Face à la guerre d'agression russe en Europe, la plus puissante alliance de défense du monde réoriente sa boussole: la «plus grande réorganisation de notre défense collective et de notre dissuasion depuis la guerre froide» s'opère avec le sommet de Madrid qui a lieu en ce moment, selon le secrétaire général Jens Stoltenberg.
Oui. Juste à temps pour le début du sommet, la Turquie a abandonné son veto à l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Otan. Après des négociations de dernière minute, mardi soir, le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président finlandais Sauli Niinistö et la première ministre suédoise Magdalena Anderssonder sont parvenus à un accord en ce sens. Les étapes concrètes du processus d'adhésion seront définies par l'Otan au cours des deux prochains jours. Le président américain Joe Biden a salué l'accord comme un pas décisif vers le renforcement de l'Alliance et comme une «belle façon de commencer le sommet»:
Congratulations to Finland, Sweden, and Turkey on signing a trilateral memorandum – a crucial step towards a NATO invite to Finland and Sweden, which will strengthen our Alliance and bolster our collective security – and a great way to begin the Summit. pic.twitter.com/ug47DhRDGl
— President Biden (@POTUS) June 28, 2022
Le blocage d'Erdogan était dû à sa critique de l'attitude de la Suède et de la Finlande vis-à-vis du PKK, le parti kurde interdit dans l'UE. Les deux pays scandinaves ont, désormais, fait des concessions et promettent de coopérer plus étroitement avec la Turquie dans la lutte contre le terrorisme. Cela comprend également des discussions sur un accord concernant l'extradition de personnes soupçonnées de terrorisme.
En augmentant le nombre de ses troupes de combat sur le territoire oriental de l'Alliance. Les «Battle-Groups» multinationaux dans les pays baltes, en Pologne et dans d'autres pays d'Europe de l'Est, étaient jusqu'à présent constitués en bataillons. Il est désormais prévu d'augmenter leur taille à celle d'une brigade. Normalement, une brigade compte entre 3000 et 5000 soldats.
En outre, l'Otan veut augmenter sa «force de réaction rapide» d'environ 40 000 soldats actuellement à plus de 300 000, comme l'a annoncé son secrétaire général Jens Stoltenberg. Ces soldats sont soumis à une disponibilité opérationnelle accrue et doivent pouvoir être déployés dans un délai donné. On parle de dix jours pour certaines unités, d'autres dans un délai de 30 à 50 jours. En temps de paix, les troupes sont placées sous commandement national. En cas d'urgence, c'est le commandant suprême de l'Otan en Europe qui prend le relais, actuellement le général américain quatre étoiles Tod D. Wolters.
Non, l'Otan en tant que telle veille à ne pas être perçue comme un acteur dans la guerre en Ukraine. Les livraisons d'armes proviennent donc des différents membres, comme par exemple les Etats-Unis, qui sont à ce jour le plus grand soutien avec près de quatre milliards de dollars d'aide en armes promise. On s'attend, toutefois, à ce que certains pays rendent publiques leurs nouvelles livraisons d'armes lors du sommet de l'Otan. L'Allemagne et les Pays-Bas ont ouvert le bal, mardi, en annonçant la livraison de six obusiers blindés 2000 supplémentaires.
L'Otan elle-même annoncera de nouvelles aides dans le domaine des moyens de communication sécurisés, de la défense contre les drones et du carburant. Il s'agit en outre de savoir comment l'Ukraine pourra, à moyen terme, passer complètement des anciennes armes soviétiques aux armes modernes de l'Otan.
Tous les dix ans, l'Otan révise son concept stratégique. La dernière fois, c'était en 2010 et la Russie y figurait encore en tant que «partenaire». Il n'en est plus question aujourd'hui. L'Otan va adopter «un nouveau concept pour une nouvelle réalité», dans lequel la Russie représente la «menace la plus importante et la plus directe» pour l'Alliance, a déclaré le secrétaire général Stoltenberg. Pour la toute première fois, la Chine est également mentionnée en tant que «défi pour la sécurité et les valeurs» de l'Alliance. (aargauerzeitung.ch)