Des réunions BDSM «de dépravés» embarrassent Poutine
Les apôtres de Vladimir Poutine manquent d'adjectifs pour qualifier ce qu'ils viennent de découvrir sur leur écran d'ordinateur. «Inacceptable!», «irrespectueux!», «dégradant!» «blasphématoire!», «sordide!» sont les termes les plus régulièrement dégainés, depuis que des photos et des vidéos de soirées BDSM batifolent sur les réseaux sociaux. Si la teneur de ses soirées font déjà tressaillir la prude Russie, l'écrin particulier qui a accueilli «une quinzaine» de ces bastringues sexuelles scandalisent en plus haut lieu.
Mais de quoi parle-t-on exactement? D'un groupe privé, composé de 200 membres et baptisé Blue Velvet (on ignore si c'est un hommage volontaire au cinéaste David Lynch). Derrière ce blase, qui fleure bon la culture occidentale, se cachent des passionnés de bondage et un concept de soirée qu'on ne risque pas de croiser dans les dédales du Kremlin. Ses détracteurs, le propagandiste Vladimir Soloviev en tête, réduisent ces fêtards coquins à «des dépravés qui se réunissent pour se déshabiller, boire, se droguer, se filmer et danser».
A peine remise de la longue polémique de «l'orgie de Moscou», la Fédération de Russie doit désormais dealer avec du latex, des masques, des menottes et des martinets qui embarrassent le pouvoir.
Avant que le scandale n'éclate, lundi, la police avait déjà fait une descente musclée dans un club gay d'Ekaterinbourg, début février, pour couper court à une sauterie privée organisée par ce fameux Blue Velvet. Selon un média local, une dizaine d'individus avaient été arrêtés, des procès-verbaux distribués comme des hosties et quelques parents se font tirer les oreilles pour avoir laissé leur mioche y participer.
Mais l'affaire a enflé d'un coup sec quand les autorités ont découvert que la salle funéraire de la Maison des officiers, toujours à Ekaterinbourg, n'accueillait pas uniquement les cadavres tombés au front de guerre.
Oui, vous avez bien lu. Dans ce baraquement militaire planté dans l'Oural, on organise habituellement les funérailles des soldats russes tués en Ukraine. C'est donc sans surprise que les huiles russes se sont étranglées lorsqu'ils ont eu accès aux réseaux sociaux privés de Blue Velvet. Ekaterina Ipatova, militante proguerre et patronne de la Volunteer Company a qualifié ces fêtes de «blasphématoires».
La qualité artistique indéniable des photos et des vidéos postées, notamment sur Telegram, n'a évidemment pas permis de calmer les esprits les moins libidineux. Pour ne rien arranger, Georgy Podkorytov, le chef adjoint de la Chambre des officiers, a été contraint de démissionner, après avoir admis qu'il avait «participé à quelques fêtes sexuelles». Le militaire coquin s'était pourtant plaint, publiquement et quelques heures plus tôt, de l'organisation de ce type de «soirées dans un lieu aussi sacré».
Enfin, le blogueur militaire proguerre Sergei «Zergulio» Kolyasnikovo s'est emporté sur Telegram: «Sniffer de la coke et enculez-vous partout où vous voulez, mais pas dans la Chambre des officiers!». Selon un média local, une «plainte a été déposée auprès du parquet général de la ville».
On est prêt à parier que ce n'est pas la dernière fois qu'on entend parler de Blue Velvet.