheragh a été exécutée en public ce matin», a déclaré Mizan Online. Selon l'agence de presse officielle Irna, les exécutions ont eu lieu près du sanctuaire, un lieu de pèlerinage chiite très important en Iran.
Mizan Online a identifié les deux hommes exécutés comme Mohammad Ramez Rashidi et Naeem Hashem Qatali. Selon cette agence, Rashidi avait avoué avoir collaboré avec le groupe ayant mené l'attaque.
En mars, un tribunal les avait condamnés à mort après les avoir été reconnus coupables de:
Ils ont également été inculpés d'appartenance au groupe Etat islamique et de «complot contre la sécurité du pays».
Kazem Moussavi, le chef de l'autorité judiciaire de la province de Fars, dont fait partie Chiraz, avait alors déclaré qu'ils étaient directement impliqués dans l'armement, l'approvisionnement et la logistique du principal auteur de l'attaque.
Celui-ci, identifié par les médias iraniens comme étant Hamed Badakhshan, est décédé des suites de blessures subies lors de son arrestation, selon les autorités.
Trois autres accusés dans cette affaire ont été condamnés à des peines de 5, 15 et 25 ans de prison pour leur appartenance à l'EI, selon Moussavi.
En novembre, les autorités avaient déclaré que 26 «terroristes takfiris» d'Afghanistan, d'Azerbaïdjan et du Tadjikistan avaient été arrêtés en lien avec l'attaque. En Iran, pays à majorité chiite, le terme takfiri désigne généralement les djihadistes ou les partisans de l'islam sunnite radical.
L'EI a revendiqué sa première attaque en Iran en 2017 lorsque des hommes armés et des kamikazes ont attaqué le siège du Parlement à Téhéran et le mausolée de l'ayatollah Ruhollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique, tuant 17 personnes et en blessant des dizaines.
L'Iran a exécuté 582 personnes en 2022, soit plus de condamnés que tout autre pays à l'exception de la Chine, selon plusieurs ONG de défense des droits humains incluant Amnesty International.
L'attaque d'octobre dernier était intervenue plus d'un mois après que des manifestations ont éclaté dans tout l'Iran contre la mort en détention d'une jeune kurde iranienne.
Mahsa Amini, âgée de 22 ans, est décédée trois jours après son arrestation par la police des moeurs qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire strict imposant aux femmes notamment le port du voile dans la République islamique.
En octobre, le président iranien Ebrahim Raisi avait affirmé que les «émeutes», terme utilisé par les autorités pour désigner les manifestations, ouvraient la voie à des attaques «terroristes».
Début juillet, une mission d'enquête de l'ONU avait fait état de l'exécution de sept hommes en lien avec les manifestations, dénonçant notamment «des aveux obtenus sous la torture.»
Par ailleurs samedi, un médiat d'Etat a fait état de la mort de deux policiers dans l'attaque d'un commissariat à Zahedan, chef-lieu de la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est), l'une des plus pauvres régions d'Iran qui abrite une forte population sunnite.
Les quatre assaillants ont été tués durant l'attaque, a indiqué la Force Qods du corps des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un communiqué rapporté par Irna.
Le poste de la police visé est situé à proximité de la mosquée Makki, dirigée par l'influent chef religieux de la minorité musulmane sunnite de la province, Molavi Abdol Hamid.
En septembre dernier, cette zone, ainsi que d'autres endroits de Zahedan, avaient été le théâtre de plusieurs jours de violences meurtrières déclenchées après le viol présumé d'une adolescente imputé à un policier. (dal/dpa)