Des scènes de joie et de déception ont défilé sur les écrans de télévision israéliens et ont été partagées sur les médias sociaux depuis ce week-end. Il y a notamment eu la vidéo d'Ohad Mundar, 9 ans, qui se précipitait dans les bras de son père dans les couloirs d'un hôpital israélien après des semaines de détention à Gaza.
Mais il y avait aussi les images de Hila Rotem Shoshani, 13 ans, recueillie par son oncle 50 jours après son enlèvement par le Hamas. La mère de l'adolescente n'a, elle, pas été libérée samedi soir.
Pendant ce temps, dans la bande de Gaza comme en Israël, on se demande ce qu'il adviendra mardi matin, à la fin de la trêve de quatre jours initialement convenue – si elle tient jusque-là.
This is Ohad Mundar, who was a hostage with his mother in the hands of Hamas monsters in Gaza for 49 days. This is when he saw his dad again.
— Ofir Gendelman (@ofirgendelman) November 25, 2023
Imagine that it was your child and think of the 35+ Israeli kids who are still held by Hamas barbarians.
We will get all of them back. pic.twitter.com/2oHNKDx84D
Depuis vendredi, tant le Hamas que l'armée israélienne ont largement respecté le cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Jusqu'à présent, 41 otages sur un total d'environ 240 ont été libérés, dont 26 Israéliens, quatorze Thaïlandais et un Philippin. Huit de ces personnes possèdent aussi la nationalité allemande.
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Dimanche matin, les autorités israéliennes ont reçu une liste d'un troisième groupe qui devait être libéré dimanche soir. À l'heure actuelle, quatorze Israéliens et trois otages étrangers ont été remis à la Croix-Rouge dimanche soir, a déclaré un porte-parole de l'armée israélienne.
En contrepartie, Israël a libéré vendredi et samedi 39 prisonniers palestiniens, majoritairement des femmes et des enfants détenus arbitrairement sans preuve ni procès. Certains ont été accueillis en Cisjordanie palestinienne avec des slogans et des drapeaux du Hamas. Dimanche soir, 39 autres Palestiniens devaient être libérés.
La fragilité de l'accord est clairement apparue samedi, lorsque le Hamas a retardé de plusieurs heures la libération des otages. Le Hamas a notamment reproché à l'armée de ne pas laisser entrer le nombre convenu de livraisons d'aide dans le nord de la bande côtière et de tirer sur les personnes qui tentaient de regagner le Nord pendant le cessez-le-feu.
Selon les médias, Israël a menacé de lever le cessez-le-feu si les otages n'étaient pas relâchés avant minuit. Après une médiation du Qatar, le Hamas a cédé en fin de soirée. Selon les données de l'ONU, 61 camions sont entrés dimanche matin dans la partie nord de Gaza, qui était violemment disputée jusqu'au cessez-le-feu. Quatre points de distribution devraient permettre aux habitants de recevoir entre autres de l'eau, des médicaments et du matériel médical.
On ne savait pas, dans un premier temps, si le cessez-le-feu également négocié par le Qatar incluait une livraison dans le Nord. Jusqu'à présent, des rapports faisaient état de livraisons d'aide via le point de passage égyptien de Rafah vers le sud de la bande de Gaza.
Selon le bureau d'aide d'urgence de l'ONU (OCHA), 187 camions chargés de nourriture, d'eau, de médicaments, de diesel et de gaz ont traversé samedi. Selon le gouvernement égyptien, 120 camions supplémentaires avaient franchi la frontière dimanche après-midi.
Malgré les tensions, des discussions ont déjà eu lieu ce week-end sur une éventuelle prolongation de la pause des combats au-delà des quatre jours convenus. L'accord prévoit que le Hamas puisse prolonger la pause d'un jour à dix jours maximum en échange de la libération de dix otages supplémentaires à chaque fois. Ainsi, jusqu'à 100 personnes enlevées pourraient être échangées contre jusqu'à 300 Palestiniens détenus en Israël.
Pour les proches, en Israël et à Gaza, c'est une lueur d'espoir. Des négociations sont en cours sous la médiation de l'Egypte et du Qatar. Une trêve plus longue reste toutefois peu probable. Israël a déclaré à plusieurs reprises faire du démantèlement du Hamas un objectif de guerre.
Le chef de l'armée Herzl Halewi a indiqué dans un communiqué sa volonté de reprendre le combat contre le Hamas «avec détermination» dès la fin du cessez-le-feu.
On ne sait pas pour l'instant comment Israël entend poursuivre la lutte contre le Hamas compte tenu de la situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza. Selon les Nations unies, environ 1,7 des deux millions d'habitants de la bande côtière sont désormais déplacés internes.
La grande majorité se trouve actuellement dans un espace restreint au Sud et au centre du territoire. Sur la chaîne américaine CNN, le coordinateur de l'aide d'urgence de l'ONU, Martin Griffith a parlé de la «pire crise humanitaire» qu'il ait jamais vue.
Le porte-parole du Conseil de sécurité américain, John Kirby, avait déjà exhorté la semaine dernière les dirigeants israéliens à ne pas lancer d'opération dans le Sud tant qu'il n'y aurait pas de plan pour protéger la population civile. L'ONU et de nombreuses organisations d'aide avaient rejeté une «zone de sécurité» proposée par Israël dans cette partie de Gaza. Elles jugent cette zone irréaliste.
Traduit et adapté par Valentine Zenker