Des motards tombés au sol, des vendeurs et des clients de magasins fauchés par des explosions, l'ambassadeur d'Iran au Liban blessé: une attaque contre les bipeurs des membres du Hezbollah libanais a fait au moins neuf morts et près de 3000 blessées mardi à Beyrouth.
Le groupe paramilitaire et le gouvernement libanais ont immédiatement incriminé Israël. Le spectre d'un nouveau conflit entre Israël et le Hezbollah plane plus que jamais au Proche-Orient.
Pour rappel, vers 15h30 heure locale (14h30 heure suisse), des milliers de radios et de bipeurs ont explosé en même temps. Selon le New York Times, le Hezbollah utilisait les bipeurs depuis le début de la guerre de Gaza, redoutant que ses téléphones portables soient mis sur écoute par l'état hébreu.
L'organisation armée a acheté ces appareils récemment, a rapporté l'agence de presse Reuters. Quelqu'un les aurait équipés de petits explosifs avant leur livraison. Toujours selon les médias, des combattants, mais aussi des membres civils du Hezbollah en ont reçu. Certains auraient remarqué que les appareils devenaient très chauds peu avant les explosions. Celles-ci ont été déclenchées de manière centralisée par radio ou par un code.
BREAKING via Reuters
— Yashar Ali 🐘 (@yashar) September 17, 2024
Hundreds of members of Hezbollah were seriously wounded on Tuesday when the pagers they use to communicate exploded.
Here is one video of one of the pager explosions. pic.twitter.com/UDepHvkkEe
Le ministre libanais de la Santé, Firas al-Abiad, a indiqué au journal L'Orient-Le Jour, qu'au moins neuf personnes avaient été tuées et plus de 2800 autres blessées. De nombreuses victimes ont été blessées aux mains, aux yeux et au ventre. Selon le Hezbollah, plusieurs miliciens, dont le fils d'un des dirigeants et une fillette de huit ans, figurent parmi les victimes. Des membres basés à Damas, la capitale syrienne, ont également été touchés.
Le Hezbollah constitue la milice la plus puissante du Moyen-Orient, avec des dizaines de milliers de combattants et des centaines de milliers de roquettes. Elle a annoncé des représailles contre Israël. Le gouvernement libanais a également accusé son voisin. Qui n'a, lui, fait aucun commentaire.
Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, le Hezbollah, équipé par l'Iran, se livre à des combats sporadiques avec Israël le long de la frontière afin de soutenir la lutte du Hamas. De son côté, Israël a assassiné plusieurs hauts responsables du Hezbollah lors de frappes aériennes au cours des derniers mois, tuant de nombreux civils dans des zones résidentielles de Beyrouth.
Lors de leur dernier affrontement direct en 2006, les troupes israéliennes avaient largement pénétré sur le territoire adverse. De nombreux Libanais avaient alors rendu le Hezbollah responsable des ravages causés par la guerre. Depuis, les deux ennemis s'efforcent de ne pas laisser leur confrontation dégénérer en une nouvelle guerre. Mais avec les combats de ces derniers mois et l'attaque des bipeurs, on peut désormais se demander si une ligne rouge a été franchie.
Le Hezbollah en ressort affaibli: les explosions ont paralysé une partie de son réseau de communication, limitant les possibilités de préparer des attaques coordonnées contre Israël ou de repousser une offensive de grande envergure. En outre, Israël a mis au jour une faiblesse de son adversaire: les explosions ont montré à quel point le Hezbollah était infiltré par les services secrets israéliens.
Traduit et adapté par Valentine Zenker