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Face aux migrants, la méthode Trump fait rêver l'UDC

Donald Trump en premier plan, avec des migrants renvoyé en colombie comme illustration de fond.
Des élus du Rassemblement national, de l'AfD en Allemagne et de l'UDC en Suisse saluent de diverses manières la «victoire» de Donald Trump.Image: watson

Migrants: la méthode Trump fait rêver en Suisse et en Europe

Des élus du Rassemblement national en France, de l'AfD en Allemagne et de l'UDC en Suisse saluent de diverses manières la «victoire» remportée par Donald Trump dans son bras de fer avec la Colombie.
29.01.2025, 05:3629.01.2025, 14:30
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Toujours prompts à rebondir sur des sujets porteurs, les extrêmes droites européennes ont salué la manière avec laquelle Donald Trump a réussi à imposer à la Colombie le renvoi chez elle d’immigrés clandestins.

«Ça fait trente ans qu'on peine à régler la question de l'Algérie. En quelques heures, Trump a réglé celle de la Colombie»
Jordan Bardella, lundi sur BFMTV

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, faisait allusion aux menaces américaines qui se sont révélées payantes dans le bras de fer opposant Washington et Bogota, alors que la France peine à renvoyer, en Algérie notamment, des clandestins ou étrangers indésirables devant quitter son territoire, les OQTF.

Dimanche, la Colombie a refoulé deux avions militaires américains transportant des migrants colombiens illégaux renvoyés par les Etats-Unis. Donald Trump allait-il plier face à ce premier revers, lui qui a fait de l’immigration le thème majeur de sa campagne présidentielle?

Une victoire pour Trump

On connaît la réponse: face à la menace d’imposer les droits de douane de 25%, puis de 50% sur les produits colombiens entrant aux Etats-Unis, la Colombie a rendu les armes en même pas deux heures. Et c’est elle qui, lundi, a annoncé le décollage de deux avions militaires en direction des Etats-Unis afin de rapatrier ses ressortissants expulsés par les autorités américaines. Washington a fait savoir que Bogota acceptait finalement toutes les conditions américaines liées aux futurs renvois.

Les sanctions américaines relatives à la délivrance de visas sont, en revanche, maintenues «jusqu’à ce que le premier vol d’expulsés colombiens soit arrivé avec succès», a mis en garde Donald Trump.

Le levier des visas

La délivrance de visas est le levier auquel songe le gouvernement français dans la crise ouverte avec l'Algérie suite à l’arrestation de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, le 16 novembre à Alger. Ne pas accorder de visas à l’élite du régime algérien ayant ses habitudes en France est une menace pour l’heure seulement évoquée.

«Respecté»

Dans ces affaires, où la diplomatie se gonfle de testostérone, il est important d’apparaître comme un Etat sachant imposer le «respect». La porte-parole de la Maison Blanche, empruntant aux arguments de Donald Trump, l'a dit:

«Les événements d'aujourd'hui montrent clairement au monde que l'Amérique est à nouveau respectée»

Lundi toujours, celle qui tient à présent la vedette dans le parti d’extrême droite Reconquête d'Eric Zemmour, Sarah Knafo, a déclaré sur Europe 1:

«Donald Trump obtient en deux heures ce que la France n’est pas capable d’obtenir depuis vingt ans»
Sarah Knafo, Reconquête

Les «mesures de rétorsion» prises par les Etats-Unis sont celles du «programme de Reconquête qu’on doit appliquer face aux pays qui ne reprennent pas leurs clandestins», a-t-elle insisté.

Un élu de l'AfD: «La remigration est réalisable»

En Allemagne, un élu de l’AfD au parlement régional de Brandebourg, Fabian Jank, affirme sur X:

«Donald #Trump montre comment on fait: tarifs punitifs, retrait de visa pour les milieux gouvernementaux, restrictions d'entrée!»
Fabian Jank, AfD

Il ajoute: «La #Remigration est réalisable. Il suffit de le vouloir!» Comme Donald Trump, l’AfD a fait de l’immigration son principal axe de campagne, les élections législatives anticipées ayant lieu dans moins d’un mois en Allemagne.

Un Romand UDC: «C’est un deal commercial, au fond»

En Suisse, l’UDC, qui se profile comme le parti le plus anti-immigrationniste, n’a pas réagi à proprement parler à la «victoire» de Donald Trump face à la Colombie – et face à d’autres pays d’Amérique latine sur la même thématique.

Pour le conseiller national UDC vaudois Yvan Pahud:

«La manière forte employée par Donald Trump est gagnante pour les Etats-Unis et pour les pays qui se voient imposer le renvoi sur leur sol de migrants criminels ou illégaux.»
Yvan Pahud, UDC, Vaud

«C’est un deal commercial, au fond», justifie l’élu vaudois. «Les pays qui acceptent le retour de leurs clandestins peuvent plus facilement commercer avec les Etats-Unis.»

La Suisse se heurte à l’absence d’accord de réadmission avec la plupart des pays de provenance des migrants illégaux. Yvan Pahud estime qu’il faut agir sur le levier des visas: «Les pays qui accepteraient de reprendre leurs ressortissants se trouvant en situation irrégulière en Suisse se verraient attribuer plus de visas touristiques», propose-t-il.

L'Europe n'est pas les Etats-Unis

Si les mesures à prendre étaient aussi simples qu’elles en ont l’air dans le cas américain, sans doute certains Etats européens s'y seraient-il déjà essayés. Leur puissance, leur statut d’Etat, permettent probablement aux Etats-Unis des politiques migratoires que les pays de l’Union européenne, avec le mécanisme de la libre-circulation, n’ont pas à l’heure actuelle.

La question migratoire met au défi l’unité politique de l’Europe. «On voit quand même les débuts d’un risque de casse, en raison de réactions unilatérales, en particulier de l’Allemagne», nous disait en septembre Philippe De Bruycker, professeur de droit européen à l'Université libre de Bruxelles, spécialiste de l'immigration.👇

Ce Moldave apprend la vie aux gardes-frontières russes
Video: watson
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