Le «Déluge d'Al-Aqsa» du Hamas a convoqué l'«Epée de fer», la riposte sanglante d'Israël et un état de siège de Gaza. Israël a vécu un week-end cauchemardesque. Un drame qui démarre avec un système de défense dépassé par les événements, qui s'est fissuré sous les milliers de roquettes. Ghassan Alian, le chef de l’organe du ministère de la Défense israélien rappelait dans une vidéo officielle que le Hamas avait ouvert «les portes de l'enfer».
50 ans après la Guerre de Kippour, Israël a été attaquée frontalement par une armée du Hamas considérée plus faible, mais déterminée. Et l'Etat hébreux, réputé pour être une forteresse imprenable, à la pointe concernant les équipements militaires et de surveillance, a lamentablement sombré.
Symbole de cet échec, le «Dôme de fer» israélien censé protéger le pays des bombardements. Le Hamas semble avoir adopté une stratégie de saturation du système de défense israélien en lançant de nombreux missiles simultanément. Une méthode déjà employée en mai 2021, qui consiste à arroser de roquettes l'adversaire pour déborder le «Dôme de fer» israélien.
Le «Dôme» est censé détruire 97% des projectiles, mais il ne peut pas tout neutraliser. Lors de la précédente agression, en mai, seulement 24 projectiles sur une centaine tirée simultanément depuis la bande de Gaza ont pu être interceptés. Ce week-end, rebelote: le groupe terroriste a utilisé la même méthode, mais avec une plus forte densité.
Les pluies de roquettes qui se sont abattues ont poussé les civils à se retrancher dans des abris en urgence. Mais il n'y a pas que dans les airs que la défense israélienne a échoué. Les pelleteuses et les «parapentes motorisés» ont causé le chaos total à la frontière. Israël recense des morts par centaines et de très nombreux otages.
Les services de renseignement ont visiblement ignoré les signaux. Un responsable du Caire affirme qu'Israël s'est concentré sur la Cisjordanie plutôt que sur Gaza. Ce responsable égyptien parle même d'avertissements répétés concernant les desseins du groupe terroriste basé à Gaza, qui préparait «quelque chose de grand».
Ces propos relayés par l'Associated Press font échos à la facilité des combattants du Hamas à percer les lignes israéliennes, à débarquer avec des Toyota remplies de membres du Hamas qui tirent sur tout ce qui bouge.
Un problème relevé par différents médias serait le retrait des troupes israéliennes dans la bande de Gaza. Une absence sur le terrain comblée par une présence technologique accrue. Le gouvernement de Benjamin Netanyahu prétendait connaître l'emplacement exact des dirigeants du Hamas. Aussi, Israël avait connaissance des tunnels souterrains utilisés par le Hamas pour les transferts des combattants et des armes.
Malgré ses connaissances, Israël est passée à côté de cette attaque. Amir Avivi, un général israélien à la retraite, soulignait que «l’autre camp a appris à gérer la domination technologique et a cessé d’utiliser des technologies qui pourraient la révéler.»
Les combattants du Hamas sont revenus «à l'âge de pierre», selon Avivi, et ont réussi à opérer en sous-main, sans que les forces israéliennes n'arrivent à capter les informations.
Times of Israel avance aussi un autre problème: le projet de réforme judiciaire de Netanyahu. Cette mesure qui a fortement divisé le pays a, semble-t-il, fragilisé la cohésion des services de sécurité du pays. Des sources anonymes évoquaient dans les médias du pays que les querelles internes ont été un facteur aggravant, contribuant à cet échec colossal.
Mais bombarder le «Dôme de fer» à répétition demande un stock important de munitions. Le Hamas peut-il maintenir cette stratégie sur la durée ou va-t-il rapidement manquer d'armes? Selon les spécialistes, le groupe palestinien pourra continuer ses frappes pendant un moment.
Aidé par plusieurs puissances étrangères (spécialement par l'Iran), le groupe a constitué ce stock depuis des mois, tout en fabriquant des engins avec quelques bouts de ficelles. Des roquettes artisanales conçues avec des tuyaux de canalisation coûtent moins d'une centaine de dollars pièce.
Une différence de taille avec les équipements israéliens, usant de missiles intercepteurs à 50 000 dollars l'unité - pour optimiser les tirs, une IA calcule les trajectoires pour cibler les roquettes qui pourraient toucher des zones habitées. Un système qui a coûté des milliards à l'Etat hébreu et l'entreprise Rafael Advanced Defense Systems, dont 200 millions proviennent des Etats-Unis. Malgré cette technologie ultramoderne, le Hamas a réussi à faire de gros dégâts sur le territoire israélien.