«Le massacre à Rafah a fait 45 morts», selon un bilan fourni lundi par le ministère de la santé de l'administration du Hamas dans la bande de Gaza, qui fait aussi état de «249 blessés».
L'attaque, intervenue quelques heures après des tirs de roquettes sur Tel-Aviv depuis Rafah, a mis le feu à des tentes occupées par des Palestiniens dans le camp de déplacés de Barkasat.
La défense civile palestinienne a fait état de nombreux corps «carbonisés» dans l'incendie qui a ravagé le camp, géré par l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), dans le nord-ouest de Rafah.
Mohammed al-Mughayyir, un responsable de la défense civile dans la bande de Gaza, décrit un «massacre»:
«Nous venions de terminer les prières du soir. Nos enfants dormaient [...] Soudain, nous avons entendu un grand bruit et il y avait du feu tout autour de nous. Les enfants criaient. Le bruit était terrifiant. On aurait dit des éclats d'obus traversant les pièces», raconte une Palestinienne refusant d'être identifiée.
«Les images de la nuit dernière témoignent de la transformation de Rafah en enfer sur terre», a déclaré Philippe Lazzarini, chef de l'UNRWA, affirmant que certains employés de l'agence étaient portés disparus.
Dimanche, l'armée israélienne a affirmé avoir ciblé à l'aide de «munitions précises» deux hauts responsables du Hamas, «des cibles légitimes au regard du droit international». Le lendemain, elle a déclaré enquêter sur la mort de victimes civiles, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou parlant d'«accident tragique».
Le gouvernement a indiqué de son côté examiner les faits concernant ce bombardement qu'il a qualifié de «grave», assurant qu'Israël cherchait à «limiter les pertes civiles».
Le secrétaire général de l'ONU António Guterres a condamné l'attaque, soulignant que «ces horreurs doivent cesser».
L'ONU a demandé une enquête «complète et transparente» après l'attaque dans la ville surpeuplée de Rafah, où Israël a lancé des opérations au sol le 7 mai en dépit des mises en garde de la communauté internationale sur le sort des civils.
Le haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, s'est dit «horrifié», évoquant des «images horribles». «Bouleversé», Washington a appelé son allié israélien à «prendre toutes les précautions pour protéger les civils».
Le bombardement meurtrier a été dénoncé notamment par l'Union européenne (UE), l'Union africaine (UA), la France, ainsi que par l'Egypte et le Qatar, deux pays médiateurs dans les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu dans la guerre dévastatrice déclenchée il y a bientôt huit mois.
De son côté, le président français, Emmanuel Macron, s'est dit «indigné». Son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, a promis que son pays ferait «tout son possible pour que les autorités israéliennes »barbares rendent des comptes".
Le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borrell s'est dit «horrifié», tout comme la ministre canadienne des affaires étrangères Mélanie Joly, tandis que la Jordanie a fermement condamné les «crimes de guerre en cours», ajoutant que la frappe israélienne à Rafah «défie les décisions de la Cour internationale de justice (CIJ)».
L'Union africaine a dénoncé de son côté un «mépris» pour l'arrêt de la CIJ, la plus haute juridiction de l'ONU, qui avait ordonné vendredi à Israël de suspendre ses opérations à Rafah. Ces dernières ont poussé en près de trois semaines selon l'ONU quelque 800 000 personnes à la fuite.
Les représailles d'Israël, qui dit vouloir anéantir le Hamas, ont fait au moins 36 050 morts dans la bande de Gaza, essentiellement des civils, selon le ministère de la santé de l'administration Hamas dans le territoire palestinien.