International
Italie

Elections en Italie: voici ce que disent les sondages

Elections Italie 25 septembre Meloni Salvini Letta Berlusconi Conte
Giorgia Meloni peut avoir le sourire: son parti est crédité de 25% des intentions de vote.keystone (montage watson)

Les Italiens aux urnes ce dimanche: qui sont les acteurs des élections?

Ce dimanche, les Italiens se rendent (aussi) aux urnes. La droite et l'extrême-droite sont en position de force, mais la gauche reste stable et le centre pourrait surprendre. Comment le Mouvement 5 étoiles va-t-il s'en sortir? Retour sur les chiffres du dernier sondage.
24.09.2022, 07:5826.09.2022, 17:39
Plus de «International»

Ce 25 septembre, les Italiens se rendent aux urnes pour des élections législatives mouvementées et turbulentes. Selon toute vraisemblance, la coalition de droite devrait l'emporter, même si la gauche pourrait faire un bon score et le centre, surprendre.

Si l'on a beaucoup parlé de la bouillonnante Giorgia Meloni, sorte de Marine Le Pen smart et populaire, qui compte remplacer Matteo Salvini dans le cœur des votants de la droite populiste et contestataire, qu'en est-il des autres partis?

Petit tour d'horizon avec Federico Grandesso, journaliste indépendant, correspondant à Bruxelles pour le média en ligne New Europe et fin connaisseur du panorama politique italien.

La dynamique des partis

Après la démission de Mario Draghi et la dissolution du Parlement en juillet dernier, sur fond de crise politique, les Italiens ont été appelés pour des élections législatives anticipées pour élire les députés de la Chambre des députés (basse) et ceux du Sénat (chambre haute).

Concentrons-nous sur les projections de la Chambre des députés. Pour l'heure, les sondages indiquent, selon les chiffres en date du 9 septembre fournis par le site Politico.eu:

  • Une victoire de la droite, qui mènerait avec 46% des votes
  • Suivie de la gauche à 28%
  • Du parti antisystème Mouvement 5 étoiles à 13%
  • ... et des centristes, à 7%

Le 14 août dernier était la date limite pour l'établissement de coalitions gouvernementales, qui avancent depuis en rangs serrés. Celles-ci sont composées de différents partis et parfois, d'alliances composées elles-mêmes de partis.

La répartition au Parlement, comment ça fonctionne?

Le système de scrutin (à un tour) pour l'élection des deux chambres est un peu particulier. Car la répartition des sièges est régie par un système double:

  • Environ deux tiers des sièges sont élus à la proportionnelle
  • Environ un tiers des sièges sont élus au scrutin majoritaire, de manière nominale

La Chambre des députés compte 630 sièges et le Sénat 315. Pour faire élire un candidat au scrutin proportionnel, son parti doit avoir au minimum 4% des votes. Cependant, n'importe quel candidat peut être élu au scrutin majoritaire.

Si le scrutin à la proportionnelle d'élire facilement des candidats présents sur des listes, le scrutin majoritaire favorise plutôt des personnalités fortes, des candidats de partis bien implantés régionalement ou au carnet d'adresse bien fourni. Cela force aussi les partis à envoyer leurs candidats sur le terrain et rencontrer les votants.

Coalition de centre-droit — 46%

La coalition de centre-droit aurait tout aussi bien pu s'appeler «coalition de droite». Elle est composée de plusieurs partis phares de la politique italienne ou en ascension fulgurante:

  • Forza Italia, avec à sa tête Silvio Berlusconi — 7%
  • La Ligue (Lega), avec à sa tête Matteo Salvini — 13%
  • Frères d'Italie (Fratelli d'Italia), avec à sa tête Giorgia Meloni — 25%
  • La coalition compte encore deux micro-partis, Nous avec l'Italie (Noi con l'Italia) et Courage Italie (Coraggio Italia)
«La droite vient en position de force»
Federico Grandesso

Forza Italia, le parti de droite libérale classique de Berlusconi n'est pas la locomotive de la coalition, mais c'est bien grâce au cavaliere que la formation tient de manière aussi solide. Pour mieux mettre les ténors de la droite dure Meloni et Salvini sur le devant de la scène.

