Ce dimanche, le Portugal a viré à droite. Les élections législatives, remportées de justesse par le centre droit, ont été marquées par une forte poussée des populistes. Le parti antisystème Chega (Assez, en français) a plus que doublé son score, en obtenant 18% des suffrages, contre 7,2% lors du précédent scrutin. Il est passé de 12 à 48 sièges, renforçant ainsi son rang de troisième force politique du pays.
L'issue des législatives portugaises n'est pas un cas isolé. Ces dernières années, les partis populistes ont massivement renforcé leur présence à travers le vieux continent. Ils sont désormais représentés dans la presque totalité des parlements européens, comme le montre un coup d'oeil aux résultats des dernières élections législatives, entre 2019 et 2024.
La carte ci-dessus est basée sur la classification établie par le projet «The PopuList», formé par plus de 100 chercheurs qui analysent les partis européens depuis plus de 30 ans. D'après eux, les formations populistes (de gauche comme de droite) opposent «le vrai peuple» à «l'élite corrompue» et estiment que la politique devrait être l'expression de la volonté du premier.
Ces partis ont souvent obtenu d'importants scores lors des dernières élections législatives. Le Fidesz du premier ministre hongrois Viktor Orbán a raflé plus de la moitié des voix en 2022. En Pologne, le PiS a été éjecté du gouvernement fin novembre 2023, mais reste le parti le plus voté du pays, avec 35,6% des suffrages.
La plupart des partis présents dans le classement sont qualifiés comme étant de «droite»: ils sont hostiles à l'immigration et «croient en une société strictement ordonnée, dans laquelle les violations de l'autorité doivent être sévèrement punies», explique «The PopuList». La formation portugaise Chega, le RN en France, ou l'AfD en Allemagne en sont des exemples.
Dans certains pays, les populistes de droite constituent même la principale force politique. En Finlande ou en Slovaquie, ils sont partenaires de coalition. En Italie et en Hongrie, ils sont à la tête du gouvernement.
La croissance des populistes de droite a été rapide et particulièrement importante: en l'espace de sept ans, ces partis ont doublé leur part de sièges, pour atteindre plus de 20% du total.
Cet essor peut s'expliquer par l'immigration constante, les changements sociaux majeurs et les crises telles que la pandémie de coronavirus, avance le Tages-Anzeiger. Le quotidien zurichois souligne par ailleurs que l'UDC est «le parti populiste de droite idéal». Il est en effet classé comme tel par l'équipe de «The PopuList».
La croissance électorale de l'UDC dans les années 1990 «s'est accompagnée d'une radicalisation idéologique», notent les chercheurs, qui imputent ce changement à l'action de Christoph Blocher. Ce dernier «a orienté le parti dans une direction plus populiste, xénophobe et eurosceptique».
L'UDC n'est pas le seul parti suisse présent dans le classement de «The PopuList». L'Union démocratique fédérale, la Ligue des Tessinois, le PST-POP et les Démocrates suisses en font partie, tout comme le MCG genevois. Si l'on fait le compte, indique le Tages-Anzeiger, les partis populistes ont obtenu un tiers des voix lors des dernières élections au Conseil national.