Suite au sommet de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (ou Otan, pour les intimes), une nouvelle course aux armements menace l'Occident et la Russie. Après ces deux jours de rencontre à haut niveau entre les chefs d'Etat et de gouvernement, à Madrid, l'alliance a, de son côté, décidé de renforcer considérablement son flanc est et de lancer la procédure d'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Alliance.
En effet, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a décrit la situation sécuritaire comme sombre: «Par sa politique agressive, la Russie représente à nouveau une menace pour l'Europe, pour l'Alliance». Ce n'est pas le seul, car le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a exprimé une inquiétude similaire.
Ainsi, le Norvégien, en faisant référence à la guerre en Ukraine, mais aussi à la politique de la Chine, perçue comme agressive, a déclaré:
Les deux hommes ont, toutefois, également souligné qu'ils pensaient que l'organisation était prête à relever les défis.
Les 30 pays qui composent l'Alliance ont adopté un nouveau modèle de forces armées. Selon Stoltenberg, celui-ci vise à augmenter le nombre de soldats disponibles de 40 000 à plus de 300 000. En outre, davantage d'armes lourdes seront transférées, notamment dans les pays baltes et en Pologne. Rappelon une autre avancée majeure, après des semaines de blocage par la Turquie, l'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'Otan a été mise en route. La rencontre de Madrid a marqué la fin d'un «sommet» marathon de huit jours entre l'Union européenne, le G7 et l'Otan.
Jeudi, les alliés ont, par ailleurs, décidé d'augmenter sensiblement le budget commun. Selon les informations de l'agence allemande dpa, plus de 20 milliards d'euros (autant en francs) supplémentaires devraient être disponibles d'ici fin 2030. Pour la période de 2023 à 2030, les calculs de l'Otan indiquent un total de près de 45 milliards d'euros.
«Le rideau de fer, de fait, il est déjà en train de s'abattre», a lancé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse à Minsk, reprenant le terme qui a marqué l'histoire de l'Europe pendant la Guerre froide, et n'est tombé qu'avec la chute du mur de Berlin en 1989.
De son côté, Vladimir Poutine, le président russe, ne voit pas dans l'élargissement de l'Otan une réelle menace pour la Russie, mais il a néanmoins évoqué une réaction militaire. Il a déclaré à l'agence Tass:
Et le maître du Kremlin de conclure: «Tout allait bien entre nous, mais maintenant il y aura des tensions, c'est évident, indubitable, on ne peut pas s'en passer».
Les tensions entre l'Otan et la Russie sont déjà plus fortes que jamais depuis la guerre froide. Poutine a accusé les principaux membres de l'alliance de vouloir, affirmer avec l'aide de l'Ukraine, «sa suprématie, ses ambitions impériales».
Le chancelier Olaf Scholz a sèchement rejeté cette accusation: «C'est honnêtement assez ridicule», a-t-il déclaré. L'Otan est une alliance défensive, elle n'attaque pas d'autres pays et ne représente une menace pour personne dans le voisinage.
Mardi prochain, l'Alliance décidera formellement de l'adhésion de la Suède et de la Finlande en signant les protocoles d'adhésion. Ils devront ensuite être ratifiés par les 30 Etats membres. Selon les estimations, cela pourrait prendre six à huit mois.
Sous l'influence de l'attaque russe contre l'Ukraine, les deux pays nordiques avaient décidé de renoncer à leur neutralité de plusieurs décennies et d'adhérer à l'Otan. La frontière de l'Alliance avec la Russie s'allonge ainsi de plus de 1300 kilomètres.
L'Ukraine, attaquée par la Russie, peut compter sur l'aide, à long terme, des pays de l'Otan. «Nous soutiendrons l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra», a déclaré le président américain Joe Biden à Madrid. Les Etats-Unis et les autres alliés resteront donc aux côtés de l'Ukraine pour s'assurer que le pays ne soit pas vaincu par la Russie.
Parallèlement, Joe Biden a promis, jeudi, de nouvelles livraisons d'armes à ce pays en guerre pour un montant de plus de 800 millions de dollars (environ 769 millions d'euros). Son gouvernement prévoit de faire une annonce en ce sens dans les prochains jours. Il s'agit notamment d'un nouveau système de défense aérienne moderne et de munitions supplémentaires pour le système de lance-missiles Himars que Kiev a déjà reçu.
Une éventuelle livraison de chars de combat de fabrication allemande par les forces armées espagnoles à l'Ukraine a également été évoquée en marge du sommet. La ministre de la Défense d'Allemagne, Christine Lambrecht, s'est entretenue avec son homologue espagnole Margarita Robles à Madrid. L'Espagne n'a pas encore pris de décision.
Toutefois, selon des sources espagnoles, il est relativement clair que les armes que Madrid envisage de livrer sont des chars de combat de type Leopard 2 A4 ainsi que des missiles antiaériens. Les tanks en question ont été mis au rebut et doivent d'abord être préparés pour être utilisés. Selon la presse espagnole, environ 40 des 108 chars, achetés d'occasion par l'Espagne, en 1995, pourraient être remis en état de marche. Mais l'Allemagne devrait d'abord donner son accord pour un transfert.
Après Madrid: Vilnius. Selon Jens Stoltenberg, le sommet de l'Otan de l'an prochain aura lieu sur le flanc est de l'alliance, au plus près de la Russie. Les membres se rencontreront dans la capitale lituanienne a déclaré le Norvégien. La Lituanie a une frontière commune avec l'enclave russe de Kaliningrad sur la mer Baltique. L'Etat balte a également une frontière avec la Biélorussie, un (très) proche allié de Moscou.
Et poour finir, si vous ne vous souveniez plus de tous les membres de l'Otan, les voici:
(saw/jah/ats)