Pourquoi Biden freine l'offensive d'Israël
Ils n'attendent que l'ordre de déploiement: des dizaines de milliers de soldats de l'armée israélienne sont postés depuis des jours à la frontière de la bande de Gaza, prêts à intervenir. Pourtant, ils n'ont toujours pas reçu de feu vert. Pour Yonatan Touval, analyste politique en chef à Mitvim, l'Institut israélien des relations extérieures régionales, trois raisons peuvent expliquer ce moment de latence.
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- D'abord, les Israéliens ne sauraient pas quoi faire de la bande de Gaza après une destruction du Hamas. Comme le gouvernement et l'armée l'ont souligné à plusieurs reprises ces derniers jours, Israël ne souhaite pas occuper le territoire à long terme.
- Deuxièmement, Israël nourrirait «une grande inquiétude pour le sort des plus de 200 prisonniers dans la bande de Gaza». Il serait beaucoup plus avantageux d'obtenir leur libération par un échange de prisonniers avant que l'arrivée de l'armée.
- La troisième raison, en revanche, n'est pas totalement du ressort d'Israël. Selon l'expert, ce sont les Américains qui auraient demandé à leur allié d'attendre «qu'ils aient terminé leurs propres préparatifs militaires», «en prévision d'une possible escalade dans toute la région». Une éventualité qui pourrait menacer les intérêts américains dans le golfe Persique et en Irak.
Une «possible escalade»
Pour appel, en réaction à l'attaque du Hamas du 7 octobre, le gouvernement du président Joe Biden avait fait parvenir dans la foulée une véritable armada de navires de guerre dans la région, dont deux de ses armes les plus puissantes: les deux porte-avions «USS Gerald R. Ford» et «USS Eisenhower».
Que signifierait précisément une telle «escalade»? Concrètement, selon l'analyste politique, cela se traduirait par davantage d'attaques du Hezbollah depuis le Liban contre Israël, une augmentation de la violence entre les Israéliens juifs et arabes, plus d'agitation en Cisjordanie et des attaques contre les intérêts américains dans toute la région.
Les conséquences pourraient être gravissimes. Dans le pire des cas, mener à une guerre totale entre Israël et le Hezbollah, avec des conséquences dévastatrices pour Israël et le Liban.
Yonatan Touval n'exclut pas la possibilité d'une confrontation militaire directe entre l'Iran d'une part, et Israël et les Etats-Unis d'autre part. Sans oublier que la situation politique en Jordanie et dans d'autres Etats arabes est instable et risque de s'empirer.
Un «cauchemar» logistique
Dans le cas d'un affrontement direct avec le Hezbollah, l'expert estime que les Etats-Unis feraient face à un véritable «cauchemar logistique». En effet, une évacuation massive des ressortissants américains du Liban et d'autres pays du Moyen-Orient serait un défi organisationnel d'une ampleur sans précédent.
Mais quel qu'en soit le prix à payer, Yonatan Touval juge que les conséquences d'une guerre avec le Hezbollah, et même avec l'Iran, seraient surmontables à long terme pour Israël. La plus grande menace pour le pays à l'heure actuelle, selon lui, est la violence intercommunautaire entre Juifs et Arabes israéliens: «Celle-ci aura un impact massif sur le tissu social dans les années à venir».
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci