La semaine dernière, des adolescents suédois ont été arrêtés à deux reprises au Danemark et inculpés de tentative de meurtre. Dans le quartier branché de Nørrebro, dans le centre de Copenhague, un jeune de 16 ans a été impliqué dans une fusillade et dans la ville de Kolding, un jeune de 17 ans aurait blessé un homme en lui tirant trois balles dans la jambe.
Il ne s'agit pas de cas isolés. Au cours des derniers mois, au moins huit Suédois de moins de 20 ans ont été arrêtés au Danemark et inculpés pour possession illégale d'armes, tentative de meurtre ainsi que pour meurtre. Dans plusieurs cas, la police danoise pense avoir évité des meurtres commandités dans le milieu de la drogue en arrêtant les adolescents à temps.
«C'est une évolution effrayante, a déclaré Torben Svarrer, chef d'une unité spéciale de la police, aux médias danois.
Les meurtriers sont recherchés sur Internet, dans des forums fermés via des chats cryptés. Selon les enquêteurs, on y trouve des annonces d'emploi dans lesquelles on recherche des personnes pour des meurtres pour l'équivalent de quelques dizaines de milliers de francs.
Les commanditaires sont des bandes criminelles actives dans le trafic de drogue qui utilisent ces adolescents suédois pour ne pas se salir les mains en cas d'homicide. Il s'agit souvent d'adolescents en difficulté qui cherchent à être reconnus ou à faire leurs preuves pour être acceptés dans le milieu des gangs, explique le chef de la police.
Les problèmes de la brutale guerre des gangs qui sévit depuis des années en Suède sont ainsi exportés. Des enfants de 12 ans y sont utilisés comme passeurs de drogue. Ils reçoivent également des armes et des ordres de meurtre.
Les gangs promettent de l'argent facile et de la drogue, mais aussi un sentiment d'appartenance et un statut important qui attirent, dans ces cas, les jeunes immigrés. Beaucoup d'entre eux grandissent dans des quartiers de banlieue suédois, marqués par les problèmes sociaux, le chômage et le manque de perspectives.
Les gangs danois prennent désormais le train en marche. En Suède, les «Torpedos», un terme emprunté à l'anglais pour désigner des tueurs à gages, constituent depuis longtemps un problème majeur. Ces «membres de gangs indépendants», comme les appelle le criminologue David Sausdal, compliquent les enquêtes de la police, car ils n'opèrent pas dans les structures habituelles des gangs. Et les contrats d'assassinat sont des règlements de comptes entre gangs rivaux. Toutefois, il y a toujours des victimes non impliquées, notamment lorsque des jeunes, nouveaux dans le «business», manient des armes à feu.
Mais quelles sont les raisons qui poussent les gangs à se servir des jeunes? Ils sont moins sévèrement punis et coûtent aussi moins chers. Les peines sont toutefois nettement plus élevées au Danemark qu'en Suède après divers durcissements de la loi. Elles ont par exemple doublé pour les délits commis dans le contexte de la criminalité en bande.
David Sausdal ne pense toutefois pas que les adolescents suédois, pas plus que les membres des gangs danois, se laisseront dissuader par des peines plus lourdes. Du point de vue de la police, il est plus important de développer les enquêtes et la surveillance numériques afin d'arrêter au moins à temps les tueurs à gages suédois.
Le ministre danois de la Justice Peter Hummelgaard a annoncé des discussions imminentes avec la direction de la police sur la meilleure façon de faire face à la nouvelle menace venant du pays voisin. Il veut à tout prix éviter les «conditions suédoises». La politicienne de gauche Karina Lorentzen a qualifié de «complètement fou le fait que l'on utilise des jeunes pour faire le sale boulot». (aargauerzeitung.ch)