«Si la coalition est majoritaire, elle a une chance d'avoir une majorité de deux tiers dans les deux chambres, ce qui lui permettrait de modifier la constitution »
Federico Grandesso
epa06306044 A handout photo made available by the Press Office of Silvio Berlusconi shows Matteo Salvini (L), leader of Lega Nord Party, Former Italian prime minister Silvio Berlusconi (C) and Giorgia ...
Une image vaut mille mots. (Ici lors d'une réunion en 2017)Image: EPA

Car c'est bien Berlusconi qui a donné sa chance à Giorgia Meloni dans les années 2000. Il est perçu comme un patriarche autour duquel la grande famille de la droite vient se mettre à table, malgré les égos et des différences de parcours ou de programme.

«Berlusconi est considéré comme le père de la coalition, et est encore reconnu comme un leader fiable»
Federico Grandesso

Entre Meloni et Salvini, l'équilibre des forces s'est inversé. En 2018, c'était Salvini qui électrisait les foules et qui menait la coalition. Fratelli d'Italia, qui en faisait partie, était alors un micro-parti qui faisait 4%.

«Il y a eu des épisodes de tension entre la Lega et Fratelli d'Italia, car il y a une compétition sur le thème de l'immigration, ce qu'il n'y a pas avec Forza Italia. C'est sûr que Matteo Salvini n'est pas content d'être le deuxième dans les sondages, mais s'il a le Ministère de l'Intérieur, il pourrait revenir avec un projet de blocage des immigrés en Méditarranée et s'en satisfaire»
Federico Grandesso

Fratelli d'Italia a vu une ascension fulgurante depuis quelques mois, aux dépens de la Lega. Cela s'explique par le report des votants, déçus du passage plus ou moins raté de Matteo Salvini au gouvernement.

«Fratelli d'Italia est l'unique parti d'opposition. Il n'a participé à aucun gouvernement, ce qui lui a permis de rester cohérent avec ses idées»
Federico Grandesso

Si Fratelli d'Italia et la Lega se rejoignent sur des positions conservatrices de société et anti-immigration, leurs positions sur la politique étrangère rejoignent — sur le papier —, celles de l'Europe:

«Dans les programmes de la coalition de centre-droit, il est écrit que la coalition est pro-européenne, pro-atlantique et pro-Otan»
Federico Grandesso

Sur le papier en effet, car Salvini n'a jamais caché son admiration pour Poutine, et Berlusconi a raconté très récemment à la télévision italienne que l'invasion russe en Ukraine était la faute de l'OTAN. Chassez le naturel...

Au sein des Frères d'Italie, cependant, l'alignement sur Washington, effectué lors de l'ère Trump, n'a pas été contesté. Sur ce point, Giorgia Meloni se distingue donc (en théorie comme en pratique) de ses collègues masculins de la coalition.

Coalition de centre-gauche — 28%

Contrairement à la droite, la coalition de centre-gauche est fragile. Elle est composée du Parti démocrate, de centre-gauche, et d'un agrégat de partis satellites.

  • Parti démocrate (Partito Democratico, PD), avec à sa tête Enrico Letta — 22%
  • Alliance Europe verte (Europa Verde) et La Gauche italienne (Sinistra Italiana) — 3%
  • Plus d'Europe (+Europa) — 2%
  • Alliance Engagement civique (Impegno Civico, IC) — 1%
Democratic Party's leader Enrico Letta poses for portraits before an interview with The Associated Press in Rome, Tuesday, Sep. 13, 2022. In opinion polls, former Premier Enrico Letta's Demo ...
Enrico Letta est le candidat «le plus lisse» de cette élection, au style politique classique.keystone

Après le départ du parti centriste Azione (voir plus loin), la coalition s'est recentrée plus solidement à gauche, avec le soutien des Verts et de la gauche radicale.

«La gauche a un programme qui répond aux besoins des minorités plus que des citoyens, ce qui va les desservir lors du vote»
Federico Grandesso

Le PD, qui cartonne dans les centre-villes, repose sur un électorat urbain et progressiste. Il s'agit du parti de gouvernement qui attire le plus les votants.

