Pour le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, ça ne fait aucun doute: les sanctions de l'Union européenne «feront très mal» à la Russie. Mardi, l'UE a en effet approuvé un paquet de rétorsions à l'égard de Moscou, tout comme les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et le Japon. Voici comment ils vont procéder.
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Il ne s'agit pas d'une nouveauté. Les sanctions sont même considérées comme un «instrument essentiel de la politique étrangère et de sécurité commune» de l'Union européenne. Elles visent à «provoquer un changement dans la politique des personnes et des entités visées», explique le Conseil européen sur son site internet, tout en «minimisant les conséquences négatives pour ceux qui ne sont pas responsables des actions conduisant à leur adoption». Elles peuvent viser:
L'UE impose des sanctions à l'encontre de la Russie depuis mars 2014, «en réponse à l'annexion illégale de la Crimée et à la déstabilisation délibérée de l'Ukraine». Les Etats-Unis, l'Australie, le Canada, ainsi que l'Albanie, l'Islande, le Monténégro et l'Ukraine ont fait de même.
La Suisse, soucieuse de garder intact son rôle d’interlocutrice, ne reprend pas les sanctions décidées par l'UE. Berne adopte, cependant, des mesures empêchant Moscou de contourner les punitions édictées.
Mardi, l'UE a approuvé un «paquet de sanctions» contre Moscou, à l'image des Etats-Unis, du Canada, du Royaume-Uni et d'autres pays, dans l'objectif de «frapper la Russie très fort», comme l'a affirmé le premier ministre britannique Boris Johnson. Reuters a dressé une liste des personnes et entités visées.
Les Etats-Unis vont adopter des «sanctions de blocage total» à l'encontre des banques russes VEB et Promsvyazbank. L'ensemble du secteur bancaire russe pourrait être visé par des sanctions si la Russie poursuit son invasion de l'Ukraine, a affirmé un responsable américain.
De son côté, le Royaume-Uni a annoncé des sanctions contre cinq instituts: Rossiya, Black Sea Bank, Genbank, IS Bank et Promsvyazbank.
Les Etats-Unis vont également mettre en place des sanctions sur la dette souveraine russe. «Cela signifie que nous coupons le gouvernement russe du financement occidental», a affirmé le président Joe Biden.
Par conséquent, Moscou ne peut plus lever d'argent à l'ouest et ne peut plus négocier sa nouvelle dette sur les marchés américains et européens. Cette mesure pourrait peser sur la valeur du rouble, et renchérir le coût pour les consommateurs russes des produits importés.
L'Union européenne a imposé des sanctions à cinq personnes qui ont participé à des élections législatives russes en Crimée annexée en septembre 2021. De plus, l'UE a annoncé le gel d'avoirs et l'interdiction de visas des 351 députés russes de la Douma qui ont approuvé la reconnaissance de l'indépendance des territoires séparatistes.
Dans le même temps, le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont imposé des sanctions contre des élites russes proches du président Poutine.
C'était la première sanction européenne depuis l'escalade en Ukraine: le processus d'approbation du gazoduc russo-allemand Nord Stream 2 a été stoppé «jusqu'à nouvel ordre».
Plus largement, la compagnie gazière publique Gazprom, sa branche pétrolière Gazpromneft et les producteurs de pétrole Lukoil, Rosneft et Surgutneftegaz sont confrontés à divers types de restrictions sur les exportations/importations et la levée de la dette.
Ces sanctions seront-elles efficaces? C'est tout sauf certain, malgré le ton menaçant utilisé par les pays occidentaux. Il s'agit de moyens de riposte limités, estime Le Parisien, notamment si comparés à une intervention militaire directe. De plus, elles n'ont pas dissuadé Vladimir Poutine de défier l’Occident.
Mardi, Josep Borrell a, par ailleurs, affirmé: «Les sanctions n'ont pas des effets miraculeux. Mais les sanctions, ça fait du mal économiquement et ça fait du mal aux personnes affectées».