L'attaque du Hamas, samedi 7 octobre au petit matin, et la riposte israélienne qui a suivi, ont fait de nombreuses victimes, dans tous les camps, et notamment parmi les civils. Le Hamas a profité de la situation chaotique, qu'il a nommée le «déluge d'Al-Aqsa», pour ramener des otages dans la bande de Gaza, tandis que d'autres sont retenus en Israël. Le mouvement islamiste palestinien a déclaré avoir capturé des dizaines d'officiers et soldats israéliens, qui seraient «cachés en lieux sûrs» selon un porte-parole du Hamas.
Certaines vidéos circulant sur les réseaux sociaux, dont certaines ont été identifiées, montrent par ailleurs la capture de civils. Selon le journal français Libération, la moitié des otages civils seraient des festivaliers du rassemblement techno Tribe of Nova, dans le désert, où par ailleurs 250 corps sans vie ont été découverts.
Le nombre des otages n'est pas certain; le Jerusalem Post faisait état dimanche de 750 disparus, sans que l'on sache à ce stade si les civils introuvables ont pris la fuite, sont morts ou ont été enlevés. L'état-major israélien confirme la prise d'otage et annonce qu'il y en aurait un «nombre substantiel». Selon l'ambassadeur Raphaël Morav, chargé d'affaires pour Israël en France interrogé samedi par franceinfo, ce sont plus de 150 personnes qui ont été capturées. Sur Facebook, le gouvernement israélien annonçait dimanche «plus de 100 personnes enlevées». Des prises d'otages qui visent plusieurs objectifs pour le Hamas.
Samedi, au lendemain du 50e anniversaire de la guerre du Kippour, l'attaque du Hamas a été aérienne, terrestre et maritime. Un effet de surprise face aux renseignements israéliens, parmi les plus puissants du monde. Une «défaillance» reconnue par l'ambassadeur Raphaël Morav, chargé d'affaires pour Israël en France, samedi sur le plateau du 19/20 info de franceinfo:
La prise d'otages sur le territoire israélien permet au mouvement islamiste palestinien de frapper l'Etat hébreu en plein cœur. Doit-on y voir la destruction du mythe de l'invulnérabilité d'Israël? Toujours sur le plateau de franceinfo, Gideon Kouts, journaliste et professeur de Civilisation et communication juives et hébraïques, s'est exprimé sur cette question:
Les otages permettent aussi au Hamas de faire pression sur Israël pour faire libérer ses propres prisonniers, qui seraient environ 4500. Une stratégie qui a fait ses preuves par le passé: en 2011, l'Etat hébreu avait libéré 1027 prisonniers en échange de Gilad Chalit, un Franco-israélien et sergent dans l'armée israélienne, capturé le 25 juin 2006 et retenu dans la bande de Gaza pendant cinq ans. En 2004, ce sont 400 prisonniers qui avaient été échangés contre un soldat israélien capturé par le Front populaire de libération de la Palestine. Citons encore la libération en 1996 de 1050 Palestiniens contre deux soldats israéliens.
Auprès de la chaîne tv Al Jazeera, Saleh Al Arouri, un dirigeant du Hamas, a déclaré que le Hamas détenait suffisamment de prisonniers pour contraindre Israël à libérer tous les détenus palestiniens. La prise d'otages permet aussi une médiatisation hors norme à l'international, d'autant plus que des ressortissants étrangers figurent parmi les captifs. Michael Herzog, ambassadeur israélien aux Etats-Unis, a indiqué dimanche que des Américains faisaient partie des otages. Interrogé sur leur sort par la chaîne CBS, l'ambassadeur a répondu comprendre qu'il y en a, «mais je n'ai pas de détails». Des Allemands figureraient aussi sur la liste des otages.
D'autres pays comptent eux aussi des otages. On peut citer la Thaïlande, qui a vu onze de ses ressortissants capturés, tandis que douze autres Thaïlandais ont été tués selon la porte-parole du ministère des affaires étrangères thaïlandais, Kanchana Patarachoke.
Selon le correspondant de Radio France à Jérusalem, qui cite une source diplomatique, sept ressortissants français sont toujours portés disparus ce lundi, sans que l'on sache s'ils ont été faits prisonniers, s'ils ont fui ou s'ils ont été tués. Dimanche, la ministre des Affaires étrangères mexicaines déclarait que deux Mexicains sont «présumés» otages.
La riposte israélienne sur la bande de Gaza est délicate puisque des otages y ont été emmenés, sans que l'on sache où exactement. C'est ce que souligne Raphaël Morav sur franceinfo:
Des «boucliers humains», dont certains auraient déjà péri dans des frappes israéliennes contre Gaza: c'est ce qu'assure Abou Oubaïda, porte-parole de la branche armée du mouvement palestinien. Sur Telegram, le Hamas annonce la mort de quatre otages israéliens et de leurs ravisseurs. L'information, rapportée par l'agence Reuters, n'a pour l'heure pas été confirmée.
À travers le monde, de nombreux gouvernements ont condamné l'attaque du Hamas et réclamé la libération des otages. Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, a dénoncé l'enlèvement de civils et réclamé lui aussi leur remise en liberté:
Pour rappel, l'enlèvement de civils et la prise d'otages sont interdits par le droit international et peuvent constituer des crimes de guerre.