Il était environ 4 heures du matin lorsqu'une détonation a retenti dans le village de Bière (VD), «Nous l’avons entendue jusqu’aux casernes, c’était très impressionnant!», explique un habitant du village dans les colonnes de 24 Heures. La déflagration éventre la machine de la Raiffeisen, souffle les fenêtres de la petite succursale et secoue les locataires situés au-dessus de la machine. Pourquoi ces bancomats sont-ils visés par les malfaiteurs? Quelle est la tendance de ce type d'attaque en Suisse romande? On vous explique tout ça.
A l'échelle nationale, le constat est sans équivoque, de 18 bancomats attaqués en 2018 on est passé à 56 machines en 2022 (tous modes opératoires confondus), selon les chiffres de l'Office fédéral de police (Fedpol).
Dans les localités alémaniques, depuis le début de l'année 2022 jusqu'au 2 février 2023, on dénombre 37 attaques aux distributeurs de billets (tentatives incluses). En Suisse romande, selon les documents de fedpol transmis à watson ce sont 23 bancomats qui ont été les cibles des criminels sur la même période.
Les documents de Fedpol révèlent que six villages vaudois ont été les cibles d'attaques à l'explosif depuis le début de l'année 2022, mais seuls les butins de la Raiffeisen de Concise (VD) et de la succursale de Bière (VD) ont été dérobés. Pour quelles raisons? Interrogé par 24 heures, le président du Conseil d'administration de la Raiffeisen évoque la vulnérabilité de ses bancomats, n'ayant pas de système de neutralisation des billets qui permet de les rendre inutilisable en les aspergeant d'encre. «Nous devions le changer en fin d’année dernière, mais les délais de livraison ont été prolongés», explique Pascal Rossy dans le quotidien vaudois.
Mais le manque de technique de neutralisation n'est pas l'unique raison qui pousse les criminels à s'attaquer aux bancomats. A regarder la liste des succursales touchées par les explosions, on constate rapidement que la majorité des machines se situent en campagne ou dans les villages. Les distributeurs étant isolés, ils sont, de ce fait, ciblés par les criminels.
Outre leur emplacement, les distributeurs attirent aussi la convoitise des criminels par les sommes importantes qui s'y trouvent. Ainsi, selon l'Aarguaeur Zeitung, à Buchberg dans le canton de Schaffhouse, les voleurs n'ont pas pu emporter les 502 510 francs et 80 335 euros qui se trouvaient dans le distributeur de la Raiffeisen situé à l'entrée du magasin Volg.
Et ce n'est pas exceptionnel de trouver une telle somme dans un distributeur de billets. En 2018 à Coldrerio au Tessin, des criminels ont fait exploser un autre bancomat, butin: 400 000 francs. Dans le canton de Fribourg, le distributeur Raiffeisen de Portalban, attaqué au mois de juin 2022, renfermait «plusieurs centaines de milliers de francs» selon la police.
Mais comment expliquer que ces distributeurs de campagne soient aussi garnis? Toujours selon le quotidien argovien, en Suisse, les banques ne rechargent pas rapidement les distributeurs pour maintenir leurs coûts d'entretien bas. Si ces machines sont récemment remplies, elles peuvent contenir plus d'un demi-million de francs. Imane Rekkas, porte-parole à fedpol confirme que la quantité d'argent se trouvant dans les machines a un impact direct sur le nombre d'attaques.
Concernant la méthode utilisée pour faire «sauter» ces distributeurs de billets, la police fribourgeoise nous explique que les auteurs opèrent soit au moyen d'explosifs, soit au moyen de gaz insufflé dans l'appareil avant d'y mettre le feu. «Cela leur permet d’agir plus rapidement», précise Martial Pugin, le chef de la communication.
De son côté, Fedpol ajoute que les attaques de bancomats exigent un certain savoir-faire.
La police fédérale ne fournit pas d'autres détails sur la méthode utilisée par les voleurs. Elle souligne toutefois que ces attaques à l'explosif comportent des risques importants pour les personnes qui résident dans le même bâtiment que le distributeur automatique de billets.
Du côté de la banque Raiffeisen, dont l'attaque de la Raiffeisen de Bière est la dernière en date (2 février 2023), elle assure à 20 Minutes «mettre en œuvre d'autres mesures de sécurité» et précise que les normes sont «à la pointe du progrès».