C'est un missile iranien de type Falak 1 qui se serait abattu samedi soir sur un terrain de football dans la localité de Madj al-Chams, tuant douze personnes. Les victimes sont des enfants et des adolescents âgés de 10 à 20 ans.
Ils appartenaient à la communauté religieuse druze arabophone, qui vit en grande partie sur les hauteurs du Golan syrien occupé illégalement par Israël depuis 1967. Le gouvernement israélien a rendu l'organisation libanaise Hezbollah responsable de ce bain de sang.
«Le massacre», a-t-on dit à Jérusalem, «représente le franchissement de toutes les lignes rouges». Israël exercera donc immédiatement son «devoir d'autodéfense et réagira». Dans la nuit de samedi à dimanche, l'armée de l'air israélienne avait déjà attaqué des positions et des dépôts d'armes de la milice pro-iranienne dans tout le Liban.
Dimanche, vers midi, plusieurs avions de combat israéliens ont ensuite survolé à basse altitude le sud de Beyrouth, où se trouvent les principaux centres de commandement du Hezbollah. Quelques heures avant la démonstration de force israélienne, un porte-parole du Hezbollah avait nié être responsable de l'attaque à la roquette. Il a affirmé que les personnes présentes sur le terrain de football avaient été tuées par des débris de missiles antiaériens israéliens.
La «guerre totale» contre le Hezbollah, redoutée depuis des mois, va-t-elle avoir lieu? C'est la question que se sont posée les habitants de la capitale libanaise en regardant le ciel avec inquiétude, régulièrement ciblée par les missiles israéliens. Depuis des mois, on craint que les combats entre Israël et le Hezbollah ne se transforment en une nouvelle guerre généralisée, en plus de la guerre de Gaza.
De nombreux Libanais cherchent donc à se distraire, par exemple sur les plages ou dans les montagnes du pays méditerranéen. Le Liban est également confronté à la plus grave crise économique de son histoire et à une crise politique persistante.
La dénégation de Beyrouth a été commentée avec scepticisme même par les analystes de la chaîne de télévision Al Jazeera.
Optimiste, il a ajouté qu'Israël et le Hezbollah avaient tous deux le désir d'éviter «une guerre généralisée dans la région».
Pourtant, le ministre israélien de l'Economie Nir Barkat avait demandé à haute voix, lors de la cérémonie d'hommage aux douze Druzes tués, pourquoi «Beyrouth n'avait pas encore été rasée». Il a alors été réprimandé et sifflé par l'assemblée druze en deuil, a rapporté le journal israélien Yedioth Ahronoth.
Tout porte à croire que les partisans d'une ligne dure au sein du gouvernement de Benjamin Netanyahu ne parviendront pas à s'imposer pour le moment. Selon le ministère israélien des Affaires étrangères, il existe «encore une possibilité d'éviter une guerre généralisée et dévastatrice pour le Liban».
La communauté internationale doit simplement contraindre le Hezbollah à se retirer jusqu'au fleuve Litani, conformément à une résolution de l’ONU. Ce fleuve se jette dans la Méditerranée à environ 25 kilomètres au nord de la frontière israélo-libanaise. Une autre «possibilité de paix» serait un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
«Les deux fronts sont liés», a souligné dimanche à Rome un haut fonctionnaire égyptien: un cessez-le-feu à Gaza conduira inévitablement à un cessez-le-feu avec le Hezbollah. Des diplomates américains, égyptiens et qataris avaient rencontré des officiels israéliens dans la capitale italienne.
La base des négociations est un plan en plusieurs étapes du président américain Joe Biden, qui prévoit à la fin un cessez-le-feu durable et la libération de tous les otages détenus par le Hamas.
Selon les médias israéliens, Netanyahu aurait entre-temps «modifié» le plan. D'après ce plan, l'armée israélienne veut occuper «pour une durée indéterminée» des positions dans la bande de Gaza - ce qui serait probablement un «no-go» pour le Hamas et donc aussi pour le Hezbollah.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)