«Ce sera une guerre meurtrière, intense et précise», a annoncé mercredi dernier le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, entouré de ses soldats. Les experts militaires s'attendaient à ce que Tsahal démarre son offensive terrestre contre Gaza à ce moment.
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Mais rien n'a bougé. Alors que le Hamas a lancé son attaque contre les kibboutzim entourant la bande de Gaza il y a bientôt deux semaines, la grande opération annoncée par les autorités israéliennes n'a toujours pas commencé. Plusieurs éléments peuvent expliquer ce retard.
L'invasion était initialement prévue pour le week-end dernier, mais elle a été retardée de quelques jours, affirme le New York Times citant trois officiers israéliens. En cause, les conditions météo, qui auraient rendu plus difficile pour les pilotes et les opérateurs de drones de Tsahal de fournir une couverture aérienne aux forces terrestres.
Deux jours plus tard, alors que l'armée israélienne semblait définitivement prête à passer à l'action, le président américain a annoncé sa venue dans la région. La date exacte de son arrivée étant restée secrète, les forces israéliennes ont dû à nouveau prendre leur mal en patience.
De plus, Joe Biden a mis en garde le gouvernement israélien contre les conséquences d'une offensive de grande envergure. «Ne vous laissez pas dévorer par votre colère», a-t-il dit textuellement mercredi, rappelant à Netanyahou les erreurs américaines commises après les attentats terroristes du 11 septembre.
La situation s'est ultérieurement compliquée pour l'armée israélienne après l'explosion d'une roquette dans l'hôpital palestinien Al Ahli Arab, qui a fait encore monter le niveau de tension. Israël et les Hamas s'accusent mutuellement d'être à l'origine de la détonation et remettent en cause la bilan du drame avancé par l'autre partie.
Des raisons d'ordre purement militaire expliquent également la situation. Gaza est un territoire très densément peuplé: l'attaquer par voie terrestre comporte des difficultés, et Israël ne peut pas se permettre d'aller trop vite. D'autant plus que Tsahal n’a plus mené de telles opérations depuis la troisième guerre de Gaza, en 2014, remarque le Figaro.
«Il existe une prise de conscience croissante au sein de l’armée et au niveau politique que Tsahal aurait tort de se précipiter dans le seul but d’assouvir rapidement la soif de vengeance de la population», déclarait, lundi, le Jerusalem Post.
Israël a certes rappelé quelque 350 000 réservistes, mais ceux-ci doivent être armés, leur formation doit être complétée. Ce qui prend également du temps.
Autre élément important, poursuit le Figaro: le Hamas s'attend à une attaque terrestre de la part d'Israël. Le mouvement islamiste a attaqué l'Etat hébreu en sachant pertinemment que ce dernier allait riposter par une opération au sol.
Autrement dit, l'armée israélienne ne pourra pas compter sur l'effet surprise. Elle doit étudier comment surprendre le Hamas, sans se jeter avec précipitation dans la gueule du loup.
Le risque existe désormais que l'armée israélienne perde ce que l'on appelle son «élan». C'est-à-dire la motivation qui existait parmi les soldats lorsqu'ils ont été appelés à prendre les armes après les terribles attentats terroristes du Hamas il y a deux semaines.
L'attente use. C'est d'autant plus vrai pour les soldats lorsqu'il s'agit de donner l'ordre de lancer une offensive de grande envergure, dans laquelle il est aussi question de survie pour Israël.
Traduit et adapté par Noëline Flippe