Tout roule pour Sauber. En effet, cela fait désormais quatre courses que l’écurie de Hinwil (ZH) parvient à placer l’un de ses pilotes dans les points.
Encore plus fort: Nico Hülkenberg a décroché la troisième place dimanche au Grand Prix de Grande-Bretagne, signant ainsi son tout premier podium en Formule 1 après 239 départs. Jamais un pilote n’avait attendu aussi longtemps pour grimper sur la boite. Cela faisait également 12 ans, 8 mois et 30 jours qu’une Sauber n’avait plus signé une telle performance.
Ce résultat est intervenu alors que, pour la première fois de la saison, Hülkenberg avait cédé son volant en FP1 à l’Estonien Paul Aron, pilote de réserve de l’écurie Alpine. Un mouvement totalement inhabituel, les deux équipes n’entretenant aucun lien entre elles. Il en sera de même début août à l'occasion du Grand Prix de Hongrie.
Ce prêt inédit s’inscrit dans une logique de donnant-donnant. Depuis le départ de son pilote de réserve historique, Théo Pourchaire, à l’issue de la saison 2024, suivi de celui de Robert Shwartzman, parti tenter sa chance en IndyCar, Sauber évolue sans pilote de développement ni jeune inexpérimenté en réserve.
Or comme le prévoit le règlement, adapté en début de saison, chaque pilote titulaire est tenu de céder son baquet à un rookie lors de deux séances d'essais libres 1 dans l'année. Coéquipier de Nico Hülkenberg chez Sauber, Gabriel Bortoleto n'est pas concerné par cette obligation, puisqu’il effectue sa première saison en Formule 1. Ses apparitions à Melbourne puis à Shanghai ont suffi à remplir son quota. Restait cependant à trouver une solution pour le vétéran allemand, 37 ans, d'où la venue de Paul Aron.
Alpine, de son côté, a tout intérêt à offrir du temps de roulage à son pilote de réserve de 21 ans. L’écurie mise en effet sur lui pour l’avenir, depuis qu'il a terminé troisième du championnat de F2 en 2024, derrière Bortoleto et Hadjar. Il avait suite à cela participé aux essais d’après-saison à Abu Dhabi avec l’équipe française.
Ces nouveaux tours de circuit, cette fois pour le compte de Sauber, sont aussi un moyen de tester activement le jeune talent, alors que le flou persiste autour du deuxième pilote de l'écurie Alpine. Celle-ci a déjà relégué Jack Doohan dans la hiérarchie et semble peu convaincue par son remplaçant, Franco Colapinto. En coulisses, il se murmure même que l'équipe chère à Flavio Briatore s’intéresse à Valtteri Bottas. A moins que Paul Aron ne finisse par obtenir sa chance?
L’Estonien a fait bonne impression vendredi, terminant 17e de la séance inaugurale devant Gabriel Bortoleto, alors même qu’il n’avait encore jamais conduit la C45. Au terme de 25 tours, parcourus sans endommager ni trop pousser la voiture, conformément aux consignes d'équipe, Aron a posé les bases d’un week-end solide pour Sauber, contribuant à préparer une voiture que personne n’imaginait terminer troisième du Grand Prix de Grande-Bretagne, deux jours plus tard. Il en suffit parfois de moins pour obtenir un volant en Formule 1.