Giorgia Meloni. Une sacrée nana. Dommage qu’elle soit d’extrême droite, doit regretter la gauche italienne. Un tempérament de feu. Face à elle, les mecs n'en mènent probablement pas large. Première femme à accéder – ce n’est pas encore fait – au Palais Chighi, siège de la présidence du Conseil des ministres, résidence des chefs de gouvernement.
Première femme, aussi, poussée par un drôle de féminisme où se retrouvent les acquis de la cause des femmes et leurs exacts contraires. Un féminisme réactionnaire, qui lui fait condamner, sinon militer contre l’avortement et pour l’enterrement des fœtus après IVG. «Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis italienne, je suis chrétienne et vous ne me l'enlèverez pas!», s’était-elle exclamée à l’automne 2019 lors d’un meeting romain. Remixée façon rap, la punchline (une anaphore) était devenue un tube très rentre-dedans.
Son parti à la flamme (héritée du fascisme italien), Fratelli d’Italia, est arrivé largement en tête aux élections parlementaires de dimanche. Il récolterait entre 25% et 29% des voix. La coalition de droite, dont elle est aujourd’hui la cheffe incontestable, avec, à ses côtés, Silvio Berlusconi (Forza Italia, 9%) et Matteo Salvini (La Lega, 8%), devrait former le prochain gouvernement et succéder au cabinet Draghi. L’ex-gouverneur de la Banque d’Italie, l’ex-président de la Banque centrale européenne, autour duquel s’était formée une coalition mêlant l’huile et l'eau.
Elle a tant la fougue d’une Gianna Nannini. Pourtant, politiquement, rien de commun avec la rockeuse italienne des années 1990, fille d’un célèbre pâtissier siennois, devenue mère à 56 ans, en couple avec une femme, icône des LGBT, ce pôle sociétal qui s’inquiète de la percée de l’extrême-droite. Et contre lequel Giorgia Meloni a fait campagne, au nom de Dieu, de la famille et de la patrie, slogan tradi s’il en est. Pour Meloni, Nannini est une bobo de gauche. Pour Nannini, Meloni est une facho.
Comme beaucoup de ses partisans – elle ressemble en cela à Eric Zemmour et son parti Reconquête –, son christianisme est identitaire, adossé à une vision «ethnoculturelle» de la société italienne, «hostile à l’immigration et à la religion musulmane», relevait le politologue et spécialiste de l’Italie Marc Lazar, dans une interview à watson.
Son adolescence fut celle des idées fascistes. Dans les années 1990, elle disait du bien de Mussolini. Aujourd’hui, pour elle, le fascisme, c’est de l’histoire ancienne dont il n’y a pas lieu de faire tout un plat. Elle prétend avoir tourné la page, mais dans sa base, elle garde des nostalgiques du duce et du fascisme.
Hormis cette appétence pour les idées traditionalistes et ses déclarations énamourées à son pays auquel il faudrait rendre sa fierté perdue, Giorgia Meloni semble eurocompatible. Contrairement à son partenaire de La Lega Matteo Salvini, pro-Poutine, elle a choisi le camp de l’Ukraine et de l’Otan. Elle est favorable à l’envoi d’armes aux Ukrainiens. En économie, si, là aussi, elle entend redonner des couleurs à son pays, elle n’est pas partisane d’une baisse d’impôts à tout prix, contrairement aux autres partis de la coalition de droite qui ont fait campagne, entre autres, sur ce thème.
Giorgia Meloni s'apprête à diriger l'Italie.