L'Eglise catholique ne devrait pas connaître de ruptures brutales sous le pontificat de Léon XIV. Selon un expert suisse, le nouveau pape suivra la ligne de son prédécesseur François, avec toutefois des décalages dans le style et les accents qu'il mettra.
«Bob' Francis Prevost a été appelé au Vatican par le pape François, il est devenu l'un de ses plus proches et plus importants chefs et a finalement été nommé cardinal», a déclaré vendredi Daniel Bogner, professeur de théologie morale et d'éthique à l'Université de Fribourg. Il représente les points essentiels du programme du pontificat de François: une Eglise à l'écoute, qui fait de la place à la diversité de la société et qui se définit en particulier à partir de ses marges, des plus pauvres et des exclus.
Daniel Bogner part du principe que le nouveau pape continuera à nommer des femmes à des postes élevés. Dans le même temps, il se verra confronté à l'attente de permettre également l'accès des femmes à l'ordination.
«Sur ce point, il sera confronté à de grandes tensions, car d'un côté, des évêques et même des présidents de conférences épiscopales importantes (comme celle d'Allemagne) demandent désormais l'ordination de femmes, mais d'autres parties de l'Église universelle s'y opposent aussi clairement», explique Daniel Bogner.
Dans le domaine de l'enquête sur les abus, le professeur ne voit aucun risque d'immobilisme : «Il ne peut pas faire autrement que de poursuivre le processus d'explication et d'enquête». Après que le pape François a fait de ce sujet un thème de l'Eglise universelle, il faut maintenant en venir à des étapes vraiment contraignantes pour empêcher structurellement la violence sexuelle.
Daniel Bogner fait confiance au nouveau pape pour des pas concrets, mais il pourrait y avoir des déceptions comme des surprises. Léon XIV se présente avec un mélange de modestie et de clarté, observe le professeur.
Même s'il vient des Etats-Unis, il sait par sa longue expérience personnelle que le dialogue, la coopération et l'équilibre sont essentiels dans ce monde. «Il semble savoir ce que sa fonction exige de lui», conclut Daniel Bogner. «Il sait que revendiquer quoi que ce soit comme 'first' est une impasse. Tout cela parle en sa faveur». (jzs/ats)