L'oligarque et baron de l'or russe Suleyman Kerimov pensait peut-être en avoir terminé avec la justice française, après avoir conclu un accord à grands renforts de millions et d'avocats avec les procureurs de Nice en 2020.
Que nenni. Selon des informations révélées mardi par le quotidien américain Bloomberg, le milliardaire est visé par une nouvelle enquête d'une unité d'enquête spéciale, «Junalco».
Au cœur des investigations? Les flux financiers qui ont permis à Kerimov d'acquérir quatre somptueuses villas de la «baie des milliardaires» au Cap d'Antibes. Selon un rapport publié en juin par Tracfin, l'organisme français de lutte contre le blanchiment d'argent, toute la famille du milliardaire pourrait être impliquée.
Et tout particulièrement sa fille, Gulnara Kerimova, 32 ans, qui aurait dépensé 268 millions d'euros pour prendre le contrôle de la structure qui possède ces villas. Les fonds nécessaires auraient été fournis par l'autre fils de Kerimov, Saïd, selon le journal d'investigation Mediapart.
La propriété de ces quatre luxueuses propriétés, les villas Hier, Medy Roc, Lexa et Florella, a déjà fait l'objet d'une enquête il y a plusieurs années, à Nice. Kerimov a toujours contesté en être le véritable propriétaire.
Selon lui, il les louait seulement à Alexander Studhalter, un associé et financier d'origine lucernoise, qui avait précédemment utilisé une société suisse pour la propriété des villas.
Certains indices prouvent que toutefois Kerimov est bien plus qu'un simple locataire - notamment les plans des architectes pour des rénovations en 2009, qui montrent les plans de chambres à coucher portant les noms des enfants de Kerimov - Saïd, Gula et Emina.
L'affaire fait grand bruit et vaut au milliardaire russe de faire les gros titres en novembre 2017, après une arrestation pour le moins spectaculaire - Kerimov est intercepté en posant le pied hors de son jet privé, sur le tarmac de l'aéroport de Nice, par les policiers français.
Soupçonné de blanchiment d'argent, Kerimov se retrouve pratiquement assigné à résidence sur la côte française et ne sera autorisé à rentrer en Russie qu'avec une permission spéciale pour de courtes visites.
Il est finalement relaxé grâce à un accord de règlement en 2020 entre les procureurs de Nice et la société suisse dirigée par Studhalter, pour un montant de 1,4 million d'euros.
Cette nouvelle enquête de Junalco vient conclure un mauvais mois pour la famille Kerimov: le 15 novembre dernier, les Etats-Unis ont ajouté Saïd, sa sœur Gulnara et ses quatre sociétés immobilières françaises sur la liste de leurs sanctions économiques.
Le patriarche, Suleyman Kerimov, pour sa part, est sanctionné par les Etats-Unis depuis 2018. Il garnit aussi la liste des sanctions de l'Union européenne (UE) depuis l'invasion de l'Ukraine.
En mai, la famille s'est retirée de Polyus PJSC, le plus grand producteur d'or de Russie, dont elle était pourtant l'actionnaire majoritaire. Selon l'index Bloomberg billionaires, la fortune du sénateur et hommes d'affaires russes s'élève toujours à environ 10,9 milliards de dollars. (mbr)