Dix-sept personnes sont mortes lundi 9 janvier à Juliaca et une trentaine sont blessées, dans le sud du Pérou, lors d'affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants antigouvernementaux. C'est ce qu'indique un nouveau bilan du média local Défenseur du peuple.
«Les victimes présentent des blessures par balle», a déclaré un responsable de l'hôpital Carlos Monge de Juliaca, où elles ont été emmenées. Les affrontements ont éclaté alors que les manifestants tentaient d'envahir l'aéroport de Juliaca, situé à environ 1300 km au sud de Lima, dans la région de Puno. Cet aéroport avait déjà fait l'objet d'une tentative d'assaut samedi 7 janvier.
Les manifestants, eux aussi, témoignent:
«Ce qui se déroule est un massacre entre Péruviens, je demande le calme, ne vous exposez pas», s'est exclamé le maire de Juliaca, Oscar Caceres, dans un appel passé à la population sur la radio locale La Decana.
Ces nouveaux décès portent à 39 personnes le nombre de personnes mortes au cours des manifestations antigouvernementales, en près d'un mois de protestations au Pérou, pays plongé dans une grave crise institutionnelle et politique.
Les manifestants réclament la démission de Dina Boluarte, arrivée à la tête du pays après la destitution en décembre du socialiste Pedro Castillo. Ils exigent aussi un nouveau Parlement et la tenue immédiate d'élections, déjà avancées de 2026 à avril 2024.
La région de Puno, frontalière avec la Bolivie, est l'épicentre des protestations dans le pays. Une grève illimitée y a lieu depuis le 4 janvier. Il s'agit également du point de départ d'une marche organisée par plusieurs collectifs de citoyens et de paysans, dont l'arrivée dans la capitale Lima est prévue aux environs du 12 janvier.
Les manifestations ont commencé après la destitution par le Parlement, puis l'arrestation le 7 décembre de Pedro Castillo, à la suite de sa tentative de dissolution du Parlement, qualifiée de «coup d'Etat» par ses adversaires politiques.
Lundi 9 janvier, le Pérou a interdit l'entrée sur son territoire à l'ancien président bolivien Evo Morales pour son «intervention» dans les affaires politiques internes du pays. Il a en effet été actif dans la politique péruvienne depuis l'arrivée au pouvoir de Pedro Castillo, en juillet 2021, et jusqu'à son éviction le 7 décembre.
Depuis, Evo Morales a exprimé son soutien aux manifestations réclamant le départ de Dina Boluarte, et notamment à celles qui ont lieu dans la région de Puno, qu'il a visitée en novembre dernier. La droite péruvienne l'accuse de pousser le sud du pays à faire sécession pour se faire annexer par la Bolivie.
Dina Boluarte est la sixième personne à occuper la présidence en cinq ans, dans un pays qui connaît une crise politique permanente émaillée de soupçons de corruption. (ats)