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Ce que cache le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah

«Une erreur historique»: ce que cache le cessez-le-feu au Liban

Israël et le Hezbollah viennent de conclure un cessez-le-feu. Combien de temps durera-t-il? Est-ce une lueur d'espoir pour Gaza? Voici ce qu'en pensent les experts.
28.11.2024, 06:05
Felix Wellisch, Jerusalem / ch media
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Après quatorze mois de guerre, les armes se sont tues mercredi matin à 4 heures, heure locale, entre Israël et le Hezbollah libanais. Durant les heures qui ont précédé le cessez-le-feu, une série de lourds raids aériens israéliens a secoué Beyrouth. Dimanche, le Hezbollah avait encore tiré 250 roquettes sur Israël, l'une des plus grosses salves depuis le début de la guerre. Le message semblait clair:

«Nous pouvons si nous le voulons»

Pourtant, ce jeudi, le cessez-le-feu adopté mardi soir par Israël semble tenir.

Pour parvenir à un accord, le Hezbollah avait renoncé à sa volonté d'imposer un cessez-le-feu également dans la bande de Gaza. Il faut dire que la milice soutenue par l'Iran a dû faire face à des pertes massives au cours des trois derniers mois. Parmi les presque 4 000 Libanais tués depuis le début de la guerre, on compte, outre de nombreux civils, une grande partie de l'équipe dirigeante du Hamas, y compris son chef de longue date Hassan Nasrallah.

Par ailleurs, Israël affirme avoir détruit près de 80% de l'arsenal de roquettes de la milice. Les deux parties respecteront-elles le cessez-le-feu de soixante jours et ce premier pas permettra-t-il de mettre fin à la guerre?

Des gendarmes internationaux

Selon les médias, l'accord a fixé un délai de trêve courant jusqu'à fin janvier. Durant cette période, l'armée israélienne devrait quitter le Liban et le Hezbollah se retirer dans des zones situées au nord du fleuve Litani, qui se trouve à environ 30 kilomètres de la frontière. L'armée libanaise a annoncé le déploiement de 10 000 soldats dans la zone frontalière. Cela correspond en grande partie aux conditions de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui avait mis fin à la précédente guerre du Liban en 2006, mais qui n'a jamais été appliquée de manière stricte.

Ce qui est nouveau, en revanche, c'est que les Etats-Unis et quatre autres Etats vont surveiller le respect de cet accord. Apparemment, ils vont également accorder à Israël, dans un document séparé, le droit de mener des attaques au Liban si cela s'avérait nécessaire. Celles-ci ne peuvent toutefois être dirigées que contre des menaces directes, si l'armée libanaise n'intervient pas contre elles. Il n'est pas clair à ce jour dans quelle mesure le Hezbollah peut continuer à exister en tant que milice armée.

Le cabinet de sécurité israélien avait approuvé la proposition tard mardi soir à une majorité de 10 voix contre 1. Réussir à séparer la guerre au Liban de celle de Gaza, contre la volonté du Hezbollah, est un succès politique pour Netanyahu.

Le ministre de la police, le nationaliste Itamar Ben Gvir, avait parlé d'une «erreur historique». Il n'a toutefois pas menacé de rompre la coalition. Selon la politologue et experte de Netanyahu, Gayil Talshir, le mouvement des colons considère finalement Gaza comment plus importante:

«Ils veulent y imposer une occupation militaire et une recolonisation»
Gayil Talshir

La pression de Washington

Ironiquement, les critiques proviennent des communautés évacuées du nord, celles-là mêmes censées bénéficier de cette décision. La guerre a déplacé plus d'un million de Libanais et environ 60 000 Israéliens. Avichai Stern, maire de la ville de Kirijat Shmona dans le nord d'Israël, a qualifié l’accord de «pacte de capitulation» et a demandé l’établissement d’une zone tampon israélienne à l’intérieur du Liban.

Mardi soir, Netanyahou a averti qu’Israël réagirait avec une extrême fermeté à toute violation.

«La durée de la trêve dépend de ce qui se passe au Liban. S’ils se réarment, nous attaquerons»

Le changement de pouvoir imminent aux Etats-Unis semble avoir joué un rôle décisif dans cet accord. Le vainqueur des élections, Donald Trump, avait exigé que la guerre prenne rapidement fin, et Netanyahou sait que son pays dépend du soutien des Etats-Unis. Par ailleurs, le président américain sortant, Joe Biden, aurait également exercé des pressions.

Le Hamas espère aussi

L'Iran a salué le cessez-le-feu mercredi. Sima Shine, du think tank israélien Inss, pense que le Hezbollah et Téhéran veulent réellement mettre fin à la guerre. «Il s'agit de sauver ce qu'il reste du Hezbollah sur le plan politique et militaire», explique l'ex-agent de renseignement israélien et experte en Iran. En outre, l'Iran souhaite «faire table rase du passé» avant l'entrée en fonction de Trump.

Après la fin des combats au Liban, le Hamas s'est dit «prêt pour un cessez-le-feu et un échange de prisonniers», a fait savoir un porte-parole. Biden a également annoncé une nouvelle tentative de mettre fin aux combats à Gaza.

Pourtant, les effets ne se sont pas vraiment fait ressentir mercredi. Au moins quinze personnes ont été tuées lors d'attaques de l'armée israélienne, selon les indications des services de secours. Parallèlement, les pluies hivernales qui ont commencé à tomber aggravent la situation déjà catastrophique des quelque deux millions de personnes déplacées. La politologue Sima Shine ne croit pas que Netanyahu veuille s'engager à mettre fin à la guerre à Gaza:

«Il a lui-même déclaré qu’après la guerre, viendraient le temps des nouvelles élections en Israël et de l’examen des événements du 7 octobre. Il ne veut pas en arriver là»
Sima Shine
Une impressionnante avalanche recouvre une vallée en Chine
Video: watson
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