C'est une question devenue familière depuis plusieurs années: «Où est Melania?»
En tout cas, pas à la Maison-Blanche. La première dame y aura passé moins de deux semaines tout pile au cours des 108 premiers jours du second mandat de son époux. A cette statistique accablante se sont ajoutées plusieurs vidéos de Melania et Donald Trump, dans lesquelles elle repousse sa main ou le regarde avec mépris, alimentant les spéculations sur la distance croissante au sein du couple présidentiel.
Mais ces dernières semaines, la situation semble avoir changé. Lors de ses apparitions publiques, Melania apparaît plus détendue. Au cours d'une cérémonie commémorative pour les familles de militaires le jour du Memorial Day, elle a souri à de nombreuses reprises et a tenu ostensiblement la main de Donald Trump. Des scènes que l'on n'avait pas vues depuis longtemps.
«Elle semble plus sûre d'elle, comme si elle se sentait désormais beaucoup plus à l'aise dans son rôle de première dame», explique Jossette Rivera, journaliste de longue date et experte lifestyle basée à Miami, en Floride.
Au cours du premier mandat de son mari, Melania a fait régulièrement la Une des journaux - la plupart du temps, sans le vouloir. Pour ne citer qu'un exemple, lorsqu'elle s'est affichée avec la désormais célèbre veste militaire ornée de l'inscription «Je m'en fous vraiment. Et vous?» lors d'une visite d'un foyer pour enfants immigrés.
«Maintenant, on a l'impression que c'est elle qui tient les rênes de son image», ajoute Jossette Rivera.
Le monde de la mode réagit également. Les designers qui s'étaient distanciés de Melania Trump lors de son premier mandat semblent dorénavant l'accepter à nouveau. Les portails de mode font l'éloge de ses nouvelles tenues, les qualifiant de «discrètement souveraines».
L'ancienne mannequin est également passée à l'offensive sur le plan économique. Un accord de 40 millions de dollars avec Amazon pour un documentaire exclusif sur sa vie ainsi que son livre, paru cette année, marquent un changement de stratégie: la First Lady ne veut plus être l'objet d'interprétations médiatiques, mais déterminer elle-même la manière dont le public la perçoit.
En privé, Melania semble également se sentir plus à l'aise dans son rôle aux côtés du président. Elle pourrait avoir joué un rôle particulier dans la volte-face de son mari sur l'Ukraine. La semaine passée, le président a annoncé que les Etats-Unis mettraient à disposition de l'Ukraine de missiles de défense Patriot. Certes, ce sont les partenaires européens de l'Otan qui devront payer. Mais pour Donald Trump, qui a longtemps défendu la cause de Vladimir Poutine, ce sont des propos tout à fait nouveaux.
Lors d'une apparition commune avec le secrétaire général de l'Otan Mark Rutte dans le bureau ovale, le président américain a laissé échapper, presque en passant, une remarque surprenante. Il s'est d'abord extasié sur ses conversations téléphoniques avec Vladimir Poutine, qui ont toujours été «très agréables».
Il a ensuite laissé entendre que c'était Melania qui l'avait ramené à la réalité. Après un téléphone avec le président russe, il aurait dit à la première dame qu'il avait eu une merveilleuse conversation avec Vladimir Poutine.
En Ukraine, Melania est depuis célébrée pour son intervention en tant qu'«agent Melania Trumpenko».
En 2022 déjà, Melania s'était fait remarquer lorsqu'elle avait déclaré sa sympathie pour l'Ukraine. Et il n'est pas non plus exclu qu'elle ait une véritable influence. Ce n'est pas la première fois qu'un membre de la famille Trump est soupçonné d'avoir poussé le chef d'Etat américain à prendre une décision militaire de grande envergure. En 2017, les Etats-Unis ont tiré 59 missiles de croisière sur la Syrie en représailles à une attaque au gaz toxique du dictateur Assad contre la population syrienne.
Pour justifier cette attaque surprise, Trump avait alors déclaré que «même de beaux bébés» avaient été assassinés lors de l'attaque au gaz toxique. «Aucun enfant de Dieu ne devrait jamais subir une telle horreur».
Le fils de Trump, Eric, a déclaré peu après dans une interview que sa sœur Ivanka, elle-même mère de trois enfants, avait joué un rôle actif dans cette décision surprenante. La Maison-Blanche a ensuite confirmé officiellement cette information.
Il est toutefois difficile d'évaluer l'influence réelle que Melania exerce sur son Donald. Elle reste un personnage énigmatique. Sa porte-parole de longue date, Stephanie Grisham, l'a un jour qualifiée de «première dame la plus secrète de l'Histoire».
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci