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Comment le pape a fait bouger l'Eglise en 12 ans

Pope Francis touches his cross as he is driven through the crowd during his general audience, in St. Peter's Square, at the Vatican, Wednesday, March 27, 2013.
Le pape François sur la place Saint-Pierre, au Vatican, mercredi 27 mars 2013.Image: AP

Comment le pape a fait bouger l'Eglise en 12 ans

Décédé lundi à l'âge de 88 ans, François a atteint 12 années de pontificat. Voici ses principales mesures depuis son élection à la tête de l’Église catholique le 13 mars 2013, qui ont parfois suscité une vive opposition en interne.
13.03.2025, 14:5821.04.2025, 10:41
Clément Melki / afp / Cité du Vatican
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Lutte contre les violences sexuelles

De l'Irlande à l'Allemagne en passant par les États-Unis, la multiplication des scandales sexuels dans l’Église a constitué l'un des plus douloureux défis pour le pape François.

Après un voyage catastrophique au Chili en 2018 ayant abouti à de spectaculaires exclusions et démissions, François a présenté ses excuses pour avoir maladroitement défendu un évêque. Il a ensuite multiplié les demandes de pardon aux victimes qu'il a régulièrement rencontrées.

En défroquant en 2019 le cardinal américain Theodore McCarrick, reconnu coupable de violences sexuelles sur mineurs, il a envoyé un signal fort sur sa promesse de «tolérance zéro».

A un sommet inédit au Vatican sur la protection des mineurs en 2019 a succédé une série de mesures:

  • Levée du secret pontifical sur les violences sexuelles du clergé,
  • Obligation pour les religieux et laïcs de signaler tout cas à leur hiérarchie,
  • Plateformes d'écoute dans les diocèses du monde entier.

Mais le secret de la confession demeure absolu et les associations lui reprochent de ne pas être allé assez loin. La militante Anne Barrett Doyle, de l'ONG américaine BishopAccountability, a déclaré en 2024 que ces réformes avaient été «superficielles». Et de déplorer:

«Structurellement, elles conservent tous les éléments de dissimulation, de manque de transparence, d'absence de contrôle externe et d'absence de sanctions sévères obligatoires.»
Anne Barrett Doyle, militante.

Diplomatie et pays marginalisés

Au cours de ses 47 voyages à l'étranger, Jorge Bergoglio a donné la priorité aux «périphéries», préférant les pays marginalisés en proie aux conflits ou à la pauvreté aux bastions catholiques occidentaux.

Défendant le multilatéralisme et dénonçant sans relâche le commerce des armes, François s'est fait l'avocat du dialogue avec l'islam, à l'image d'une visite historique en Irak en 2021.

Son pontificat a vu en 2018 la signature d'un accord historique avec le régime communiste de Pékin, portant sur l'épineuse question de la nomination des évêques en Chine.

La diplomatie du Saint-Siège s'est distinguée par son rôle dans le rapprochement historique entre Cuba et les États-Unis en 2014.

Mais elle s'est heurtée à un mur avec la guerre en Ukraine, où les innombrables appels à la paix de François sont restés lettre morte. En 2024, il a même provoqué une crise diplomatique en appelant l'Ukraine à avoir le courage de «hisser le drapeau blanc» et négocier.

Le conflit a aussi sapé le rapprochement avec le patriarche orthodoxe russe Kirill, soutien de Moscou, malgré une rencontre historique avec François en 2016, une première depuis le schisme de 1054.

Environnement et personnes LGBTIQ+

Homme de contact et de terrain, défenseur d'une Église ouverte «à tous», François a multiplié les gestes d'ouverture envers les divorcés remariés et les fidèles LGBT+, notamment en autorisant fin 2023 les bénédictions de couples de même sexe.

Cette décision a provoqué une levée de boucliers dans le camp conservateur, notamment en Afrique et aux États-Unis.

Sur l'île italienne de Lampedusa, symbole des naufrages de migrants, à Marseille ou au camp grec de Lesbos, le pape – lui-même issu d'une famille d'émigrés italiens en Argentine – s'est fait l'inlassable défenseur des migrants et a prôné l'accueil sans distinction, n'hésitant pas à critiquer les mesures anti-immigration du président américain Donald Trump.

Avec son encyclique Laudato Si (2015), il s'est livré à un réquisitoire très remarqué pour une «écologie intégrale».

Rôle des femmes et autres réformes

Décentralisation, place des laïcs et des femmes, rôle des Églises locales: François a profondément modifié le fonctionnement de l’Église et de la Curie romaine, le gouvernement central du Saint-Siège.

Ces réformes ont été concrétisées en 2022 par une nouvelle Constitution réorganisant les dicastères (ministères) et faisant la part belle à l'évangélisation.

François a mis de l'ordre dans les sulfureuses finances du Vatican, embourbées dans les scandales, avec la création dès 2014 d'un secrétariat pour l’Économie, mais aussi l'encadrement des investissements, des mesures anti-corruption et le nettoyage de la Banque du Vatican, qui a abouti à la fermeture de 5000 comptes.

Il a également révolutionné le Synode, réunion mondiale d'évêques, en y associant pour la première fois des femmes et des laïcs.

Mais ces réformes lui ont valu des critiques d'une violence inédite en interne, notamment lorsqu'il a restreint l'usage de la messe en latin en 2021, provoquant la colère d'une frange traditionaliste.

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