The Weeknd vient de l'annoncer: il boycotte officiellement les Grammy Awards. Le chanteur canadien déplore le «manque de transparence» quant aux choix du comité qui l'a exclu des nominations, alors même que celui-ci a explosé les charts de 2020 grâce à son titre «Blinding Lights» (2019) resté près d'un an dans le top 10 des meilleures ventes américaines.
Comme lui, de plus en plus de stars de la scène tournent le dos au prestigieux gala. Mais pourquoi? La réponse en cinq points.
Contrairement à de nombreuses cérémonies de remises de prix qui fixent leurs nominations en fonction de données objectives (ventes, diffusions, tournées), les prétendants aux Grammy Awards sont choisis par des comités composés d'acteurs de l'industrie musicale. Le hic: chaque membre vote en dehors de son expertise. En clair, un producteur de classique peut trancher sur le meilleur album rock de l'année, menant à de nombreux cafouillages. Justin Bieber en a d'ailleurs fait les frais cette édition en se retrouvant dans des catégories pop et country. Le chanteur de R&B a partagé son mécontentement sur les réseaux.
Qui plus est, une instance supérieure «secrète» a été instaurée afin d'évaluer et modifier la pertinence des choix du comité. Aucun moyen tant pour le public que pour les artistes d’en connaître les rouages. Et la liste définitive des nommés en course pour les prix diffèrent souvent de leur réelle popularité, comme avec The Weeknd.
La relation tendue entre les Grammy Awards et le hip-hop remonte à de nombreuses années. En 1989, la cérémonie américaine inaugurait son premier prix «rap», seule catégorie à ne pas être diffusée... à la télévision. Il faudra patienter jusqu'en 2019, soit 61 ans après la fondation du gala, pour qu'un morceau de hip-hop, «This is America», rafle pour la première fois le prix de la meilleure chanson de l'année.
Mais ce cas reste une exception dans la controverse qui lie désormais ces négligences à des intentions discriminatoires envers les afro-américains, pionniers du genre. C’est en tout cas le constat partagé par de nombreuses célébrités sur les réseaux sociaux, dont les rappeurs Drake, Kendrick Lamar, ou le chanteur Zayn Malik. Mardi 9 mars, une étude rapportée par CNN corrobore ces observations en relevant des discordances entre les ventes fracassantes de ces artistes hip-hop et leurs nominations éparses aux Grammy Awards.
Les Grammy Awards sont diffusés sur les télévisions américaines dès 20h, heure locale (1h du matin en Suisse). Pour ceux qui s'apprêtent à suivre l'événement, préparez-vous à une nuit blanche intensive. En comptant le défilé des stars sur le tapis rouge en préambule du show ainsi que les discours des gagnants qui, on le sait, s'éternisent, l'événement va durer plus de sept heures!
Un véritable challenge mental et physique qui décourage de plus en plus de téléspectateurs, notamment les plus jeunes, comme le suggère Forbes. Ce format manifestement pensé pour une audience d'une autre époque perd ainsi la génération «réseaux sociaux» habituées aux vidéos courtes. La preuve: les audiences des Grammy Awards sont passés de 26,1 millions de téléspectateurs en 2017 à 16,5 millions en 2020.
Les Grammy Awards sont connus pour récompenser toute l'industrie musicale américaine, tant les chanteurs que les producteurs, les solos que les groupes, les musiques commerciales que les plus traditionnelles. Un projet ambitieux qui fait qu'en 2009, le show a trié ses nominés parmi 110 catégories, un record.
Cette année, ces dernières sont réduites à 84, même si certaines semblent moins populaires que d'autres, comme le prix du «Meilleur album de R&B progressif», ou celui du «Meilleur album mexicain régional (Tejano inclus)».
New York et Los Angeles ont toujours été d'importants pôles commerciaux de l'industrie musicale. Raison pour laquelle cette année encore, les Grammy Awards s'organisent au coeur de la cité des anges.
Sauf qu'aujourd'hui, à l'ère du numérique, les tendances du streaming ou des réseaux sociaux rebattent les cartes de l'influence et font exploser des talents qui ne dépendent plus de NYC ou L.A. Si des artistes comme Lil Nas X ou Roddy Rich peuvent ainsi se targuer de vendre des milliers de disques dans le monde, et par la suite faire partie des nominés auxGrammy Awards, c'est moins grâce aux maisons de disques de ces deux villes qu'à l'aide accélérée des plate-formes préférées des milléniaux (les 15-35 ans). Il serait peut-être temps de faire une petite mise à jour du GPS de la musique mondiale.