Le dirigeant tchétchène et soutien de Poutine, Ramzan Kadyrov, revient sur ces propos. L'homme, qui a annoncé lundi prendre «un congé illimité», annonce désormais devoir demander à Poutine avant de partir. Des déclarations rapportées par l'agence de presse russe Tass.
En effet, dans une vidéo publiée sur Telegram, le «chien sanguinaire» de Poutine, comme on le surnomme souvent, a annoncé lundi vouloir se retirer de son poste, a écrit le magazine Forbes.
Ce mardi, l'homme tient un discours tout à fait différent. Selon un message diffusé sur sa chaîne Telegram, Ramzan Kadyrov a décidé «de battre le record actuel» du plus long mandat à la tête de la région, soit 27 ans.
Lundi, le dirigeant tchétchène a eu des propos surprenants: «Nous avons un proverbe parmi les Caucasiens, les Tchétchènes. Peu importe à quel point un invité est respecté et attendu depuis longtemps, s'il part à l'heure, c'est encore plus agréable. Mon heure est venue avant qu'ils ne me mettent à la porte», peut-on lire dans une traduction du site Nexta TV.
«J'ai réalisé que j'étais à mon poste depuis longtemps», a-t-il dit, selon Radio Free Europe, dans cette déclaration vidéo ponctuée de rires. «Je pense que mon heure est venue.»
Don Kadyrov announces that he's been head of Chechnya for long enough and is leaving the post pic.twitter.com/tvK0h3alos— Adam Ure (@TheAdamUre) September 3, 2022
Il a soutenu Poutine dans la guerre d'Ukraine avec ses propres soldats. En mars, selon des informations non confirmées, il se serait même rendu dans la zone de guerre. Des unités tchétchènes auraient également participé au massacre de Boutcha. En mai, il a menacé d'étendre la guerre hors de l’Ukraine. Dans une vidéo qui avait été diffusée sur son canal Telegram, il évoquait les prochaines étapes: «Le sujet de l'Ukraine est déjà clos. Je suis plus intéressé par la Pologne», a-t-il dit. «Si un ordre est donné, nous montrerons que nous sommes prêts en six secondes.»
Il avait conseillé à la Pologne de «ranger ses armes et retirer ses mercenaires». Considéré comme particulièrement loyal envers le chef du Kremlin, pour lui, seul Poutine peut être qualifié de président: il a même changé son propre titre en «chef» de la Tchétchénie.
Kadyrov, 45 ans, dirige la République tchétchène d'une main de fer, depuis 2007, et est le dirigeant le plus ancien d'une région russe. Homme de confiance du président Vladimir Poutine, il rencontre régulièrement le chef du Kremlin. La dernière fois, c'était le 5 août.
Reste à savoir si le leader tchétchène passera de la parole à l'acte. Ramzan Kadyrov avait déjà parlé à plusieurs reprises de démissions. «Je suis sceptique. Il a déjà dit ce genre de choses par le passé», a déclaré à Radio Free Europe Ivan Klyszcz, un expert du Caucase et doctorant à l'Institut d'études politiques Johan Skytte en Estonie. Ainsi, en 2017, il s'était déjà montré prêt à démissionner.
Anton Barbashin, directeur de la rédaction de la plateforme Riddle Russia, a qualifié le timing d'«étrange». L'annonce de Kadyrov «irait maintenant à l'encontre de l’état d’esprit général en Russie. Le message de tout le système est de "rester sur place" à cause de la guerre en Ukraine», a déclaré Barbashin dans un tweet.
Many sound voices here note that it would not be the first time for Kadyrov to say "time to go" only to have people "cheer" him to stay.
— Anton Barbashin (@ABarbashin) September 3, 2022
This would however be against the general vibe of Russia now. Entire system's message is to "stay put" because "SMO".
Timing is peculiar.
Kadyrov dirige sa république en leader autoritaire. Il n'y a plus d'élections libres en Tchétchénie. Il y a un an, il a été réélu avec 99,6% des suffrages. Et des violations des droits de l'homme sont régulièrement reprochées à son gouvernement. On lui prête un train de vie exubérant, qui serait financé par la corruption. Père de 12 enfants, il aurait une relation avec deux femmes en même temps. Kadyrov aurait construit un palais pour chacune d'entre elles à Grozny, la capitale tchétchène, et selon les médias, un troisième palais lui servirait comme siège du gouvernement.
Son père Akhmad avait déjà été nommé chef de la Tchétchénie par Poutine Une récompense pour avoir tourné le dos à son armée lors de la deuxième guerre de Tchétchénie en 1999. Il s'était battu, à la place, aux côtés des Russes.
((t-online,wan ))
Traduit et adapté de l'allemand par sia