«Le PD est un parti historique qui a pu bâtir son succès avec une présence forte sur différents territoires, et surtout dans les grandes villes comme Rome, Milan, Turin et Naples. Dans ces villes-là, le parti avait auparavant des électeurs ouvriers, mais s'est peu à peu transformé en "gauche caviar"»
Federico Grandesso

Mouvement 5 Etoiles — 13%

Face à trois blocs plus ou moins compacts, le «M5S» (Movimento Cinque Stelle) a, comme à son habitude, décidé de faire cavalier seul.

Cette formation populiste créée par l'humoriste Beppe Grillo a fait une formidable ascension depuis la fin des années 2000. Classée comme «ni à droite, ni à gauche», ses cinq étoiles représentent les «cinq enjeux majeurs» que sont l’eau, l’environnement, l’énergie, le développement et les transports.

«L'écologie reste un thème très important pour le M5S»
Federico Grandesso
epa10199386 Five-Star Movement (M5S) leader Giuseppe Conte is interviewed at Rai 1 'Porta a Porta' tv program in Rome, Italy, 22 September 2022. Italy will hold its general snap elections on ...
Giuseppe Conte, ancien Premier ministre.keystone

Le parti est présidé par Giuseppe Conte, qui était Premier ministre entre 2018 et 2021. Il compte plusieurs personnalités en son sein, comme Virginia Raggi, la maire de Rome.

«Le M5S essaie désormais d'assumer clairement une position plus à gauche, faisant du revenu de base universel son cheval de bataille»
Federico Grandesso

Le parti suit depuis ses débuts une politique de non-compromis, ayant toujours refusé de faire des accords avec les autres formations, ce qui lui a assuré des succès, comme aux élections de 2018 (33%) et des déconvenues: la défection de Luigi di Maio, charismatique jeune trentenaire qui a dirigé le parti de 2017 à 2020, pour créer son propre parti — désormais allié à la coalition de centre-gauche via l'alliance Engagement civique.

epa10183416 The leader of the Italian party 'Impegno Civico' and Foreign Minister Luigi Di Maio is carried in the air by the waiters of the folkloristic trattoria Nennella in imitation of th ...
Luigi di Maio a quitté le «M5S» pour créer son propre parti, affilié au centre-gauche.keystone

Les centristes — 7%

Né d'une scission du Parti démocrate, Action (Azione) avait pourtant prévu de faire campagne au sein de la coalition de centre-gauche, avant de retourner sa veste, début août, sous l'impulsion de son énergétique figure de proue, Carlo Calenda.

«Le rêve de Calenda était de former une grande coalition centriste à 15%. Il va sûrement arriver au Parlement, mais le score reste incertain»
Federico Grandesso

Progressiste mais libérale économiquement et atlantiste, Azione avait fini par acter le divorce, principalement pour raisons économiques. Il concourt avec Italia Viva, le parti de l'ancien Premier ministre Matteo Renzi, alors au Parti démocrate.

Italexit — 3%

Ce parti eurosceptique et militant pour la sortie de l'Italie de la Zone euro n'est crédité que de quelques pourcentages d'intentions de vote. Il lui faudra atteindre toutefois toucher les 4% pour entrer au Parlement.

Il est à noter que, contrairement à d'autres pays comme la France ou l'Allemagne, ce parti n'est pas aligné avec la droite dure, dont la sortie de la Zone euro ne fait pas partie du programme.

Autres — 4%

Quelques micro-partis et autres partis régionalistes subsistent. Ils ne devraient pas entrer au Parlement par la voie du scrutin proportionnel mais pourront tenter leur chance de manière nominale.

À Interlaken, un youtubeur de l'extrême fait du vélo sur le pont de l'Aar
Video: watson
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Pourquoi les amis européens de Poutine risquent de payer cher leur gaz
La Russie a récemment attaqué massivement l'infrastructure énergétique ukrainienne. Les capacités de réserves hivernales se raréfient non seulement pour l'Ukraine, mais peut-être aussi pour le reste de l'Europe.

Depuis le début de sa guerre contre l'Ukraine, la Russie s'attaque au système énergétique du pays. Mais au cours des dernières semaines, cela a pris une toute nouvelle ampleur. En effet, au lieu de s'attaquer à des transformateurs d'énergie facilement réparables, les attaques russes se concentrent désormais sur les centrales électriques et les installations souterraines de stockage de gaz.

L’article