Le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre a débarqué sa ministre des Affaires étrangères, Anniken Huitfeldt, lundi dans le cadre d'un remaniement de son gouvernement de centre gauche. La responsable a été éclaboussée par un scandale lié à l'achat d'actions.
Le 30 août, Anniken Huitfeldt, longtemps considérée comme la dauphine de Støre, avait révélé que son époux avait acheté des actions «dans des volumes beaucoup plus importants qu'(elle) ne l'avait cru» après sa prise de fonctions ministérielles.
Ces investissements, notamment dans le groupe de défense Kongsberg Gruppen qui a bénéficié de contrats publics sur fond de guerre en Ukraine, ont soulevé la question de possibles conflits d'intérêts.
«Je m'excuse profondément d'avoir fait des erreurs en lien avec mon habilité» à prendre des décisions en toute impartialité, avait dit la ministre travailliste de 53 ans. Un comité parlementaire a lancé une enquête sur cette affaire. La police, elle, a jugé qu'il n'y avait pas lieu de le faire.
«L'affaire des achats et ventes d'actions fait partie des raisons de son départ mais n'est pas la seule», a assuré lors d'une conférence de presse Jonas Gahr Støre, parlant d'«un choix difficile».
Le Premier ministre a notamment invoqué le message de défiance envoyé début septembre par les électeurs lors d'élections locales qui se sont traduites par un cuisant revers pour le parti travailliste. «Je crois en la version d'Anniken qu'elle n'était pas au courant» des transactions boursières de son mari, a-t-il souligné.
Mme Huitfeldt est remplacée par Espen Barth Eide, qui a déjà occupé ce poste dans le passé (2011-2012) ainsi que celui de ministre de la Défense (2012-2013), et qui était jusqu'à présent ministre du Climat et de l'Environnement.
Après le scandale qui a coûté son poste à Huitfeldt, il est apparu que l'époux de la cheffe de l'opposition conservatrice, Erna Solberg, avait lui aussi procédé - là aussi largement à son insu - à des milliers de transactions boursières alors que celle-ci était cheffe du gouvernement entre 2013 et 2021.
Selon des politologues, le départ de Mme Huitfeldt devrait permettre à Støre de décocher plus librement ses flèches contre sa rivale Solberg et saper ses chances, aujourd'hui élevées, de revenir au pouvoir lors de législatives prévues en 2025. Støre a rejeté ces affirmations (ats/svp)
