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L'UDC pas d'extrême droite? Faisons preuve d'un peu de courage

Marco Chiesa, president de l'UDC Suisse et conseiller aux Etats (TI), prend la parole lors de l'assemblee des delegues de l'UDC (Union democratique du centre) Suisse, ce samedi 15 janvi ...
Marco Chiesa, président de l'UDC. Assemblée des délégués, 15 janvier 2022, Reconvilier.Image: KEYSTONE
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L’extrême droite gouverne en Suisse et on refuse de le voir

L'exception dont bénéficie l'UDC, en particulier dans les médias, n'est plus tenable. Soit ce parti est classé à l'extrême droite comme le Rassemblement national ou Fratelli d'Italia, soit aucune de ces formations ne doit recevoir cette qualification.
03.10.2023, 18:5303.10.2023, 22:33
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Rien, strictement rien ne distingue l’UDC d’un parti comme le Rassemblement national. Dans le ton et dans le style, le premier parti de Suisse dépasse aujourd’hui en agressivité la formation française. Sur l’immigration, sur la délinquance étrangère, sur le wokisme, l’UDC tient un discours radical, frontal, brutal.

Sa dernière campagne diffusée sur les réseaux sociaux, gore à souhait, validée par les plus hautes instances du parti, témoigne d’une absence de scrupules. Dans un monde politico-médiatique dominé par la peur de décrire des réalités dérangeantes ou angoissantes, l’UDC s’en donne à cœur joie et cela lui réussit: à vingt jours des élections fédérales, elle gagne 3,1% en intentions de vote par rapport à 2019 et s’approche de son record de 29,4% de voix engrangées en 2015, selon un sondage «20 Minutes/Tamedia».

L’extrême droite est solide leader en Suisse

Il faut s’y faire, voir la réalité en face: l’extrême droite est solide leader en Suisse; leader relatif, certes, mais leader incontestable en suffrages et en sièges au Conseil national. Oui, on parle bien de l’UDC.

Pas d’accord pour dire que l’UDC est d’extrême droite? Pourquoi pas, mais dans ce cas, il faut immédiatement cesser de qualifier le Rassemblement national et Fratelli d’Italia, le parti au pouvoir en Italie, d’extrême droite. Soit ces partis, UDC comprise, sont d’extrême droite et décrits comme tels, soit aucun d’eux ne mérite ce qualificatif. Il faut choisir. Les médias suisses, romands en particulier, ne peuvent plus faire un distinguo à l’avantage de l’UDC.

Ce parti, par son langage dépourvu de précautions oratoires, est à présent plus proche de Reconquête, la formation d’Eric Zemmour, que du RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella. On invoquera le passé facho du RN (ex-FN) et de Fratelli d’Italia pour continuer à les classer à l’extrême droite, quand on se gardera de le faire pour l’UDC, au motif de son innocente ascendance paysanne. Or cela ne tient plus aujourd’hui. Ce qui compte, ce sont les idées diffusées par ces partis, en l’occurrence sur une même ligne.

Que des élus ou des citoyens, en Suisse, continuent de penser que l’UDC n’est pas comme d’autres partis européens, qualifiés, eux, d’extrême droite, cela peut se comprendre. L’attachement aux particularismes, le fédéralisme, le «y en a point comme nous», la crainte que la Suisse ne soit emportée dans des conflits idéologiques contraires à l’esprit de consensus, expliquent cet aveuglement un brin sentimental.

L'aveuglement n'est pas permis

Mais l’aveuglement n’est pas permis pour les médias. Nous savons à qui nous avons affaire avec l’UDC. Son refus d’assister au discours du président ukrainien Volodymyr Zelensky, donné en visioconférence devant le parlement le 15 juin dernier à Berne, ne manifestait pas qu’un attachement à une stricte neutralité. Cela témoignait aussi de sa position ambiguë dans la guerre en cours, où Vladimir Poutine est perçu par certains dans le parti comme le défenseur des valeurs occidentales (quelle méprise!).

Il est temps de mettre fin à cet état d’exception qui veut qu’on appréhende la donne idéologique en Suisse avec des lunettes différentes de celles qu’on chausse pour les pays voisins. La bataille des idées y est tout aussi féroce qu’ailleurs. Singulièrement dans la jeunesse et au sein de l'université.

Le «papier de position» des Jeunes Verts d’août dernier, appelant au renversement du capitalisme au profit d’une économie collectiviste, la campagne de recrutement de jeunes communistes dans des universités romandes, le collage, ces jours-ci, par les jeunes socialistes vaudois, d’affiches reprenant les codes d'un maoïsme responsable d’atrocités, en dit beaucoup sur la détermination, cette fois-ci d’une partie de la gauche, à en découdre.

Que ces radicalités fassent «un peu peur aux gens», on peut le comprendre, mais que cela effraie des médias, qui préfèrent ne pas en parler ou qui n'y voient qu'un corps étranger au génie suisse, c’est incompréhensible.

On s’aperçoit, à propos d’extrême droite, que ce qualificatif, autrefois infamant, ne nuit plus à la personne ou au parti qui en est affublé. Au contraire, cela lui profite. La faute, en partie, à cette frange de la gauche pour qui tout ce qui n’est pas dans les clous de sa pensée prétendument progressiste est d’extrême droite (d’«estrême drouate», ricanent sur les réseaux sociaux ceux qui se fichent bien d’être traités de la sorte).

Droite identitaire

Pour sortir du confusionnisme entourant l’expression «extrême droite» et pour acter le tournant civilisationnel pris par des partis comme le RN, Fratelli d’Italia ou l’UDC, défenseurs autoproclamés des valeurs occidentales, il conviendrait de les qualifier de partis identitaires ou de droite identitaire. Sinon, continuons de les taxer d’extrême droite, mais sans faire d’exception pour l’UDC et en prenant garde de les distinguer de groupuscules néonazis, intrinsèquement violents et assimilables, eux, à l’ultradroite. Soyons enfin cohérents.

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