«Ensemble, nous vaincrons». Il n'y a guère de phrase que l'on puisse lire plus souvent en Israël en ce moment: sur les panneaux publicitaires, sur les autocollants des lampadaires, sur les graffitis.
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a toutefois averti les Israéliens en fin de semaine que cette victoire pourrait prendre plus de temps. L'armée retrouvera toutes les personnes impliquées dans le massacre du 7 octobre:
Mais alors que les soldats israéliens s'enfoncent depuis des jours dans les canyons de Gaza, la question se pose de savoir sous quelles conditions Israël peut se dire vainqueur de la guerre. Et si les dirigeants du Hamas n'appliquent pas des critères totalement différents pour parler de «victoire».
Les dirigeants israéliens ont clairement formulé leurs objectifs de guerre après l'attaque brutale du Hamas qui a fait plus de 1400 victimes, en grande partie des civils:
Dans la bande côtière, les attaques israéliennes ont tué près de 11 000 personnes, dont plus de 4400 enfants depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.
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Des quartiers entiers sont réduits en cendres. Vendredi, le Hamas et l'Organisation mondiale de la Santé ont annoncé des attaques contre l'hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza et d'autres cliniques. Des milliers de personnes y cherchent refuge. On soupçonne également la présence d'un important centre de commandement du Hamas sous le complexe.
Au vu des récentes déclarations des dirigeants du Hamas, la réaction sanglante d'Israël, avec ses terribles conséquences pour la population civile, semble être exactement ce que l'organisation terroriste avait l'intention de faire en lançant sa cruelle incursion. Il était clair que la réponse à cette attaque serait importante, a déclaré Khalil Al-Hayya, un membre du bureau politique du Hamas, au New York Times au Qatar.
Cependant, il était nécessaire de «changer toute l'équation et pas seulement de se livrer à un échange de coups». L'objectif n'a jamais été de fournir du carburant et des emplois à Gaza:
Israël s'est fixé comme objectif d'éliminer militairement et politiquement le Hamas à Gaza. Pourtant, ses combattants opèrent souvent à partir d'installations civiles telles que des mosquées et des cliniques. Ils connaissent le territoire et peuvent facilement se fondre dans la masse. Jusqu'à présent, plus de 40 soldats israéliens ont été tués depuis le début de l'offensive terrestre. Et alors qu'Israël a besoin d'un succès significatif le plus rapidement possible après le 7 octobre, le Hamas en profite au fur et à mesure que la guerre se prolonge.
Le fait est que chaque jour, la souffrance des plus de deux millions d'habitants de Gaza augmente. Parallèlement, l'acceptation internationale de la contre-attaque d'Israël diminue. Le président français Emmanuel Macron a appelé, jeudi, lors d'une conférence des donateurs à Paris, Israël à «respecter le droit et à protéger la population civile». Des inquiétudes ont également été exprimées par le général en chef des forces armées américaines, Charles Q. Brown. Plus la guerre dure, plus la victoire est difficile.
Alors qu'Israël manque de temps, le Hamas planifie à bien plus long terme. Son objectif de délégitimer l'Etat juif pourrait même survivre à une défaite militaire complète. On observe déjà une attitude de plus en plus hostile à l'égard d'Israël dans de nombreux pays arabes et dans les pays du Sud.
Les discussions sur la normalisation des relations avec l'Arabie saoudite dans le cadre des accords d'Abraham, qui ont progressé jusqu'en octobre sous la médiation des Etats-Unis, sont pour l'instant au point mort. Le ministre saoudien de l'Investissement, Khaled al-Faleh, a déclaré que cette possibilité restait «sur la table». Ce «revers» montre toutefois l'importance d'une «solution au conflit avec les Palestiniens».
Les dirigeants israéliens continuent de rejeter un cessez-le-feu sur plusieurs jours. Ils ont toutefois accepté des pauses régionales quotidiennes dans les combats pour permettre l'évacuation des civils et le transport de l'aide humanitaire. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a salué cette décision, mais a exigé davantage de concessions humanitaires.
Traduit et adapté par Nicolas Varin