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«Bibi doit partir»: le gouvernement israélien vacille

La colère monte contre le pouvoir israélien

epa10776684 Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu attends the weekly cabinet meeting at the prime minister's office in Jerusalem, 30 July 2023. EPA/ABIR SULTAN / POOL
Benjamin Netanyahou.Image: EPA POOL
Le gouvernement de Benjamin Netanyahou suscite un mécontentement toujours plus grand, alors qu'un ministre a menacé de larguer une bombe atomique sur Gaza. La colère monte également parmi les familles des victimes de la terreur du Hamas.
06.11.2023, 12:0006.11.2023, 12:39
Judith Poppe / ch media
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Ils étaient de retour dans les rues, les manifestants qui ont protesté pendant plus de six mois contre le projet de restructuration de l'Etat du gouvernement israélien de droite. Mais l'attaque terroriste du Hamas début octobre a brusquement interrompu ces protestations. Elles reviennent aujourd'hui pour transmettre la colère et la douleur des événements du 7 octobre.

«Bibi doit partir», ont crié des milliers d'Israéliens devant le siège du gouvernement de Netanyahou à Jérusalem. Certains ont forcé les barrages de police. Des échauffourées ont éclaté. Des milliers de personnes se sont également rassemblées dans le centre de Tel Aviv. «Laissez-les rentrer», pouvait-on lire sur leurs pancartes. Les protestataires exigent que le retour des otages enlevés par le Hamas dans la bande de Gaza soit la priorité absolue. Peu après la fin de la manifestation, les sirènes ont hurlé, annonçant des attaques de roquettes depuis Gaza.

epa10958451 Protesters react as they call for the release of people kidnapped by Hamas during a demonstration near HaKirya base in Tel Aviv, Israel, 04 November 2023. At least 242 hostages, both Israe ...
Tel Aviv, le 4 novembre dernier.Keystone

L'issue de la guerre est plus incertaine que jamais. Malgré cela – ou justement à cause de cela – la plupart des Israéliens pensent que la fin politique de Netanyahou est imminente. Gayil Talshir, politologue à l'Université hébraïque de Jérusalem et spécialiste de l'homme fort d'Israël, n'en doute pas non plus:

«Le gouvernement ne pourra plus tenir longtemps»

Les sondages montrent que Netanyahou est tenu pour principal responsable de l'échec catastrophique du 7 octobre. La cote de popularité du gouvernement israélien est en chute libre.

En cas de nouvelles élections, le Likoud, le parti du chef du gouvernement, n'obtiendrait plus que 19 sièges sur les 120 de la Knesset. Les partis d'ultra-droite, eux, devraient se contenter de quatre ou cinq sièges, alors qu'ils en occupent actuellement quatorze.

La gauche n'est de loin pas la seule à manifester bruyamment son mécontentement. Des critiques virulentes émanent des familles des personnes tuées ou enlevées le 7 octobre. Les reproches viennent aussi des personnes évacuées de la frontière nord d'Israël par crainte d'une entrée en guerre du Hezbollah et qui ne reçoivent quasiment aucun soutien de la part du gouvernement. Non seulement elles ont assisté aux massacres, mais elles doivent désormais se débrouiller seules.

Les alliés de Netanyahou se détournent de lui

Et la colère gronde également au sein des propres rangs de Netanyahou. Le 1ᵉʳ novembre, le président d'un conseil régional dont le territoire est limitrophe de la bande de Gaza a démissionné publiquement du Likoud et a appelé d'autres membres du parti à l'imiter. L'aide aux personnes évacuées des localités proches de la bande de Gaza se base jusqu'à présent sur des dons et sur le soutien d'organisations privées. Rien donc de la part du gouvernement – un soutien de l'Etat n'est pas à l'ordre du jour.

La politologue Gayil Talshir s'attend à une déroute très prochaine du gouvernement, dès que la situation à Gaza se stabilisera d'une manière ou d'une autre – et à condition que le Hezbollah n'entre pas en guerre. Elle part du principe que ceux qui oeuvrent au parlement pour un changement de gouvernement n'attendront pas la fin de la guerre. On pourrait imaginer le renversement du pouvoir par un vote de défiance.

Mais selon Gayil Talshir, les protestations pourraient devenir si violentes qu'elles forceraient littéralement Netanyahou à quitter son poste – même si une démission volontaire reste difficilement imaginable. Reste donc une dernière option: Netanyahou pourrait éventuellement éviter une peine de prison grâce à un accord lié à la procédure judiciaire.

Forte pression américaine

Et la pression ne s'accroît pas seulement sur le plan de la politique intérieure. Le président américain Joe Biden aurait demandé à Netanyahou, lors de leur dernier entretien, de réfléchir aux leçons à transmettre à son successeur. Le temps du premier ministre est compté.

Les Etats-Unis ont intérêt à rétablir la stabilité au Proche-Orient et à repousser l'influence de l'Iran et de la Russie. Un accord de normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël constituerait une étape importante dans ce sens.

L'Arabie saoudite y a mis un terme une semaine après le début de la guerre. Il est de plus en plus clair qu'avec le gouvernement d'extrême droite de Netanyahou, les étapes d'un apaisement ne peuvent pas être franchies. Dimanche, le membre du cabinet d'extrême droite Amihai Eliyahu a provoqué l'indignation internationale en déclarant à la radio israélienne qu'il étudiait l'option de la bombe atomique sur Gaza. Netanyahou a immédiatement suspendu Eliyahu de toutes les réunions du gouvernement jusqu'à nouvel ordre.

Selon les sondages, cette perte de vitesse de l'extrême droite profite à un homme en particulier: le centriste Benny Gantz.

Benny Gantz.
Benny Gantz.Keystone

Traduit par Valentine Zenker

Gaza après les bombes
Video: watson
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