Si je vous dis «élection du pape», la première image qui vous vient probablement à l'esprit est celle de la place Saint-Pierre, à Rome, bondée de monde. Pendant plusieurs heures, voire jours, le public attend avec impatience la fameuse fumée blanche qui s'échappera du Saint-Siège.
Ces nuages de fumée, qui donnent le résultat positif ou négatif du vote, sont l'unique indice de ce qu'il se passe à l'intérieur de la chapelle Sixtine, où les cardinaux se retrouvent pour élire le chef de l’Eglise. Pourtant, grâce à l'indiscrétion de certains – notamment du pape François, qui s'est confié dans un livre, car il n'est pas tenu de respecter le silence –, on en sait (un tout petit peu) plus sur le déroulement de cette élection protégée depuis des siècles par le plus grand des secrets.
Dès qu'un souverain pontife décède, comme François ce 21 avril, ou démissionne – ce second scénario fait office d'exception, les deux dernières démissions remontent à 2013 (Benoît XVI) et 1415 –, la période durant laquelle il n'y a pas de pape s'appelle «sede vacante» (siège vacant). A partir de ce moment, les cardinaux qui procèdent à l'élection sont convoqués au Vatican et ont quinze jours pour s'y rendre. Un délai fixé en 1922 afin de leur octroyer suffisamment de temps pour faire le trajet, rappelle National Geographic.
Dès lors, la chapelle Sixtine est aménagée pour accueillir la cérémonie ancestrale. Les cardinaux – qui doivent avoir moins de 80 ans et être en bonne santé pour pouvoir participer – prêtent serment et promettent de garder secret tout ce qui touche de près ou de loin au déroulé du scrutin. Un vœu de silence que doivent également respecter les personnes qui gravitent autour des hauts dignitaires de l'Eglise, précise Le Monde.
Le premier jour du vote, une messe est donnée dans une chapelle romaine. Elle est suivie d'une procession jusqu'à la chapelle Sixtine. Ensuite:
Chaque cardinal inscrit sur un bulletin le nom de celui pour qui il vote, en faisant en sorte que son écriture ne soit pas reconnaissable. Il plie ensuite le bout de papier et le dépose dans une urne installée sur un autel. Si le nombre de bulletins correspond au nombre d'électeurs, ils sont dépouillés à voix haute, perforés avec une aiguille munie d'un fil et noués par les extrémités de ce fil.
C’est à ce moment que les papiers sont brûlés. Et qu’entrent en jeu les mythiques fumées noires ou blanches. Jusqu'en 1963, la noire était produite par de la mousse ajoutée au papier et la blanche par les papiers seuls. Le problème? Elles sortaient toujours grises. Des produits chimiques noirs et blancs ont donc depuis été ajoutés.
Pendant longtemps, les bulletins étaient brûlés dans l'enceinte de la chapelle Sixtine. Mais cela a endommagé les fresques de Michel-Ange, raison pour laquelle ils sont désormais incendiés dans un poêle dont la cheminée extérieure est visible depuis la place Saint-Pierre.
En 2013, année de l'élection du cardinal Jorge Mario Bergoglio (le pape François), il y a eu quatre fois de la fumée noire. Puis, une mouette blanche s'est posée au sommet de la cheminée. Certains y ont vu un signe d'espoir. Et effectivement: la fumée qui s'est échappée dans les heures qui ont suivi était de couleur blanche.