Cet ancien chef séparatiste dans l'est de l'Ukraine est accusé d'«extrémisme» et risque jusqu'à cinq ans de prison. Il a été placé en détention.
Sur son site, le tribunal Mechtchanski de Moscou indique qu'Igor Guirkine est accusé d'avoir lancé sur Internet des «appels publics à mener des activités extrémistes». Une audience est en cours, en sa présence, pour décider de son placement en détention provisoire.
«Il a été interpellé par les forces de l'ordre» dans la matinée à son domicile de Moscou, a affirmé Alexandre Molokhov.
Depuis le début de l'offensive russe en Ukraine, Igor Guirkine publiait régulièrement des messages critiques visant l'état-major russe sur son compte Telegram, suivi par plus de 875 000 abonnés.
L'un de ses derniers messages, publié mardi, semblait s'en prendre, sans le nommer, au président russe Vladimir Poutine. Igor Guirkine y affirmait qu'un «minable» était au pouvoir depuis 23 ans en Russie et que le pays ne supporterait pas «six années de plus de ce lâche au pouvoir».
Igor Guirkine a été placé en fin d'après-midi en détention provisoire pour deux mois renouvelables par un tribunal de Moscou. Il est accusé d'avoir lancé sur Internet des «appels publics à mener des activités extrémistes», un crime passible de cinq ans de prison.
Il est apparu dans la cage en verre réservée aux détenus du tribunal, immobile et les bras croisés pendant de longues minutes, ont constaté des journalistes de l'Agence France-presse (AFP). A l'extérieur, quelques dizaines de manifestants se sont réunis pour le soutenir, dont au moins un a été arrêté.
Son avocat, Alexandre Molokhov a indiqué que son client avait l'intention de faire appel de son placement en détention, dénonçant un jugement «injustifié», rendu à la hâte et qui n'a pas permis à la défense de s'exprimer.
Selon Molokhov, la justice reproche à Guirkine deux publications sur les réseaux sociaux en mai:
Un message publié vendredi après-midi sur son compte Telegram officiel précise qu'il a été interpellé à son domicile à Moscou.
Depuis la rébellion avortée d'un autre critique virulent de l'état-major russe, le chef du groupe Wagner Evguéni Prigojine, les experts évoquent régulièrement de possibles purges au sein de l'armée et la répression des dernières voix critiques, notamment des blogueurs militaires ou nationalistes devenus les rares en Russie à pouvoir s'en prendre aux autorités.
Sur Telegram, la politologue Tatiana Stanovaïa a estimé que Guirkine avait «depuis longtemps» franchi «toutes les lignes rouges possibles» dans sa critique du Kremlin et de l'armée russe.
Igor Guirkine s'était fait connaître en devenant brièvement en 2014 un chef militaire des séparatistes prorusses de l'est de l'Ukraine.
Il avait gouverné d'une main de fer le bastion séparatiste de Sloviansk, mais avait annoncé sa démission dès le mois d'août 2014 dans des conditions mystérieuses, avant de revenir en Russie où il avait perdu toute influence.
Mi-novembre 2022, la justice néerlandaise l'a condamné, par contumace, à la perpétuité pour meurtre et pour avoir joué un rôle dans la destruction, au-dessus de l'est de l'Ukraine, du vol MH17 de la Malaysia Airlines en 2014 qui avait fait 298 morts.
Depuis l'offensive en Ukraine en février, revenu en grâce sur les réseaux sociaux, il critiquait les opérations des troupes russes et notamment leur retrait, et prédisait la nécessité d'une mobilisation, Moscou niant que cela soit nécessaire. (ats/afp/svp)