Les affrontements entre l'armée israélienne et le mouvement libanais armé soutenu par l'Iran ont contraint des dizaines de milliers de personnes en Israël et des centaines de milliers d'autres au Liban à fuir leur domicile. Ils ont également conduit à des bombardements sur le Liban, faisant des milliers de morts, et au déploiement de soldats israéliens de l'autre côté de la frontière entre les deux pays pour affronter les combattants du Hezbollah.
Le mouvement pro-iranien, affirmant agir en soutien au Hamas, avait ouvert un front contre Israël le 8 octobre 2023, au lendemain de l'attaque du mouvement islamiste palestinien en Israël qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.
Selon des précisions fournies par un haut responsable américain sous couvert de l'anonymat, l'armée israélienne dispose désormais de 60 jours pour se retirer progressivement du Liban. Quant au Hezbollah, il doit aussi se retirer de la frontière sud avec Israël et remonter au nord du fleuve Litani. Les armes lourdes du Hezbollah devront être retirées de cette zone. L'armée et les forces de sécurité libanaises récupéreront les positions de l'armée israélienne et du Hezbollah. Conformément au droit international, le Liban et Israël conservent le droit de s'autodéfendre.
L'armée américaine et l'armée française apporteront un soutien technique à l'armée libanaise, auxquels s'ajoutera un comité militaire pour fournir équipements, formation et financements. Les Etats-Unis et la France rejoindront également le mécanisme tripartite créé après la guerre de 2006 regroupant la force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL), Israël et le Liban. Ce mécanisme, désormais présidé par les Etats-Unis, est destiné à maintenir une communication «directe» entre les différentes parties et à permettre à «chaque fois qu'une violation est constatée, en particulier une violation grave», qu'elle soit «traitée immédiatement» pour éviter une escalade.
Avant le feu vert israélien final, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a indiqué que la durée du cessez-le-feu dépendrait «de ce qui se passera au Liban».
L'armée israélienne a averti peu après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu les habitants du sud du Liban de ne pas s'approcher des positions où elle reste déployée.
Selon les autorités libanaises, au moins 3823 personnes ont été tuées au Liban au total depuis octobre 2023, dont la plupart ces dernières semaines. Les hostilités y ont déplacé quelque 900 000 personnes, selon l'ONU. Côté israélien, 82 militaires et 47 civils ont été tués en 13 mois, dans les affrontements avec le Hezbollah, selon les autorités.
L'annonce de l'accord est intervenue après qu'Israël a pilonné mardi le centre de Beyrouth et sa banlieue sud, bastion du Hezbollah, comme jamais depuis qu'il a lancé le 23 septembre une campagne de bombardements visant le mouvement dans le pays voisin.
Moins d'une heure avant l'entrée en vigueur de l'accord, au moins deux frappes ont visé la banlieue sud de Beyrouth, selon des images diffusées par AFPTV, peu après des appels à évacuer une zone au centre de la capitale libanaise et une autre dans sa banlieue sud par l'armée israélienne. Mardi soir, le Hezbollah avait de son côté dit avoir lancé des drones contre des «cibles militaires sensibles» à Tel-Aviv.
Le Hezbollah n'a pas participé directement aux négociations de la trêve, faisant plutôt appel au chef du Parlement Nabih Berri pour négocier en son nom. Il n'a pas, jusqu'ici, commenté l'accord. La guerre au Liban a considérablement affaibli le mouvement pro-iranien. Son chef Hassan Nasrallah a été tué le 27 septembre dans une puissante frappe israélienne sur la banlieue sud de la capitale libanaise, de même que nombre de ses hauts responsables.
Benyamin Netanyahou considère que la trêve va permettre à Israël d'«intensifier» sa pression sur le Hamas palestinien, contre lequel il mène une offensive meurtrière dans la bande de Gaza.
Le cessez-le-feu va également permettre à Israël de «se concentrer sur la menace iranienne, selon lui.
D'après Joe Biden, qui a salué l'accord de cessez-le-feu comme «un nouveau départ» pour le Liban et une «bonne nouvelle», l'accord de trêve à été conçu pour donner lieu à un arrêt permanent des hostilités entre les deux parties. En vertu de l'accord, l'armée libanaise doit prendre le contrôle de la zone frontalière, côté libanais, et «ce qui reste du Hezbollah et des autres organisations terroristes ne sera pas autorisé [...] à menacer à nouveau la sécurité d'Israël».
Les Etats-Unis et la France doivent veiller à ce que l'accord de cessez-le-feu soit «mis en oeuvre dans son intégralité», ont déclaré mardi soir le président américain et son homologue Emmanuel Macron dans un communiqué commun. (mbr/ats)