L'humanité confrontée aux pénuries d'eau qui se généralisent doit «changer de cap» et mettre enfin l'eau au cœur de ses actions. C'est ce qu'a plaidé vendredi le secrétaire général de l'Organisation des nations unies (ONU) à la fin d'une conférence sur l'eau inédite depuis près d'un demi-siècle.
Santé, assainissement, hygiène, paix, développement, pauvreté, sécurité alimentaire ou simplement boire...
«Tous les espoirs de l'humanité pour l'avenir dépendent, d'une certaine manière, d'un changement de cap basé sur la science pour donner vie au Programme d'action pour l'eau» dessiné par les engagements, réclamant des efforts qui «changent la donne» pour que tout le monde ait de l'eau sur la planète.
Le monde n'est pas sur la voie des objectifs sur l'eau pour 2030, notamment l'accès à l'eau potable et l'assainissement pour tous.
Alors «maintenant, c'est le moment d'agir», a lancé Antonio Guterres, qui avait mercredi vilipendé la «surconsommation vampirique» de l'humanité et la crise climatique qu'elle a provoquée.
De la construction de toilettes à la restauration de 300 000 km de rivières dégradées, près de 700 engagements d'ONG, gouvernements ou secteur privé ont été enregistrés dans ce «programme d'action» en amont et pendant les trois jours de cette conférence inédite depuis 1977 qui a accueilli quelque 10 000 personnes.
Mais «environ un tiers sont susceptibles d'avoir un impact substantiel» et moins d'un tiers ont un financement identifié, estime Charles Iceland, du centre de réflexion World resources institute (WRI).
La Suisse a pris cinq engagements volontaires, a annoncé le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) vendredi soir. Il s’agit notamment de son initiative Blue Peace, qui allie diplomatie de l’eau et coopération au développement, de son soutien au fonds des Nations unies pour l’assainissement et l’hygiène ainsi qu’à l’Unesco pour la gestion transfrontalière des eaux.
Même si «tout n'est pas rose», que «certains engagements ne sont pas aussi forts» qu'espérés, «je suis agréablement surpris», a de son côté déclaré à l'Agence France-presse (AFP) Stuart Orr, du Fonds mondial pour la nature (WWF).
«Souvent dans ce type de conférences, on entend beaucoup de promesses (...), là j'ai l'impression que c'est différent», a-t-il ajouté, décrivant l'énergie générée dans la communauté des acteurs de l'eau jusque-là «frustrée» du manque d'attention portée à cette ressource vitale.
Pour tenter de donner une impulsion, la conférence a plaidé pour la désignation d'un envoyé spécial de l'ONU pour l'eau. Recommandation qu'Antonio Guterres va examiner.
En 2020, deux milliards de personnes étaient toujours privées d'une eau potable sûre et 3,6 milliards n'avaient pas accès à des services d'assainissement gérés de façon sûre, dont 494 millions devaient faire leurs besoins en plein air, selon les derniers chiffres compilés par la plateforme ONU-eau.
Au moins deux milliards de personnes boivent de l'eau contaminée par des excréments, et 2,3 milliards ne bénéficient pas de services d'hygiène de base. Des conditions propices à la propagation de maladies mortelles, choléra ou dysenterie.
Alors que le réchauffement multiplie les sécheresses, les experts climat de l'ONU (Giec) estiment aussi qu'«environ la moitié de la population mondiale» subit de «graves» pénuries d'eau pendant au moins une partie de l'année.
Alors en forme de défi, faisant un bond dans le temps en 2050, une Néerlandaise du Mouvement des jeunes pour le climat a décrit à la tribune le «signal d'alarme» qu'aura représenté cette conférence, moment où la gestion mondiale de l'eau «a changé pour devenir »plus durable, équitable et juste.
(dal/afp)