La censure continue ses ravages en Russie. Le régime de Poutine s'applique à faire tomber un pays tout entier dans les rets de la dictature. Maître Poutine contraint son peuple jusqu'à la brisure et joue un jeu dangereux en multipliant la désinformation.
Le 1er mars, après une semaine d'horreur en Ukraine, des informations ont été publiées selon lesquelles la Russie s'apprêtait à bloquer Wikipédia. Des informations récoltées par Slate suggèrent qu'après les menaces de censure du Kremlin, les Russes ont commencé à se ruer en masse sur une version de Wikipédia hors-ligne.
Actuellement, la Russie est le pays avec le plus de téléchargements de Wikipédia. Une progression qui se chiffre à 4000%. Avant d'envahir le voisin, la nation de Poutine n'avait que rarement intégré le top 10. Mais après l'invasion de l'Ukraine le 24 février, elle a caracolé en tête pour ne plus la lâcher. Pour être tout à fait précis, le fichier Wikipédia (en russe) a été téléchargé 105 889 fois au cours de la première moitié de mars.
Interrogé par Slate, Stéphane Coillet-Matillon, qui dirige Kiwix, un logiciel libre permettant de consulter des contenus issus du web hors-ligne, confirme que les téléchargements venant de Russie représentent désormais 42% de tout le trafic sur les serveurs Kiwix, contre seulement 2% en 2021. Et ce n'est qu'une partie partiellement visible de l'iceberg.
"Les Russes se précipitent pour télécharger Wikipedia avant qu'elle ne soit banni" article en anglais (qui montre bien la résilience de Wikipédia et qui mentionne notamment @KiwixOffline ) https://t.co/HvS1Mw1zh4
— VIGNERON Nicolas Ⓦ (@belett) March 22, 2022
La vague de téléchargements est aussi forte, car la source d'information (neutre) incarnée par Wikipédia pourrait se voir bloquée très prochainement. L'agence de censure du Kremlin, Roskomnadzor, est intransigeante et a averti Wikipédia d'une sanction prochaine. De quoi nourrir les accents de propagande à l'intérieur du pays.
La Fédération de Russie est prête à sévir, prétextant que l'article en russe sur la récente invasion de l'Ukraine ne correspondait pas à la version du Kremlin. Rappelons que Facebook et Instagram sont déjà bloqués et sous enquête pour juger si le groupe Meta est une «organisation extrémiste».
La Russie n'est pas à son coup d'essai: elle avait également tenté de censurer l'encyclopédie en ligne en 2015, jugeant que certains articles sur le cannabis et ses dérivés étaient répréhensibles. Une requête boudée par Wikipédia. Conséquence: le site s'était vu bloqué pendant une journée.
L'encyclopédie en ligne pourrait faire rapidement les frais de la nouvelle loi fraichement adoptée par Poutine, brandissant la menace de 15 ans de prison pour n'importe quel journaliste qui ne collerait pas au récit de l'oracle Poutine.