Horreur à Gaza, mardi soir dernier: une explosion provoque la panique sur le parking de l'hôpital Ahli Arab, dans le nord de Gaza. Des images montrent des enfants en pleurs, aspergés de poussière et de sang, tandis que les secouristes s'affairent avec les blessés. De nombreux Gazaouites s'étaient réfugiés dans cet hôpital, ce qui laisse craindre un lourd bilan humain.
L'Etat palestinien a immédiatement dénoncé une frappe israélienne, suivie par de nombreux pays arabes. Le ministère de la Santé à Gaza, contrôlé par le Hamas, a annoncé mercredi après-midi 471 morts et 314 blessés.
Dans les heures qui suivent, Israël dément catégoriquement être à l'origine du tir. Selon lui, il s'agit du départ raté d'un missile du groupe Jihad islamique qui est à l'origine de l'explosion. Celui-ci nie toute responsabilité.
De plus, l'Etat hébreu estime que le bilan est surévalué «à des fins de propagande». Pendant ce temps-là, la colère gronde en Palestine et dans les pays arabes.
Mercredi, les choses tournent. Un responsable d'un service de renseignement d'un des pays de l'UE a déclaré à l'Agence France-Presse (AFP) que le nombre de morts serait hautement surévalué. Selon ce responsable, qui a désiré parler sous le couvert de l'anonymat, le nombre de victimes ne serait «que» de quelques dizaines.
Il n'en fallait pas plus pour que tous les médias reprennent l'information. Selon cette même source, qui évoque des «pistes sérieuses», Israël ne serait pas à l'origine du tir et privilégie aussi l'hypothèse selon laquelle il s'agit d'un missile tiré par le Jihad islamique. Initialement destiné à frapper Israël, celui-ci aurait dysfonctionné peu après le décollage et se serait écrasé sur l'hôpital.
C'est aussi l'hypothèse privilégiée par Joe Biden. Selon des officiels américains, qui ont analysé des données satellites, de communications interceptées et de l'information open source, Israël ne serait pas responsable, raconte CNN. Pour le renseignement américain, le Jihad islamique lui-même ne serait toutefois pas au clair avec les évènements et mènerait l'enquête, ce qui laisse à penser qu'il s'agit d'un accident avec une roquette artisanale.
Les Forces de défense israéliennes assurent également avoir intercepté une conversation entre deux soldats du Hamas dans laquelle ceux-ci évoquent une zone de lancement de roquettes dans un cimetière, à côté d'un hôpital.
Autre argument avancé par la source européenne: «le bâtiment n'a pas été détruit». «Il avait probablement été évacué précédemment, comme tout un tas d’hôpitaux situés dans le nord de Gaza». Un chirurgien qui officiait dans l'hôpital témoigne:
«Nous avons tout de suite pensé que c'était à l'extérieur parce que nous ne pensions pas qu'ils bombarderaient l'hôpital», dit ce chirurgien orthopédique. Puis le médecin évoque la panique, les cris et des gens qui étaient amenés à l'intérieur pour être sauvés.
La question du cratère est également posée. Selon les Forces de défense israélienne, les missiles de Tsahal, beaucoup plus puissants, créent un large cratère qui n'est pas présent sur les images.
Après la frappe, la conversation du Hamas interceptée évoque une conversion dans laquelle les soldats discutent de la nature des débris retrouvés autour de la zone de l'explosion. «Ce sont des shrapnels palestiniens, pas israéliens» aurait dit l'un d'entre eux.