Le Sénat américain a procédé jeudi à la confirmation historique de la juge Ketanji Brown Jackson à la Cour suprême. Elle sera la première magistrate noire dans l'histoire de cette institution vieille de 233 ans.
Cette magistrate avait été choisie fin février par Joe Biden. Durant sa campagne, le président démocrate avait promis de nommer, pour la première fois, une femme noire à la plus haute institution judiciaire du pays:
Comme pour souligner le caractère historique de cette nomination, Kamala Harris, la première femme noire à accéder à la vice-présidence des Etats-Unis, a présidé la séance de vote.
Joe Biden, qui a regardé la retransmission du vote du Sénat en compagnie de la magistrate à la Maison Blanche, a pour sa part salué jeudi un «jour historique». Le président démocrate, pour qui cette nomination est un indéniable succès politique, l'a d'ores et déjà invitée à s'exprimer à ses côtés vendredi.
Sur les 115 juges ayant jusqu'ici siégé à la Cour suprême, il n'y a eu que cinq femmes - quatre blanches et une hispanique - et deux hommes noirs, dont l'un, Clarence Thomas, a été nommé par George Bush père et siège toujours.
Le président américain n'a eu cesse de vanter les «qualifications extraordinaires» de cette diplômée d'Harvard, qui possède une expérience dans le privé et le public, et a été avocate et juge fédérale.
A la Cour suprême, Ketanji Brown Jackson remplacera le magistrat progressiste Stephen Breyer, 83 ans, qui prendra sa retraite fin juin. Sa nomination ne changera toutefois pas le rapport de force au sein du collège de neuf magistrats, dont la mission est de veiller à la constitutionnalité des lois et de trancher les importants débats de société comme l'avortement ou le mariage homosexuel.
Avant Joe Biden, Donald Trump a en effet eu l'occasion de nommer trois juges à la Cour suprême, ancrant l'instance dans le conservatisme, possiblement pour plusieurs décennies.
En raison de ce faible enjeu, les élus républicains ont surtout utilisé l'audition de Ketanji Brown Jackson pour faire résonner leurs thématiques de campagne à sept mois de législatives cruciales, à commencer par la criminalité, qui augmente selon eux à cause du «laxisme» de Joe Biden.
En écho à cette thèse, ils ont attaqué la candidate sur son bilan en tant que juge, l'accusant d'avoir prononcé des peines légères dans plusieurs dossiers de pédopornographie, ce à quoi «KBJ» a parfois opposé une certaine lassitude:
Les démocrates, qui feront sans aucun doute campagne sur le caractère historique de cette nomination à l'heure où Joe Biden est à la peine dans les sondages, ont au contraire loué son expérience et le soutien dont elle dispose auprès de syndicats de policiers et d'anciens procureurs.
«Vous êtes ici parce que vous le méritez» et «personne ne me volera ma joie!», a lancé le sénateur noir Cory Booker lors de l'audition, dans une envolée qui a arraché une larme à la magistrate. (ats/jch)