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Législatives 2022

Législatives 2022: «Les députés vont devoir arrêter de s'engueuler»

Le président français Emmanuel Macron et sa coalition du centre Ensemble! ont perdu la majorité absolue à l'assemblée nationale.
Le président français Emmanuel Macron et sa coalition du centre Ensemble! ont perdu la majorité absolue à l'assemblée nationale. image: keystone
Législatives 2022

La France ingouvernable? «Les députés vont devoir arrêter de s'engueuler»

Emmanuel Macron et sa coalition du centre Ensemble! ont perdu leur majorité absolue dimanche lors des élections de l'assemblée nationale. Celle-ci, composée d'une opposition forte et très diverse, va devoir trouver des consensus. Et ses députés devenir bien plus conciliants.
21.06.2022, 06:0621.06.2022, 07:23
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Emmanuel Macron et sa coalition Ensemble! ont pris une claque dimanche lors des élections législatives. Il est le premier président français, depuis l'instauration du quinquennat en 2002, à ne pas obtenir la majorité absolue de l'assemblée nationale (245 députés sur 577, alors que 289 étaient requis).

Le commentaire de notre journaliste Antoine Menusier👇

La suite du mandat du chef de l'Etat – réélu en avril dernier pour cinq ans – s'annonce ardue: il ne pourra plus faire passer ses projets de lois aussi facilement. De nombreux experts parlent même d'une France devenue du jour au lendemain «ingouvernable», tant l'opposition est forte et variée (de l'extrême gauche à l'extrême droite). Et forcément, il existe le spectre d'une pagaille générale dans la gestion du pays, propice aux fortes tensions sociales et politiques.

Engueulades et luttes fratricides

Emmanuel Macron et sa coalition du centre n'auront d'autres choix que de former de nouvelles alliances ou trouver des consensus avec les opposants actuels. La première option semble la plus facile. «Il s'agit de s'allier avec des députés proches de l'idéologie de la coalition du centre, comme les Républicains, pour obtenir une majorité absolue», analyse le politologue de l'Université de Lausanne, Oscar Mazzoleni. Qui se pose une question:

«Ces adversaires seront-ils prêts à le faire?»

Pas sûr, si l'on en croit l'affirmation dimanche du président des Républicains (droite modérée), Christian Jacob:

«Pour ce qui nous concerne, nous avons fait campagne dans l'opposition, nous sommes dans l'opposition, nous resterons dans l'opposition»
Christian Jacob, président des Républicains

Quant à la deuxième alternative, la recherche de consensus parlementaires, elle paraît bien délicate. «En Suisse, le processus pour y arriver a été long», compare Olivier Meuwly, historien politique et membre du parti libéral-radical (PLR). Pour lui, les politiciens de l'Hexagone doivent changer d'état d'esprit. «Il faut commencer par ne pas s’engueuler à tout bout de champ», tranche-t-il.

«Il s'agit de ne pas insulter l'avenir. Autrement dit, respecter les gens avec qui on devra peut-être collaborer plus tard»
Olivier Meuwly, historien politique

L'expert ne pense pas forcément à Emmanuel Macron, mais à tout le milieu de la politique française. «En affirmant qu'ils resteront dans l'opposition, les Républicains enraient des alliances potentielles. Alors qu'ils risquent bien de coopérer avec Ensemble! dans trois mois», sourit Olivier Meuwly.

L'historien va plus loin: «Les partis doivent prendre conscience qu'ils ont des vis-à-vis qu'ils ne peuvent pas éliminer et qu'ils sont obligés de traiter avec.» En d'autres termes, pour éviter d'avoir un pays «ingouvernable» comme certains le craignent, ll faut bannir les luttes fratricides.

Pédagogie et casques à cornes

Olivier Meuwly envisage des solutions concrètes pour atteindre l'objectif. «Les partis doivent endosser un rôle pédagogique en faisant comprendre à la population qu'elle vote pour des gens qui doivent collaborer avec d’autres», tranche-t-il. «La seule qui le fait, d’une certaine façon, est Marine Le Pen. Mais elle le fait dans un besoin de reconnaissance.»

Autres idées: les initiatives personnelles et la transparence.

«Les députés de partis différents doivent oser avoir des discussions informelles entre eux et l'assumer en public»
Olivier Meuwly

De quoi montrer que la discussion est possible entre opposants, «dans une société qui n'est pas propice au dialogue», observe l'historien PLR.

Il estime aussi qu'Emmanuel Macron et les membres de sa famille politique, dépossédés de leur majorité, devront réapprendre à écouter les autres. «Mais je ne suis pas sûr qu'un président devienne plus conciliant quand il doit partager le pouvoir. On l'a vu avec un exemple récent aux Etats-Unis», rigole Oscar Mazzoleni, en évoquant la présidence de Donald Trump.

Si nos deux interlocuteurs reconnaissent que la France se situe à un tournant décisif, on n'en est heureusement pas encore au point de voir le Palais Bourbon à Paris envahi par des hurluberlus avec des casques à cornes et peaux de bête...

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