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Ksenia Sobtchak, la Paris Hilton russe et filleule de Poutine

Sous le coup d'accusations d'extractions de fonds, la journaliste et opposante politique Ksenia Sobtchak, a quitté la Russie au terme d'une fuite mouvementée.
Sous le coup d'accusations d'extractions de fonds, la journaliste et opposante politique Ksenia Sobtchak, a quitté la Russie au terme d'une fuite mouvementée. image: instagram

La «Paris Hilton russe» et filleule présumée de Poutine a fui la Russie

Son départ rocambolesque de Russie est à la hauteur du personnage: ancienne vedette de la télé-réalité, journaliste et opposante politique, Ksenia Sobtchak a plus d'une corde à son arc et n'a jamais hésité à défier l'autorité de son «parrain», Vladimir Poutine.
28.10.2022, 18:59
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Pas de jet privé ni de limousine: c'est à pied que la figure de la jet-set russe, Ksenia Sobtchak, 40 ans, a traversé la frontière lituanienne ce mercredi. (Presque) incognito. Casquette vissée sur la tête et sweat à capuche extralarge.

Ni vue ni connue, ou presque: des images de caméras de surveillance biélorusses fuitent sur la Toile et confirment la fuite de la journaliste en Lituanie.
Ni vue ni connue, ou presque: des images de caméras de surveillance biélorusses fuitent sur la Toile et confirment la fuite de la journaliste en Lituanie.image: ill sisters

Une silhouette à des kilomètres des looks pointus que la rédactrice de l'Officiel Russie partageait sur Instagram avec ses presque 10 millions d'abonnés, une semaine plus tôt.

Ksenia Sobtchak n'en est pas à son premier affront contre les autorités russes: elle a l'habitude de braver les interdits, en prononçant le mot «Crimée» ou «Navalny».
Ksenia Sobtchak n'en est pas à son premier affront contre les autorités russes: elle a l'habitude de braver les interdits, en prononçant le mot «Crimée» ou «Navalny».image: instagram

Une fuite précipitée, mais pas inexpliquée. Mardi soir, l'arrestation de deux proches collaborateurs de la journaliste lui met la puce à l'oreille. Une intuition confirmée mardi, par les médias d'Etat russes, dont Tass et la chaîne RT, qui annoncent qu'elle est officiellement recherchée pour «extorsion de fonds». Sa luxueuse maison de Moscou est perquisitionnée. Ksenia Sobtchak risque jusqu'à 15 ans de prison.

Ajoutez à cela quelques ingrédients et vous obtenez une fuite digne d'un épisode de James Bond: un billet d’avion pour Dubaï, un autre pour Istanbul, une voiture pour quitter Moscou en pleine nuit (direction la Biélorussie), et finalement, un passeport israélien, afin de traverser la frontière avec la Lituanie en toute légalité.

Au terme de plusieurs heures de voyage, la journaliste est parvenue à quitter la Russie au nez et à la barbe des services de police. Une fuite audacieuse racontée à force de détails qui fait les gros titres de la presse moscovite et internationale mercredi.

La Paris Hilton russe qui lorgnait le Kremlin

Faire la Une des médias, Ksenia Sobtchak a l'habitude.

Pas seulement celle de Playboy sur laquelle elle figure au début des années 2000.
Pas seulement celle de Playboy sur laquelle elle figure au début des années 2000.image: playboy

Après s'être constitué un petit pécule en rachetant à bas prix des entreprises d’Etat privatisées, la golden girl se fait connaître du grand public en animant des émissions de télé-réalité.

«Oui, j’ai participé au pillage de la Russie. Comment aurais-je pu résister? J’ai fait du fric comme tout le monde au vu des possibilités de l’époque»
Ksenia Sobtchak

Cependant, celle qu'on présente comme une «ravissante idiote» a bien d'autres ambitions que de courir les shows télévisés. Elle bifurque dans le journalisme politique au sein de la chaîne indépendante Dojd, avant de se lancer elle-même dans l'arène.

La «filleule» gênante qui prenait le thé chez Poutine

La politique, Ksenia Sobtchak l'a dans le sang. Sa mère est sénatrice, son père le premier maire de Saint-Petersbourg élu démocratiquement. Anatoli Sobtchak est l'un des principaux mentors d'un certain Vladimir Poutine, qu'elle côtoie dès son plus jeune âge.

«Elle ne voit pas (Poutine) comme un être inaccessible ou hiérarchiquement supérieur, puisqu'il venait boire le thé à la maison. C'est quelque chose de tout à fait important, qui a conditionné sa vision de la politique», explique son stratège politique Vitali Shkliarov en 2018 à Libération.

«Le seul lien que j'ai avec Poutine, c'est quand j'étais une fille de 10 ans... C'était juste un type qui travaillait avec mon père pour la ville», dira-t-elle à la BBC au sujet de ses relations avec  ...
«Le seul lien que j'ai avec Poutine, c'est quand j'étais une fille de 10 ans... C'était juste un type qui travaillait avec mon père pour la ville», dira-t-elle à la BBC au sujet de ses relations avec le maître du Kremlin.Image: sda

Une proximité qui a longtemps valu à Ksenia Sobtchak la réputation d'être le «larbin du Kremlin» , mais qui ne l'empêchera pas de briguer le poste de présidente de la Russie, en se présentant aux élections de 2018 contre son «parrain».

Une opposition gênante

Ces derniers mois, la candidate malheureuse à l'élection profite de son influence et de ses millions d'abonnés sur YouTube pour dénoncer l'invasion russe de l'Ukraine.

A-t-elle prononcé le nom de «guerre» ou la critique de trop? En tout cas, la «Paris Hilton russe» en est certaine: les accusations portées d'extorsion depuis cette semaine à son égard sont infondées.

Sur sa chaîne Telegram, elle dénonce une tentative de faire pression sur sa société de médias, Attention Media: «Il est clair qu'il s'agit d'une attaque contre ma rédaction, la dernière rédaction libre en Russie qui a dû être mise sous pression», ajoutant qu'elle espère qu'il s'agit d'un «malentendu».

Pour le politologue pro-Kremlin Sergey Markov sur sa chaîne Telegram, ces poursuites sont un signe pour l'élite russe: «S'ils sont prêts à arrêter pour une bagatelle, pour une simple extorsion, pour de l'argent, même la fille du professeur et mentor préféré du président Poutine, à qui tout le monde a pardonné pendant de nombreuses années, alors il n'y a plus d'intouchables». Nul Russe n'est plus à l'abri. Pas même la «filleule» de Poutine.

Des drones kamikazes iraniens sont utilisés par l'armée russe en Ukraine
Video: watson
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Zelensky est en colère contre l'Occident
Pour Volodymyr Zelensky, c'est certain: les victimes du bombardement de la ville ukrainienne de Tchernihiv auraient pu être évitées si l'Occident avait fourni des défenses aériennes à Kiev. Il demande que son pays reçoive le même genre d'armement qu'Israël lors de l'attaque de missiles par l'Iran.

Les tirs ont eu lieu tôt mercredi matin: trois missiles russes sont tombés près du centre de Tchernihiv, dans le nord de l'Ukraine. Un immeuble de plusieurs étages a été gravement endommagé. L'université et un hôpital ont également été touchés. L'après-midi, on dénombrait 14 morts et plus de 60 blessés, un bilan qui devrait encore s'alourdir. Les autorités locales ont indiqué qu'elles continuaient à rechercher des personnes ensevelies sous les décombres.

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