Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées ce jeudi soir à Tbilissi, la capitale de la Géorgie, après deux jours de protestations et de heurts avec la police pour dénoncer un projet de loi répressif, auquel le gouvernement a renoncé dans la journée.
La présidente Salomé Zourabichvili, une pro-occidentale critique du gouvernement de son pays, mais dont les pouvoirs sont limités, a de son côté salué la «victoire» des manifestants.
Dans la foulée, le ministère de l'Intérieur a, lui, annoncé «la libération» de manifestants arrêtés depuis mardi 7 mars, répondant ainsi à une des requêtes de l'opposition.
Parmi la foule réunie dans le centre-ville de Tbilissi, nombreux agitaient des drapeaux géorgiens, ukrainiens et celui de l'Union européenne.
Les manifestants, dont de nombreux étudiants, répondaient à l'appel de plusieurs partis d'opposition, malgré le retrait plus tôt dans la journée par le parti au pouvoir Rêve géorgien d'un projet de loi jugé répressif par ses détracteurs. L'opposition géorgienne a prévu de se réunir vendredi 10 mars, lorsque le Parlement doit officiellement retirer le projet de loi.
Le gouvernement géorgien est accusé d'avoir voulu introduire une législation inspirée du modèle russe pour classer comme «agents de l'étranger» les ONG et médias recevant plus de 20% de leur financement de l'étranger, sous peine d'amende.
Face aux troubles qui agitent ce pays voisin, le Kremlin s'est dit «préoccupé», tout en niant tout lien avec le projet de loi sur les «agents de l'étranger».
La délégation de l'Union européenne en Géorgie a salué l'annonce du retrait du texte, exhortant le gouvernement à «reprendre les réformes pro-européennes».
Dans son communiqué, le Rêve géorgien estime que le projet de loi a été «présenté sous un mauvais jour de façon trompeuse», ajoutant qu'il allait lancer des consultations publiques pour «mieux expliquer» le but de ce texte.
Ces manifestations s'inscrivent dans un contexte plus large de crise politique. Tbilissi ambitionne officiellement de rejoindre l'Union européenne et l'Otan, une orientation prise après la «révolution des roses» de 2003 qui avait amené au pouvoir le pro-occidental Mikheïl Saakachvili, désormais opposant et emprisonné.
Mais plusieurs mesures récentes du gouvernement actuel, comme le projet de loi sur les «agents de l'étranger», ont jeté le doute sur le maintien des aspirations pro-occidentales, l'opposition l'accusant de soutenir Moscou.
A l'international, les Etats-Unis ont notamment réagi, «saluant» l'abandon du projet de loi qui «va à l'encontre des valeurs euro-atlantiques», tout en appelant le gouvernement à le «retirer complètement». Le président français, Emmanuel Macron, s'est quant à lui félicité que «l'attachement des Géorgiens aux valeurs démocratiques.» (ats)